Crédit : Adrien Hardy.com
Cela s’appelle prendre la tangente, la poudre d’escampette, le large sur la Transat AG2R La Mondiale... Après 10 jours de mer, et une position plutôt décevante aux Canaries (16ème), Adrien Hardy et Stan Maslard ont choisi de se démarquer de la flotte en optant pour une route plus nord. Joint par téléphone, le skipper d’AGIR Recouvrement s’explique : « Hier soir on a choisi de ne pas faire comme les autres. Déjà, parce tout le monde prenait la même route, c’est à dire la route du sud et puis parce que, vu notre position aux Canaries, cela signifiait suivre les autres en étant derrière et regarder la course se passer et se dire on est 16ème, on va rester 16ème… Ça ne me convenait pas du tout, je vois la régate comme un jeu et on joue en prenant une route différente, c’était intéressant. Au niveau météo, l’option qu’on prend est risquée c’est sûr, la probabilité de réussir est d’environ 30 % »
Pendant quelques heures, les deux marins s’interrogent, discutent et se concertent pour finalement préférer l’audace et le pari à l’autoroute du sud : « Nous avons choisi de couper le fromage au plus court sans faire le grand tour comme font les autres, on espère avoir autant de vent qu’eux… » Pour l’instant le pari est gagnant : en 48heures, AGIR Recouvrement est passé de la 16ème à la 6ème place et a rattrapé près de 50 miles de retard sur les bateaux de tête. Le duo a même remporté le trophée de la performance du jour en parcourant le plus de milles en 24h, soit 225,7.
Adrien poursuit son explication et confie : « C’est vrai que si on avait été placé devant, ce n’est pas une option qu’on aurait prise mais, encore une fois, entre tenter ça et terminer 16ème en prenant la route du sud, on a préféré jouer notre joker » Résumons : soit la route la plus courte, choisi par AGIR Recouvrement est la voie gagnante car le bateau ne s’arrête pas lorsque le vent faiblira, soit le figaro est stoppé car l’équipage aura été trop près du coeur de l’anticyclone des Açores. Le skipper nantais ajoute : « Le danger est à long terme, c'est-à-dire, trois/quatre jours avant l’arrivée à Saint Barth car on sera en position plus difficile pour retrouver les Alizés. Ces derniers se rétabliront mais plus au sud. »
Actuellement sous un grand soleil et un vent de force 4-5, le figaro AGIR Recouvrement file à 12-13 nœuds et est l’un des bateaux les plus rapides de la flotte. Avant de raccrocher, on demande à Adrien s’il croit en son étoile et le marin répond : « Aujourd’hui c’est encore trop tôt pour savoir, mais au fond, si nous avons choisi cette option, c’est aussi qu’on sait qu’elle peut marcher… »
Source : Adrien Hardy (Rédaction : Quentin Hardy)