Crédit : Adrien Hardy
« Pour ne pas s'arrêter dans la bulle sans vent, il faudra descendre au moins jusqu'au 20e parallèle » annonçait Bertrand de Broc (Cercle Vert) il y a quelques jours. Aujourd'hui, si l'on en croit les routages, les partisans du Sud devront carrément plonger jusqu'au 12e parallèle – soit la latitude de la Grenade, ce pays situé au nord de Trinité-et-Tobago, à 200 kilomètres au nord du Venezuela !- pour garder un vent d'Est Nord-est constant aux alentours de 10 nœuds, généré par la présence d'un gradient de pression plus resserré. « Les duos qui ont misés sur le Sud vont devoir continuer d'investir encore et progresser à 40° de la route. Leurs vitesses de rapprochement au but (VMG) seront vraiment très faibles. Ce sera sans doute dur pour eux, nerveusement, de rallonger leur route de près de 200 milles par rapport à leurs adversaires au Nord sans savoir s'ils vont récupérer ou non, les bénéfices de leur choix » explique Jean Maurel, Directeur de la course. Pour l'heure, en tous les cas, la météo à venir leur semble plus favorable. Et la tendance s'est en effet inversée par rapport à hier : ce dimanche, les Sudistes sont plus rapides que leurs camarades de jeu au Nord qui progressent dans des vents faibles – voire inexistants pour les retardataires - et instables.
Croire en sa bonne étoile
« C'est la kermesse ! Tout est très hypothétique. A chaque fichier, les choses changent mais maintenant, c'est cartes sur table, il va falloir essayer de composer. De toutes façons, c'est à la fin de la foire que l'on aura les résultats » rappelait Stanislas Maslard (Agir Recouvrement), ce midi, lors de la vacation. De fait, la situation actuelle sur l'Atlantique est particulièrement instable. Instable et fluctuante. Les fichiers météo se contredisent et d'un jour à l'autre, l'avantage n'est plus donné au même groupe. « Rien n'est fiable. Tout est à prendre avec précaution, y compris les classements », souligne d'ailleurs Jean Maurel. Les marins doivent donc faire preuve de patience. Rester lucide et cela, malgré la chaleur étouffante à bord des bateaux - notamment entre 10 heures et 16 heures - qui pèse fatalement sur les organismes. « Pour garder les idées claires, nous avons un peu modifié les durées des quarts dans ce laps de temps. Au lieu de faire 2 heures/2 heures, nous faisons 1 heure/1 heure afin d'être les plus efficaces possibles » a détaillé Laurent Gouezigoux (Trier c'est préserver). « On se bat pour faire avancer le bateau. De toutes les façons, nous n'avons que cela à faire : nous sommes embarqués dans une option, il ne faut plus tergiverser » ajoutait le Costarmoricain à la mi-journée. Pour lui comme pour l'ensemble des Sudistes, tout l'enjeu des prochaines 48-72 heures sera de mettre le clignotant à droite au bon moment : pas trop tard pour ne pas rallonger inutilement la route, et pas trop tôt pour ne pas retomber dans la bulle ce qui laisserait alors le champ libre aux Nordistes qui « coupent le fromage ».
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Stanislas Maslard, co-skipper de Agir Recouvrement : « Depuis ce matin, on a gardé une petite veine de vent constante qui nous tire gentiment vers l'Ouest. On avance mais c'est la kermesse ! La rupture d'alizé est clairement franche. Il y a deux zones. Cela fait plusieurs jours que l'on voit un petit couloir de vent qui devrait nous permettre d'essayer d'avancer. Si on arrive à bien fonctionner, on a cette petite zone qu'on devrait toucher. Mais, c'est très hypothétique et à chaque fichier, les choses changent. Pas de stress car on est super heureux d'être revenu dans le match, donc on se met pas la pression. On a fait une belle course depuis les Canaries. Maintenant c'est cartes sur table, il va falloir essayer de composer. De toutes façons, c'est à la fin de la foire que l'on aura les résultats mais on ne va pas se prendre la tête sur un potentiel classement même si ca fait plaisir d'être en tête aujourd'hui sur le papier. Concernant Generali, c'est notre « témoin pétole » dans le Nord. Quand on l'a vu partir ça nous a un peu inquiété mais au moins on aura un mouchard dans le Nord, pour savoir s'il y a du vent ! »
Jérémie Beyou, co-skipper de Generali – Europ Assistance : « La situation générale ? On arrive au bout de l'anticyclone. A chaque modèle météo, ça change de place et il n'y a pas beaucoup de vent. Il y a un trou de souris, mais les conditions sont très variables. Alors, on prend un peu ce que l'on a. C'est assez compliqué nerveusement, la seule chose claire c'est que très au Sud y a du vent. Ils ont accentué leur plongée depuis hier, ils contournent franchement. Du coup, notre idée c'est de profiter de cela pour couper un peu le fromage. Pour être honnête, l'idée de départ, c'était de passer beaucoup plus au Nord et contourner ce phénomène - ce que tente Groupe Bel - mais là, la porte s'est refermée. Ca change tout le temps. On va voir. On aura peut-être un peu de chance. »
Le Trophée de la performance du jour AG2R LA MONDIALE est attribué à Gaspé 7. Antoine Koch et Joseph Brault ont parcouru 159,5 milles en 24 heures.
Classement du jour à 19h :
1 AGIR Recouvrement Adrien Hardy Stanislas Maslard
2 GENERALI - EUROP ASSISTANCE Yann Elies Jérémie Beyou à 6.7 milles du premier
3 GASPE 7 Joseph Brault Antoine koch à 16.7 du premier
4 CONCARNEAU - SAINT BARTHELEMY Miguel Danet Damien Cloarec à 20.8 du premier
5 BRIT AIR Armel Le Cleac'h Fabien Delahaye à 41.2 du premier
6 SAVE THE RICH Christophe Bouvet Yannick Bestaven à 41.8 du premier
Source : AG2R La Mondiale