Crédit : Team Groupama
Si la fenêtre météo du départ était étroite, les portes de l'arrivée sont désormais grandes ouvertes ! Mais à 1 500 milles de Ouessant, Franck Cammas et ses hommes n'en ont pas fini avec des conditions changeantes : en devant friser le centre des basses pressions qui poussent actuellement le trimaran géant, le vent va devenir plus instable et devrait basculer très brutalement du secteur Sud-Ouest au Nord-Ouest. La brise va aussi se renforcer jusqu'à plus de trente noeuds avec des rafales sous les grains et donc il faudra que l'équipage enchaîne les manoeuvres jusqu'à l'entrée du golfe de Gascogne.
« La mer est courte, le vent n'est pas très stable : ça ne glisse pas tant que cela. Mais le ciel est extrêmement clair contrairement à hier. Dans la nuit de mercredi, on a tout eu : le vent passait de six à trente noeuds ! Avec en plus, un déluge de pluie. Depuis que nous avons traversé le front, tout va beaucoup mieux, côté vent comme côté mer. Mais ça va s'agiter lorsque nous allons nous rapprocher du centre de la dépression. » indiquait Franck Cammas lors de la visioconférence de 12h30 avec le PC Course parisien de Groupama, en présence du présentateur culinaire Jean-Luc Petitrenaud.
Toile de front...
Après 46 jours de mer, l'équipage commence à s'impatienter et hors des consignes de sécurité et du rythme quotidien qui régit la vie à bord, et bien que la distance qui sépare les marins de la terre se réduise à grands coups de surfs, on sentait lors de la visioconférence avec Franck Cammas que l'équipage avait hâte de retrouver ses proches... Et une nourriture normale !
« On va se faire un bon steak parce que les plats lyophilisés, ça ressemble plus à du pâté pour chien ! Manger, ce n'est pas tous les jours un plaisir : heureusement que nous avions des plats de poisson et des sauces préparées par Philippe Rochat pour avoir un peu de saveur... On va toujours trop vite pour pêcher et nous n'avons récolté qu'un tout petit poisson volant sur ce tour du monde, si petit que nous l'avons renvoyé à la mer. »
Le repas d'arrivée devra tout de même attendre samedi car d'ici là, l'équipage va devoir être en forme pour ce final musclé, mais aussi irrégulier : le front va obliger les hommes à réduire la toile et par ces nuits presque sans lune, la navigation est toujours un peu stressante, surtout quand il faut manoeuvrer. Sans compter le trafic maritime qui va s'intensifier à l'approche du cap Finisterre et d'un état de la mer qui doit se dégrader en arrivant sur le plateau continental.
... et lames de front
« Nous allons avoir une prochaine nuit agitée parce que c'est toujours délicat de frôler un centre dépressionnaire : il y a du vent très irrégulier et la mer devient chaotique parce que les vagues se mélangent avec la grande houle d'Ouest ! Ce sont des phases désagréables et risquées pour le matériel. On a encore 24 heures un peu compliquées... Il va falloir naviguer en douceur, mais rapidement car il ne faut pas se faire doubler par la dépression au risque de subir des conditions encore plus délicates à négocier ! Nous n'hésitons plus à donner un coup de main aux quarts de pont pour assurer les manoeuvres et pour changer la voilure afin de ne pas se fatiguer et de s'adapter en permanence à ce vent changeant. »
Tableau de marche de Groupama 3 : départ le 31 janvier à 13h 55' 53'' TU
Jour 46 (18 mars 13h TU) : 579 milles (avance = 828 milles)
Source : Groupama