Record / Thomas Coville : " Depuis deux jours, ça pédale pas mal ! "

Groupama 3 est en approche de l'océan Indien : le passage au large du cap de Bonne Espérance est toujours prévu pour cette nuit de dimanche. Le vent favorable qui propulse Franck Cammas et ses neuf équipiers depuis deux jours, commence à s'essouffler et le trimaran géant s'attend à un petit ralentissement lundi, avant un coup de vent de Nord...
Crédit : Team Groupama
La situation commençait à devenir de plus en plus maniable puisque Franck Cammas et ses hommes avaient envoyé sur le coup de midi (heure française), le gennaker lourd avec un ris dans la grand voile. En fait, le front froid que Groupama 3 a attrapé il y a 48 heures n'a pas réussi à les dépasser : comme il ralentit sa progression depuis 12h00 TU, la brise va progressivement mollir sans toutefois pénaliser le trimaran géant qui devrait poursuivre encore cette journée à des moyennes proches de trente noeuds. Le navigateur Stan Honey en collaboration avec Sylvain Mondon de Météo France, réfléchissent à la meilleure trajectoire pour entrer dans le système suivant : un flux musclé de secteur Nord venu du canal du Mozambique...

« Depuis deux jours, ça pédale pas mal ! Ce n'est pas très confortable, avec des mouvements très saccadés. Groupama 3 est en parfaite condition et nous aussi... Mais c'est gris, avec peu de visibilité et pas de lune la nuit. C'était assez difficile de bien barrer sans rien voir : il faut être très attentif, bien sentir le trimaran pour le placer au bon endroit afin qu'il ne tombe pas dans un trou à plus de trente-cinq, voire à quarante noeuds ! C'est un exercice subtil et passionnant : c'est un luxe d'être sur un bateau qui offre autant de sensations et de plaisir... » indiquait Thomas Coville à la vacation radio de 12h30 avec le PC Course parisien de Groupama.

Une phase musclée lundi soir...
Calé pendant deux jours sur le 41° Sud, Groupama 3 devrait incurver progressivement sa route vers l'Est-Sud Est lorsque la brise de Nord va souffler lundi soir : cette descente est positive pour deux raisons. D'abord l'angle d'attaque à 100° du vent va permettre au trimaran de maintenir une vitesse élevée bien que l'état de la mer risque de se dégrader sensiblement. Mais surtout, en plongeant plus au Sud, Franck Cammas et ses hommes raccourcissent leur parcours autour de l'Antarctique : la Terre étant ronde (ou presque), la distance est moindre plus le bateau navigue sur les hautes latitudes...

« Les Quarantièmes ne sont jamais les mêmes, mais l'océan Indien reste le plus mauvais des trois. La période devant nous est celle que je redoute le plus jusqu'au cap Leeuwin ! L'état de la mer est souvent très chaotique et cela sollicite la structure des bateaux : il faut bien s'y préparer, rester concentré, se préserver, manger et dormir dès que l'on peut. Nous n'avons pour l'instant pas entamé notre capital physique : nous faisons tous très attention aux autres. La navigation en équipage impose d'avoir le respect de soi et des autres : il faut que tout le monde se sente bien pour aller vite... Mais on est toujours émerveillé quand on navigue dans ces mers du Sud : c'est la septième fois que je viens par ici et c'est d'une pureté, d'une virginité qui fascinent. Pour l'instant, l'entrée n'a pas été brutale... »

Le retard s'amenuise...
Même si la trajectoire se révèle particulièrement pure depuis deux jours, les manoeuvres s'enchaînent à bord de Groupama 3 pour maintenir ce tempo élevé. Et il devrait y en avoir encore plus ces prochaines heures avec le changement météorologique annoncé pour le début de semaine. Heureusement, la température extérieure et celle de l'eau (13°C) restent assez douces, ce qui est toujours plus agréable grâce à ces vents de secteur Nord qui viennent d'Afrique...

« Nous n'avons que quelques heures de retard sur le temps de référence, mais nous n'y pensons pas trop : on fait marcher au maximum. Nous devrions descendre plus au Sud après un petit passage un peu plus mou, mais ensuite, il y aura près de 40 noeuds de Nord et ça va être plus dur ! Logiquement, ça devrait bien glisser jusqu'au cap Leeuwin... Si nous passons sans encombre ce passage musclé travers au vent demain lundi, nous aurons un bon avoir sur cette traversée de l'océan Indien. »

Source : Groupama