Crédit : Team Groupama
Vingt-deux jours en retard, vingt-deux jours en avance ! Ce parcours autour du monde, à moins de 2 500 milles de l'arrivée, marque une phase importante : l'inversion de tendance. Cumulant jusqu'à 620 milles d'avance (6ème jour) ou 492 de retard (40 ème jour) au large du Brésil, la progression de Groupama 3 a souvent été contrariée par une météo peu favorable. Ce mardi est donc un soulagement pour tous les équipiers de Groupama 3 qui peuvent voir la suite du programme avec un peu plus de décontraction et de visibilité, car les prévisions sont encourageantes pour ce rush atlantique.
« Nous avons de bonnes conditions, on va vite, il y a une bonne ambiance sur le pont, mais il va falloir se battre avec la dorsale qui est devant nous. Cela sent tout de même bon l'écurie ! On attendait ce moment-là : retrouver de l'avance... Il y avait parfois, ces derniers temps, un peu de doute sur les visages. Mais notre routage était le bon et on commence à mesurer le positif. Nous restons humbles parce qu'il y a encore de la route et il peut y avoir des obstacles sur le chemin, des containers ou autres... La stratégie qui se dessine donne tout de même de l'enthousiasme à l'équipage ! A priori, on ne devrait pas manquer de vent sur la fin : on pense toujours arriver ce week-end. » indiquait Jacques Caraës lors de la vacation radio de 12h30 avec le PC Course parisien de Groupama.
Le jour du printemps...
Le suspense reste de mise puisque la fin de parcours dépend du temps que va mettre Groupama 3 pour traverser la dorsale anticyclonique : si le vent est supérieur à dix noeuds, le trimaran géant pourrait attraper un front dès sa sortie des hautes pressions, mais si la bulle se déplace en même temps que le bateau, la période peut être sensiblement allongée et il faudra que Franck Cammas et ses hommes patientent pour accrocher une nouvelle perturbation... Les routages optimistes donnent une arrivée le jour du printemps, les moins favorables pour dimanche matin.
« Les derniers jours vont être assez costauds et il nous faut rester vigilant car l'air de rien, on a accumulé de la fatigue. Certains ont maigri et tous, nous avons les jambes un peu faibles à force de ne pas nous déplacer beaucoup à bord de Groupama 3. On a une alimentation équilibrée, même si ce n'est pas tous les jours excellent ! Et le bateau aussi a perdu du poids : on le sent plus léger... Il y a cinq ans sur Orange 2, nous n'avions pas été gâtés après l'équateur avec une route très à l'Ouest et deux dorsales à traverser. Nous n'avions vraiment redémarré qu'au niveau des Açores. C'est un avantage certain pour nous aujourd'hui, d'autant plus que Groupama 3 a des capacités de vitesse supérieures contre le vent et au près. Et on pousse un peu plus le bateau parce que Bruno Peyron avait plus de marge pour battre le Trophée Jules Verne en 2005 : il était resté toujours en deçà du potentiel du maxi-catamaran. »
Le dernier piège anticyclonique
« Une dorsale est une barrière de vents faibles. Mais ce n'est pas la seule difficulté jusqu'à l'arrivée puisqu'il faudra négocier des fronts. Groupama 3 s'est bien positionné depuis la sortie du Pot au Noir en se décalant sur le 40° Ouest : la trajectoire va pouvoir s'incurver vers le Nord et au fur et à mesure que le vent va mollir, le trimaran géant va accompagner la rotation vers le Sud-Est, puis le Sud en empannant quand la brise va s'orienter au Sud-Ouest. L'axe de la dorsale, où les vents sont les plus faibles, devrait être atteint en début de soirée ce mardi. La zone de vent inférieure à quinze noeuds s'étend sur environ 400 milles et la phase sensible atteint une cinquantaine de milles avec une petite dizaine de noeuds... » analysait Sylvain Mondon de Météo France.
À l'issue de ce franchissement, le vent devrait fraîchir nettement à partir de mercredi après-midi : une première dépression passe sur les Açores et rejoint l'Europe, puis une seconde la suit. Le vent sera donc établi sur cette dernière tranche de parcours jusqu'au milieu de la semaine prochaine, ce qui permet d'être optimiste sur l'arrivée à Ouessant. « Les probabilités sur un tour du monde en hiver indiquent que les vents les plus forts sont dans le golfe de Gascogne : il y aura jusqu'à quatre à cinq mètres de creux et jusqu'à quarante noeuds de brise voire plus... »
Tableau de bord :
Jour 44 (16 mars 14h TU) : 401 milles (avance = 72 milles)
Source : Groupama