Record / Thomas Coville : "Ce bateau est absolument magique"

Au large ces côtes argentines, Groupama 3 poursuit sa remontée de l'Atlantique Sud dans des conditions météo qui ne lui permettent pas de lutter à armes égales face au détenteur du Trophée Jules Verne. Il en sera ainsi pendant quelques jours pour un équipage qui aime la bagarre...

Mer plate, soleil et températures en hausses : telles sont les conditions de navigation à bord de Groupama 3, autant dire le rêve pour tout navigateur. Mais pas suffisantes pour les dix marins qui attaquent leur 34ème jour de mer à la conquête du Trophée Jules Verne et qui rêvent aussi de sifflements, de vibrations carboniques, de gifles salées et de milles gagnés sur le concurrent virtuel.

Crédit : Team Groupama

« Vous tombez bien car, juste à l'instant, on a des conditions de navigation qui viennent de changer radicalement. C'est un phénomène connu vraiment intéressant et beau à voir : une transition océanographique de courant marin, un changement de température de 6° à 12° en une distance de 40 ou 50 milles. On a également eu une variation de la force du vent et de l'état de la mer très rapide ! La mer est assez plate, le vent s'est rétabli et on est à nouveau dans des vitesses connues par Groupama 3. Ce bateau est absolument magique, on a des lumières splendides de début de journée et un lever de soleil extraordinaire ! J'adore moments-là, c'est vraiment un plaisir ! » confiait Thomas Coville lors de la vacation quotidienne avec le PC Jules Verne Groupama.

Cap au nord-est, le maxi trimaran parvient cependant à limiter les effets d'une météo moins favorable grâce à des performances techniques et humaines remarquables. Techniques car Groupama 3 a justement été conçu pour être en mesure d'effectuer de belles navigations atlantiques en étant polyvalent, tant vent portant qu'au près et aussi dans des vents légers que par forte brise. Humainement car l'une des grandes forces de cette conquête tient à la qualité et à la complémentarité d'un équipage mature et passionné.

« Stève et moi sommes allés dans le flotteur bâbord hier pour inspecter le bateau et vérifier que sa structure était intègre. C'est le cas, il n'y a aucune avarie notoire ou visible sur le flotteur. On a été vigilants pendant toute la traversée du Pacifique. On n'a aucune avarie sur le bateau, les voiles sont comme au départ, juste un peu plus fatiguées, mais que ce soit sur les appendices, sur la coque, sur le mât ou en électronique on n'a rien à déplorer ! On est donc en permanence à 100% du bateau ! Ca doit satisfaire l'équipe à terre qui a passé des mois et des années à fiabiliser le bateau ! Ils peuvent être fiers ! La grosse qualité de Franck, c'est d'avoir réussi à s'entourer d'un sacré équipage et d'être allé chercher dans le monde anglo-saxon notre navigateur, Stan Honey. Je salue vraiment son ouverture parce qu'il a été très visionnaire !»

Franchissant le cap Horn pour la septième fois, tant en solitaire qu'en équipage, Thomas ne considère pourtant pas que le plus difficile soit dans le sillage de Groupama 3 :
« Le Cap Horn, même pour les plus blasés, c'est toujours un très bon et très grand moment. Avant tout une transition importante, c'est un point de mire d'autant que cette fois il s'est fait attendre longtemps ! Maintenant on rentre dans une autre logique du parcours qui devient un contre la montre pour aller jusqu'au bout du projet de battre le record. Je garde un très bon souvenir de celui du passage de l'année dernière, mais c'était très différent. Là notre joie et notre émotion sont restées à bord, alors que l'an dernier je les avais partagées avec mon équipe à terre. A partir de maintenant la course contre la montre a commencé et maintenant on a dans la tête de gagner le record ! On a l'humilité de se dire que la remontée d'Orange était assez bonne. Pour autant, Groupama est un bateau véloce dans toutes les conditions et on a encore les cartes pour remporter ce Jules Verne. Mais, le temps passant, le temps qui s'écoule, comme dans un sablier, va devenir obsessionnel. Et ce sera difficile .» concluait Thomas.

Source : Groupama