AG2R La Mondiale / Le groupe des quatre au complet à Saint-Barth ! (ITW et Vidéo)

Si hier soir à 00 heures 59 minutes (heure locale), Armel Le Cléac'h et Fabien Delahaye (Brit Air) ont décroché les honneurs de la victoire sur la dixième Transat AG2R LA MONDIALE, à Saint-Barth les arrivées se sont succédées dans la nuit. Complétant le podium au terme d'une régate au contact entre Concarneau et le port de Gustavia, Jeanne Grégoire et Gérald Veniard (Banque Populaire) et Gildas Morvan et Bertrand de Broc (Cercle Vert) ont goûté quelques heures plus tard à l'ambiance incomparable de l'accueil sur place. Suivis de près par le Savéol de Romain Attanasio et Samantha Davies, le groupe des quatre est au complet à quai et n'en a pas terminé avec l'évocation de la grande aventure humaine et sportive que ces huit marins viennent de vivre.



Longtemps les quatre premiers duos de la dixième Transat AG2R LA MONDIALE garderont en tête l'incroyable chevauchée Atlantique menée 22 jours durant entre Concarneau et Saint-Barth. Au contact dès l'entame et la descente le long des côtes portugaises, Brit Air, Banque Populaire, Cercle Vert et Savéol ont très vite formé le fameux groupe des quatre, un temps baptisé le club des cinq, avant la rencontre fatale de Groupe Bel avec une baleine. Optant pour une descente sur une voie plus ou moins centrale afin d'échapper aux affres du minimum dépressionnaire, cette équipée du large aura très vite joué les premiers rôles, entamant la valse des leaderships en tête de la flotte. Emmenés par Romain Attanasio et Samantha Davies, ces quatre duos passaient en rangs serrés la porte de La Palma, laissant augurer d'une traversée très disputée et menée tambour battant. Un tiers du parcours dans leur sillage, les compagnons de route plongeaient au Sud de l'orthodromie pour entamer une progression conjointe vers Saint-Barth, quand les nordistes prenaient un temps les commandes du jeu. Engageant plus que jamais un mano à mano passionnant et passionné, laissant libre court aux talents de chacun, à une guerre de l'intox et surtout écrivant ligne après ligne un chapitre capital de l'histoire de la course et de ces huit hommes et femmes. Difficiles à départager pendant la plus grande partie du parcours et de ses 3 890 milles, les quatre bateaux de tête dessinaient une hiérarchie quelques jours avant l'arrivée, ménageant toutefois un suspens haletant pour les places d'honneur. Au final, Armel Le Cléac'h et Fabien Delahaye inscrivent leur nom au palmarès de la course, suivis par Jeanne Grégoire et Gildas Mais ce qu'il faudra avant tout retenir, c'est le bonheur que les uns et les autres auront eu non seulement à partager ces débats enflammés, mais aussi à voir la victoire du duo de Brit Air. Ces huit marins viennent d'entrer dans l'histoire de la course au large et de rappeler combien ses valeurs humaines et sportives sont vivaces.

Ils ont dit...
Gérald Veniard (Banque Populaire) - Deuxième à Saint-Barth
« Parfois, on a douté. Le mode furtif, ça nous a quand même bien mis la pagaille le dernier jour mais finalement on a mieux navigué sans savoir où étaient les autres. On est ravi d'être là, à 8 milles derrière Armel (Le Cleac'h) et Fabien (Delahaye) qui ont été de solides vainqueurs ; très rapides. Indétrônables ! Mais bon, ils ont fait une bêtise qui a failli leur coûter très cher mais au jeu des bêtises, ils ont dû en faire moins que nous. Le résultat est tout à fait satisfaisant pour nous et pour toute l'équipe de Banque Populaire. Cette performance après celle d'il y a quatre ans est la preuve que c'est dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes ! (rires). En tous les cas, Jeanne m'a impressionné. Plus qu'en 2006 je crois. Au début, elle se la jouait un peu « non, mais je ne suis pas prête… » donc elle m'a laissé bosser un peu plus au début puis, petit à petit, elle a pris de l'assurance et à la fin, je ne mouftais plus ! Je disais oui patronne ! On allait où elle voulait aller, je n'avais qu'à m'exécuter et c'était très bien comme ça !»

Gildas Morvan (Cercle Vert) - troisième à Saint-Barth
« Ce qui a été sympa, c'est que de Concarneau jusqu'à Saint-Barthélemy, ça a été une bagarre assez intense. Au départ, on était 5, avec Groupe Bel qu'il ne faut pas oublier. Chacun a fait ses petits coups à droite et ses petits coups à gauche. C'était toujours serré et quasiment à vue tout le temps. Les gars de Brit Air ont bien navigué. On pourrait dire que nous, on était une bonne équipe de Ligue 2 et qu'eux, étaient une bonne équipe de Ligue 1 (rires) ! Ils avaient toujours un coup d'avance. Ils jouaient bien toutes les bascules, les systèmes… Et nous, on était souvent en retard. En retard sur tout. Chaque petit décalage, ça faisait un mille, puis un autre mille et ainsi de suite jusqu'à 15 au final. Sur la fin, on a essayé de protéger la 3e place plutôt que de jouer la gagne. On s'est donc focalisé sur Savéol. Le tout, c'était d'arriver à monter sur le podium. Avec Bertrand, ça avait un côté pratique puisqu'on se connaissait déjà et on avait pas mal d'automatismes à bord. Ca s'est bien passé. C'est une belle histoire. »

