Tour d'Espagne à la voile / Direction Majorque sous les orages

Il y avait de l'orage dans l'air sur la ligne de départ devant Calpe. Vent tourbillonnant, alternance de zones de pétole et de risées improbables, le cocktail idéal pour faire péter les plombs du navigateur le plus placide était en place pour le départ de cette cinquième étape.

© Vuelta a España a Vela

Bien partis, PRB et Movistar faisaient le trou sur leurs adversaires en cherchant à contourner une bulle sans vent. L'équipage de Iker Martinez et Xabi Fernandez, toujours assisté de Michel Desjoyeaux, choisissait d'empanner le premier et de débouler sous spi vers la première marque de parcours. PRB, quant à lui, allongeait son bord et choisissait de revenir sous génois sur la même marque.

A la bouée qui marquait la fin de parcours, si les deux leaders du parcours côtier conservaient les mêmes positions, ils se trouvaient brutalement arrêtés et voyaient en l'espace de quelques minutes toute la flotte revenir sur leurs talons. Après trente minutes de course, tout le monde se retrouvait à égalité: un nouveau départ attendait la flotte en sortie de baie. Reste que les milles pour Palma de Majorque vont être longs à avaler. Et pendant ce temps, l'orage continuait de gronder...

Ils ont dit :
Simon Fisher, navigateur sur Estrella Damm :
"Ça va être compliqué. Tu peux analyser la situation à venir de cinq ou six manières différentes. Il faut déjà composer avec les effets locaux, les phénomènes de brise pour s'éloigner de Calpe. Ensuite, le vent devrait tourner vers le nord entre ici et Ibiza, avant qu'un front pluvio-orageux n'arrive. Suivant les modèles, son arrivée est plus ou moins tardive. On peut donc avoir à gérer un temps à grains avec des rafales ; il faudra être du bon côté des nuages. Passé Ibiza, la situation devrait être intéressante. Il faudra aller dans l'est et choisir le bon moment pour virer de bord. En approchant de Palma, il faudra veiller aux brises thermiques. Les régimes de nord-est favorisent normalement l'établissement de ces brises. Je pense que vous devriez nous voir tous arriver par la droite de la baie de Palma, où normalement la pression est toujours plus forte."

Vincent Riou, skipper de PRB :
"Visiblement, nous n'avons pas les mêmes fichiers de vent avec Marco (Guillemot). Je pense que ça peut être assez rapide, avec quelques risques d'orage pour ce soir. La fin de parcours risque d'être un peu plus compliquée, notamment l'arrivée sur Palma. Pour cette étape, on embarque Maxime Paul qui est un excellent barreur : la vitesse, c'est important dans ce type d'étape....
Notre stratégie ? On ne se pose pas de question. On y va pour gagner l'étape. On ne va pas commencer à surveiller ceux qui sont derrière nous au classement général. Donc on va attaquer dès qu'on le pourra. Attention tout de même à rester vigilant, à ne pas s'isoler. Ici, tu peux rapidement te retrouver dernier parce que tu as voulu aller jouer tout seul dans ton coin."

Source :  Vuelta a España a Vela