Record / Lionel Lemonchois : "On fonce enfin vers le Sud "

La position de l'anticyclone de Sainte-Hélène ne favorise pas la progression vers le cap de Bonne-Espérance : Groupama 3 a été obligé de piquer vers le Sud-Sud Ouest avant de redresser lentement sa trajectoire vers le Sud ce lundi après-midi... En conséquence, l'avance sur le temps de référence diminue.

Crédit : Groupama

Franck Cammas et ses neuf équipiers étaient un peu dans l'expectative au vu des fichiers météo qui ne rendent pas l'entrée dans l'Océan Indien très visible ! Les hautes pressions de l'Atlantique Sud forment une barrière au large de l'Argentine et obligent le trimaran géant à faire une route très à l'Ouest, le long des côtes du Brésil. À seulement 150 milles du rivage, Groupama 3 a tout de même bien progressé en cette fin du week-end avant que les alizés ne prennent une composante plus Nord dans la nuit de dimanche à lundi.

« Sur le pont, c'est super agréable avec un grand soleil et une petite brise sous grand gennaker... Mais à l'intérieur, c'est l'étuve ! Nous avons eu du mal à dormir cette nuit parce que c'était étouffant. On fonce enfin vers le Sud puisque le vent tourne doucement vers le Nord-Est. La brise fluctue mais cette nuit, nous avons tout de même été plus rapides que prévu : on marchait régulièrement à plus de trente noeuds. On est donc un peu en avance sur le routage du week-end. On a un peu perdu ce matin, parce que ça se calme : on avance entre vingt et vingt-cinq noeuds. Le vent a commencé à tourner cette nuit entre les nuages. Il va falloir empanner prochainement quand la brise va s'orienter au Nord... » précisait Lionel Lemonchois lors de la vacation radio de 12h30 avec le PC Course parisien de Groupama.

Rendez-vous avec un front
Au large de Vitoria lundi après-midi, Franck Cammas et ses hommes vont donc devoir patienter encore un jour ou deux avant de pouvoir redresser la barre ! Il n'est pas encore évident qu'ils puissent attraper un front froid qui se forme sur Porto Alegre en se déplaçant vers l'Afrique. Mais si le contact s'effectue au bon moment, la descente vers le cap de Bonne-Espérance va devenir extrêmement rapide. Il y a donc du travail en perspective, tant sur le pont qu'à la table à cartes pour s'extraire au plus vite de cette passe délicate.

« Ce n'est pas pour tout de suite, le virage à gauche ! Il faudra probablement enchaîner plusieurs empannages jusqu'à atteindre quasiment les Quarantièmes avant de faire route vers l'Est... On est parti pour faire un joli détour pour attraper un front dans le Sud, mais si on le rate, ce sera deux jours de perdus au passage du cap Leeuwin ! Il va falloir être dessus. D'un fichier météo à l'autre, la situation change et il est donc encore difficile de savoir quand nous allons franchir le premier cap, Bonne-Espérance. Cela se jouera à très peu de choses... »

Groupama 3 devrait en tout cas passer la barre symbolique des 20 000 milles à parcourir sur ce Trophée Jules Verne, dès mardi midi. Car paradoxalement, le trimaran géant allonge bien la foulée, mais perd du terrain sur le temps de référence : en se voyant contraint de s'écarter de la route directe, les 600 milles de moyenne sur l'eau se transforment en seulement 305 milles en distance de rapprochement...

Tableau de marche de Groupama 3
(Nombre de milles parcourus par rapport à la route optimale du Trophée Jules Verne)
Jour 1 (1er février 14h TU) : 500 milles (retard = 94 milles)
Jour 2 (2 février 14h TU) : 560 milles (avance = 3,5 milles)
Jour 3 (3 février 14h TU) : 535 milles (avance = 170 milles)
Jour 4 (4 février 14h TU) : 565 milles (avance = 245 milles)
Jour 5 (5 février 14h TU) : 656 milles (avance = 562 milles)
Jour 6 (6 février 14h TU) : 456 milles (avance = 620 milles)
Jour 7 (7 février 14h TU) : 430 milles (avance = 539 milles)
Jour 8 (8 février 14h TU) : 305 milles (avance = 456 milles)

Source : Groupama