Bertrand de Broc (Cercle Vert) - troisième à Saint-Barth
« La Transat AG2R LA MONDIALE est une course que j'apprécie. C'est une épreuve intéressante et on l'a encore vu cette année. A tous les niveaux, que ce soit tactique, météo… on s'est régalé. J'ai eu l'opportunité de partir avec Gildas, un mec qui sait faire marcher un Figaro. C'était que du bonheur… Enfin, c'est vrai, il y a eu des moments rudes pendant la traversée parce qu'on n'était pas d'accord sur certains trucs. Gildas sait mettre la pression quand il faut. Il y a donc eu des moments de tension, mais de bonne tension. C'est pour ça que c'était intéressant. La course a été superbe jusqu'aux Canaries parce qu'il y a eu des conditions idéales. Après, on a pas mal souffert du soleil. On a navigué au contact et on avait vraiment du mal à se séparer des autres. C'est d'ailleurs à ce niveau-là qu'on n'était pas d'accord. Moi je voulais m'en aller et Gildas voulait rester. Au final, on fait une troisième place qui n'est pas volée. On a vraiment donné pendant 20 jours. On a donné, on s'est bien marré et en plus, j'ai appris quelques petits trucs en Figaro qui vont me servir pour la suite. »

Romain Attanasio (Savéol), quatrième à Saint-Barth
« C'est bien quand ça s'arrête ! La dernière semaine à été longue et l'alizé n'était quand même pas super établit. L'après-midi, il y avait 12, 13, parfois 14 nœuds… Le bateau ne glissait donc pas tout seul. Il fallait être à la barre, l'écoute à la main… C'était un peu usant. Et surtout, on a navigué vue tout le temps. Je crois qu'on n'a jamais été seuls. Ca change pas de chose. C'est plus tendu car la moindre faute, on la voit tout de suite. Ca nous force à être plus vigilant sur les réglages. De plus, on pense à la stratégie en général mais aussi au positionnement par rapport aux autres alors que normalement, sur une transat, on ne pense qu'à faire sa route. Ca, ça change un peu la donne. Sam et moi avons appris plein de choses. C'était une bonne expérience. Armel (Le Cleac'h), je le connais depuis 2000 et je sais qu'il est très très bon. Il l'a d'ailleurs prouvé mainte et mainte fois. Fabien (Delahaye), c'et le petit jeune qui monte et il va falloir lui expliquer qu'il ne faudrait pas qu'il se brûle les ailes, qu'il monte trop vite (rires) ! Va falloir le calmer un peu ! C'est sûr, ce sera un grand marin. Hier, on se disait que c'était la catastrophe, qu'on n'accrocherait pas le podium. Mais on s'est rappelé se qu'on se disait avant le départ, à Concarneau, en voyant tous ces bateaux qui pouvaient gagner. On s'était dit que si on faisait dans les cinq, on serait content. On a fait des petites erreurs, évidement, mais on n'a jamais lâché. On a tout donné. On n'a aucun regret. »

Samantha Davies (Savéol), quatrième à Saint-Barth
« On était super fier de passer la marque des Canaries en tête parce que c'est quasiment là où la transat s'est jouée. On pensait que notre stratégie était pas mal et on a été content de voir qu'on avait raison. Par contre, être en tête, ça met de la pression. On s'est retrouvé avec les supers bons derrière nous et c'était mieux quand ils nous ont rattrapés car on avait un repère en termes de vitesse. C'est super de naviguer au contact. On n'est pas trop fatigué non plus, on n'a pas fait de bêtise. On a tout essayer pour passer Cercle Vert aujourd'hui, mais ça n'a pas marché. Je suis contente d'arriver, surtout ici à Saint Barth, c'est vraiment sympa. »

Classement des arrivées à Saint Barth :
1 BRIT AIR Armel Le Cleac'h  Fabien Delahaye
2 BANQUE POPULAIRE Jeanne Grégoire Gérald Véniard Arrivé
3 CERCLE VERT Bertrand de Broc Gildas Morvan
4 SAVEOLRomain Attanasio Samantha Davies
5 CREDIT MUTUEL DE BRETAGNE Nicolas Troussel Thomas Rouxel
6 GENERALI Nicolas Lunven Jean Le Cam
7 SKIPPER MACIF Eric Peron Gwen Riou
8 LUISINA Eric Drouglazet Laurent Pellecuer
9 LUFTHANSA Ronan Treussart Yannick Le Clech
10 CHEMINEES POUJOULAT Bernard Stamm Gildas Mahé
11 SAVE THE RICH Christophe Bouvet Yannick Bestaven
12 GEDIMAT Armel Tripon Franck Le Gal
13 KICKERS Sébastien Picault Laurent Bourgues
14 TRIER C'EST PRESERVER Laurent Gouezigoux Bertrand Delesne
15 GASPE 7 Joseph Brault Antoine koch
16 AGIR Recouvrement Adrien Hardy Stanislas
17 GROUPE SNEF Jean Paul Mouren Paul Meilhat

Source : AG2R La Mondiale