Crédit : Chris Lewis
Compte rendu de la qualification par Jean-Pierre Dick
10 jours d'entrainement avec Loick de Panama à Newport, c'est un beau privilège ! Nous avons pris la mer comme des chiens fous, tenus en laisse trop longtemps. Mardi 13 juillet à 18h, nous venons de passer la dernière écluse du canal de Panama, l'orage noir gronde sans discontinuer avec ces grains et rafales folles, les éclairs zèbrent le ciel, il nous faut prendre la décision de rester au port pour la nuit ou de partir tout de suite pour l'aventure ! Il n'a pas fallu longtemps pour décider : un regard échangé et nous avons largué les amarres. Nous avons envie tous les deux de nous retrouver, de se remémorer les sensations du duo qui a gagné la Transat Jacques Vabre 2005.
Au gré des milles, les blagues fusent et chacun trouve son rythme sans contrainte de quart. L'équilibre est là. Manouvrer devient un jeu et nous nous amusons à décortiquer chaque morceau pour mieux mémoriser l'enchainement idéal mais aussi pour optimiser les détails du plan de pont de la toute nouvelle monture ! Nous rigolons devant la poire de hors bord qui permet de pomper l'eau du bord pour se réhydrater. Elle oblige à pas mal d'imagination pour boire : aspirer avec la bouche pour amorcer la montée d'eau ou bien utiliser son doigt comme clapet d'aspiration comme le suggère Loick. C'est plus hygiénique ! La promiscuité est là. Le respect d'autrui est une des clés de la réussite de la Barcelona World Race.
Fin d'après-midi, Loick propose un thé au miel. Je retrouve là un cérémonial bien sympathique où l'on discute à bâtons rompus. Je me sens bien dans ce duo reformé qui va affronter un Tour du Monde de Barcelone à Barcelone avec un plateau relevé. Nous sommes prêts à livrer une bagarre intense car la course sera rude et longue.
Loick a animé beaucoup de mes rêves de jeune homme. Je regardais passionnément le duel acharné qu'il livrait avec Laurent Bourgnon dans les années 90 lors des différentes Routes du Rhum ou Transat Anglaise. J'avais envie de vivre au rythme de ces courses sans l'exprimer clairement car ma vie n'était pas là à cette époque. Et maintenant, j'y suis, avec celui qui m'a fait rêver. Parfait, non ?
Source : JP Dick
