Record / Ronan Le Goff : "C'est vraiment un beau voyage"

Soixante milles de mieux en 24 heures : Groupama 3 continue son échappée virtuelle face à la trace de Orange 2 en 2005. Les conditions météorologiques restent excellentes pour progresser rapidement et sans effort vers le cap Horn, à 3 000 milles environ sur la même latitude...

Cela devient presque une habitude : cela fait maintenant une semaine que Groupama 3 accumule les journées entre 650 et 750 milles ! 5 650 milles en huit jours, soit quasiment deux fois la traversée de l'Atlantique... C'est dire si la situation est favorable pour avaler aussi le Pacifique puisque Franck Cammas et son équipage sont désormais devant un front qui les poursuit comme ce fut le cas dans l'océan Indien : si le phénomène perdure jusqu'à la pointe Sud de l'Amérique, cela va encore apporter du bonus à l'avance de plus de 430 milles que le trimaran géant a récolté depuis la Tasmanie !

Crédit : Team Groupama
Les jours se suivent...
« Il fait bien nuit, mais il y a une belle lune. Le ciel est clair et c'est sympa de regarder les étoiles...On espère voir la réverbération de l'Antarctique en fin de nuit, quand la lune va tomber à l'horizon. Peut-être une aurore australe ! On a entre 22 et 25 noeuds de secteur Nord-Ouest sous un ris dans la grand-voile et gennaker médium. Il ne fait pas trop froid, on n'est pas mouillé, l'eau est encore à 8°C : tout va bien ! Un temps de curé... Et on a toujours une mer plutôt agréable et facile à négocier. Nous ne faisons pas les fous ! » déclarait Ronan Le Goff à la vacation radio de 12h30 avec le PC Course parisien de Groupama.

Certes mais vu de terre, ce rythme paraît incroyablement rapide sur une route remarquablement rectiligne depuis huit jours ! En suivant le 55° Sud, Groupama 3 assure une route éloignée des glaces et peut par la même occasion, réduire sa distance à parcourir pour rallier le cap Horn. Après l'île d'Auckland, rasée de près jeudi, il n'y a plus aucune terre avant le détroit de Drake...

...Et se ressemblent
« On a revu une île hier mais on ne se sent pas vraiment seuls au monde. En plus, ça ne dure pas si longtemps que ça ! Dans cinq jours, on va revoir la terre... Côté icebergs, notre navigateur Stan Honey nous a dit que nous n'allions pas passer dans des zones mal famées. Certes, le ciel va se couvrir prochainement puisque le front nous rattrape, mais cela va nous faire rester dans une brise de Nord-Ouest stable un paquet de temps... Il y aura un à trois empannages, mais après c'est tout droit vers le cap Horn. »

La vie suit son cours et les dix hommes de Groupama 3 rythment leurs journées par les heures de quart, de sommeil, de veille, de repas, de discussion « au coin du gaz »... La cuisine est d'ailleurs le rendez-vous des communautés du bord pour échanger les impressions et discuter bien loin des préoccupations quotidiennes des terriens. Après 26 jours de mer, le décalage est perceptible et les interrogations du jour concernent plus la composition du repas du midi ou la reconnaissance des oiseaux du large que le règlement de la facture d'électricité...

« La vie à bord est différente sur Groupama 3 par rapport à Orange 2 : déjà, il y avait deux coques habitables et c'était plus spacieux, plus confortable. Mais si l'intimité est moindre sur le trimaran, ça se passe très bien. C'est vraiment un beau voyage, mais on observe moins d'oiseaux, de pétrels, d'albatros, de damiers du Cap depuis quelques jours... »

Source : Groupama