Tour d'Espagne à la voile / Safran premier à Gibraltar (ITW)

Comme prévu, la flotte a subi un très sérieux ralentissement à son entrée en Méditerranée. Et comme l'espéraient leurs poursuivants, les leaders ont vu leur avance fondre au fur et à mesure qu'ils s'engageaient dans les calmes qui baignaient le détroit de Gibraltar. Le passage d'Atlantique en Méditerranée, s'est donc déroulé sous haute tension entre les quelques rares risées à négocier et le trafic incessant d'ouest en est comme de continent à continent. Si Safran a réussi à repartir le premier et creuser un léger écart, la flotte s'est dispersée à l'arrière empêchant tout contrôle.

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Comment faire quand les adversaires que l'on est censé contrôler choisissent de se disperser... A bord de Safran, seules deux stratégies étaient possibles : adapter sa route à celle de PRB, le bateau le plus menaçant au classement général au risque de voir une autre partie de la flotte s'échapper ou faire sa route en décidant de surveiller l'ensemble de la flotte pour être éventuellement capable de réagir. C'est visiblement la solution choisie actuellement par Marc Guillemot et Charles Caudrelier et la méthode semble porter ses fruits. Actuellement Safran possède près de 15 milles d'avance sur le reste du peloton. En son sein, les écarts restent infimes, mais les divergences de route importantes entre les bateaux autorisent tous les scénarios.

La tension monte
Il reste encore plus de 300 milles à parcourir jusqu'à Calpe et visiblement, ce ne seront pas les plus simples. La mer d'Alboran est connue pour réserver des surprises par petit temps et aucun schéma météo ne semble en mesure de trancher clairement pour savoir à quelle sauce les navigateurs vont être mangés. Ce qui veut dire faire une grande part à l'intuition et provoquer un peu la chance. D'où une tension perceptible dans les conversations qu'ont pu avoir les navigateurs avec le catamaran "Royale" qui les accompagne sur cette étape. D'un Vincent Riou (PRB) un peu dépité de voir que son adversaire direct avait réussi à s'échapper à un Charles Caudrelier (Safran) satisfait de sa position de leader mais inquiet de voir la flotte se disperser dans son tableau arrière, on sent bien que la gamberge est un des accompagnateurs obligés de la navigation dans les petits airs. Variations aléatoires des vents, en force comme en direction, moindres sollicitations physiques, chaleur : toutes les conditions sont réunies pour faire monter la pression sous les crânes. Les équipages espagnols, habitués de la Méditerranée, sauront-ils se montreront plus patients que leurs homologues français ? Une chose est d'ores et déjà certaine, c'est que l'entrée en mer d'Alboran marque leur retour, Estrella Damm et Movistar en tête, aux avant-postes. Pour l'heure, c'est une situation qui profite à Safran, mais Marc Guillemot et son équipage savent trop bien les caprices de la Grande Bleue pour ne pas se méfier d'un retour de bâton. Vigilance et opportunisme, telles sont les consignes pour les heures à venir...

© Maria Muiña / Vuelta a España a Vela

Ils ont dit :
Charles Caudrelier (Safran) : « La nuit a été pénible et très difficile. On a eu des soucis avec les filets de pêche du coin qui nous ont fait perdre du temps mais heureusement on a réussi à se faufiler entre les molles. On a récupéré du vent il y a une heure, mais on n’est pas sûr de ce que ça donnera, une fois sortis de Gibraltar. Pour le moment on en profite. On a pointé la flotte avec l’AIS, ils ont du mal à sortir du passage de la bouée. On ne leur souhaite pas d’y rester la journée, mais une demi-journée, pourquoi pas ? Ce qui nous attend est très aléatoire. Il nous reste 300 milles à faire au près et dans ces conditions, c’est énorme. Le vent va certainement beaucoup bouger, la mer d’Alboran est large et il y a moyen d’aller dans tous les coins. Il faudra être opportuniste et avoir un peu de réussite… »

Vincent Riou (PRB) : « On est un peu soulagé quand ça a molli. Durant toute la nuit, le bateau était submergé sous des tonnes d’eau. On est content de pouvoir sécher. On est bord à bord avec Movistar et Estrella Damm, quand à Safran on ne sait pas où il est, mystère. On espère pouvoir passer Gibraltar avant la nuit. Il va falloir être attentif jusqu’à Calpe, parce que la route est longue dans ces petits airs. Il va sûrement y avoir des trucs à faire jusqu’à la fin. »

Alex Pella (Estrella Damm) : « On est vraiment content d’avoir pu passer la bouée de classement intermédiaire en seconde position. On était juste derrière Movistar et petit à petit, on les a rattrapés, puis dépassés. On a sûrement eu un petit peu de chance dans notre choix de route. Safran semble s’être échappé un peu, mais il n’y a rien de définitif. On est à fond, et le bateau glisse bien. Au près dans de la mer, on est moins à l’aise, mais par mer plate, tout va bien. Impossible de dire quand nous allons arriver à Calpe, mais il va y avoir encore de la bagarre jusqu’au bout. »

Ordre de passage de la porte du détroit de Gibraltar (étape 4) :
1ère Safran, Marc Guillemot, FRA, 07:35:15h (0,5 point)
2ème Estrella Damm, P.Ribes / A.Pella, ESP, 08:06:10h (1 point)
3ème PRB, Vincent Riou, FRA, 08:26:40h (1,5 point)
4ème GAES Centros Auditivos, D.Caffari / A.Corbella, 08:50:12h (2 points)
5ème Movistar, I.Martínez/ X.Fernández, ESP, 08:56:20h (2,5 points)
6ème W Hotels-Nova Bocana, P.Rivero/ A.Piris, ESP, 09:51:14h (3 points)
7ème Central Lechera Asturiana, J.Merediz / F.Palacio, ESP, 12:45:45h (3,5 points)
8ème Pakea Bizkaia, J.Mumbrú / C.Sanmarti, ESP, N'a pas passé la porte

Source : Tour d'Espagne à la Voile