AG2R La Mondiale / "Une véritable partie d'échec" pour Bertrand de Broc

Les 25 duos de la Transat AG2R LA MONDIALE ont légèrement ralenti le rythme depuis ce matin. Les vitesses se stabilisent entre 8 et 10 noeuds, que ce soit pour les Sudistes, qui naviguent sous l'influence des dépressions Ouest Africaines ou pour les Nordistes qui, eux, progressent en marge de l'anticyclone des Açores.

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« La mer est horrible. On ne peut pas tenir debout dans le bateau. On attend avec impatience qu'elle se calme un peu » lâchait Romain Attanasio (Savéol), ce matin.

C'est maintenant chose faite. La houle s'est maintenant orientée au Nord-est, comme le vent qui, lui, s'est légèrement affaibli depuis le début de la matinée. Ce dernier devrait se stabiliser, en moyenne, autour de 8 à 15 nœuds en fin de journée, mais présentera de fortes oscillations pouvant atteindre parfois jusqu'à 45 degrés. Ainsi, le jeu des empannages va donc se poursuivre et même s'intensifier dans les prochaines heures. « On est dans le détail, ce sont les petits coups météo qui font la différence. C'est une véritable partie d'échec », a indiqué Bertrand de Broc (Cercle Vert), ce midi lors de la vacation. « Il faut être à l'affût, car le vent tourne dans tous les sens » confirmait peu après Sam Davies. La Britannique, qui, comme ses adversaires, s'attend à une grande zone de vents faibles et instables dès ce week-end, continue de descendre, comme la plupart, au Sud pour en éviter les conséquences. Chacun choisit un angle de descente et ainsi de rallonger plus ou moins sa route. « Pour espérer passer un bon week-end, il faut que nous descendions au moins jusqu'au 20e parallèle Nord, ce qui rallonge la route de 200 à 300 milles » a analysé de Broc. Le co-skipper de Gildas Morvan rejoindrait ainsi ses camarades de Gedimat, Armel Tripon et Franck Le Gal, mais aussi ceux de Crédit Mutuel de Bretagne, Nicolas Troussel et Thomas Rouxel, qui ont plongé plus radicalement après la marque de la Palma et sur lesquels de nombreux regards sont tournés. Nicolas comme Thomas ont déjà connu des succès en descendant dans le bas des cartes. Pas étonnant que certains s'inquiètent de les voir faire un retour aux avant-postes prochainement.



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Et les Nordistes dans tout ça ?

Si le choix d'Adrien Hardy et Stanislas Maslard de « couper le fromage » peut sembler particulièrement risqué, force est de constater que, pour l'heure, elle leur réussit plutôt bien. Toujours pointé en 4e position, le duo d'Agir Recouvrement parvient à conserver une bonne vitesse, alors que les fichiers météo leur prédisaient, aujourd'hui, des vents plus faibles et plus instables que les Sudistes. Derrière, sur une trajectoire identique, Christophe Lebas (MemoireStBarth.com), semblait d'ailleurs particulièrement optimiste : « On est parti chercher l'intérieur de la courbure en espérant empanner le plus tard possible, sans se faire engluer… pour le moment ça se présente bien. Ca bouge moins que ce n'était prévu ». Chacun compte donc son sur feeling ou sur son expérience pour prendre l'avantage. « Au Nord, au Sud, au milieu… chacun a sa stratégie pour négocier cette rupture d'alizé. Les 48 prochaines heures ne seront sans doute pas déterminantes mais, c'est sûr, elles seront importantes » a commenté Armel Le Cleac'h (Brit Air), l'actuel leader de la flotte. C'est clair, les classements ne devraient pas rester figés très longtemps. Mais bien malin serait celui qui se lancerait à faire des pronostiques…
 


Le Trophée de la performance du jour AG2R LA MONDIALE est attribué à Groupe Bel. Kito de Pavant et Sébastien Audigane ont parcouru 238,1 milles en 24 heures.


Ils ont dit :
Samantha Davies, skipper de Savéol : « On n'est pas étonné que Brit Air soit un peu devant car nous aussi on voulait faire du Sud. Ce n'est d'ailleurs pas une surprise qu'il y en a d'autres qui fassent la même chose. Maintenant c'est le jeu des empannages, il faut être vraiment éveillé, car le vent tourne dans tous les sens. Les 48 prochaines heures vont être importantes. Nous, on fait tourner les routages, mais les fichiers ne sont pas exactement bons. »

Jérémie Beyou, co-skipper de Generali – Europ Assistance : « C'est un peu reparti ce matin. Cette nuit, on a eu une grosse masse nuageuse et on est resté bloqué dessous en étant obligé de lofer pour se dégager. Avant c'était sport et on a bien géré. Quand c'est tonique comme, on connait bien le bateau et on avait ainsi un bon rythme. C'est pénible quand il y a des grains et qu'il faut s'en extirper. Pour ne rien cacher, au vu des fichiers, ça ne va pas être reposant. Devant c'est le bazar et on a toujours le même retard. On essaye de faire des routages avec une situation qui n'est pas stable. Il va y avoir de l'aléatoire quand même ».


Joseph Brault, co-skipper de Gaspé 7 : « Ca va super bien. On a un peu moins d'air, mais c'est agréable. On se repose un peu à l'intérieur et on tourne, comme ça on se fait une bonne nuit. La mer commence à se calmer, du coup on utilise le pilote même si il faut être vigilant et le surveiller, car le vent bouge pas mal. En revanche quand on est au contact, on a moins envie de laisser la barre ! On regarde ce que font les autres mais on veut une stratégie à nous ! Certaines sont bizarres. Nous on reste assez médians. D'ici, on peut décider pour plus tard…. »

Laurent Bourgues, co-skipper de Kickers : « Ca va bien, c'est plutôt la forme ! On essaie de se placer différemment du gros paquet pour récupérer des milles. On est impatient de savoir si ça marche ou pas ! La navigation à bord est bien organisée. On a eu des nuits d'anthologie avec des surfs magiques ! Dans ces moments, on s'organise des quarts pour bien se relayer et faire marcher le bateau, car il faut être à fond. On ne pensait pas arriver à faire de tels surfs avec un Figaro, car on a l'impression de conduire une semi-remorque ! On est très partagé, car les fichiers météos divergent : Américains et Européens ne sont pas forcement d'accord ! Au niveau de la flotte comme on s'est dit à La Palma, vu notre expérience, on n'a aucune chance de les rattraper, mais on peut maintenir l'écart au max ... On va essayer de se positionner au mieux pour recoller au paquet et jouer avec eux jusqu'à la fin ! »

Classement du jour à 19h :
1 BRIT AIR Armel Le Cleac'h Fabien Delahaye
2 SAVEOL Romain Attanasio Samantha Davies à 27.2 milles du premier
3 CERCLE VERT Bertrand de Broc Gildas Morvan à 30.2 milles du premier
4 AGIR Recouvrement Adrien Hardy Stanislas Maslard à 32.9 milles du premier
5 BANQUE POPULAIRE Jeanne Grégoire Gérald Véniard à 40.6 milles du premier
6 GENERALI - EUROP ASSISTANCE Yann Elies Jérémie Beyou à 59.7 milles du premier


Source : AG2R La Mondiale