America's Cup / USA prioritaire

Le décors est en place à Valencia, les protagonistes aussi, et la météo de lundi s’annonce favorable. Sauf rebondissement, Alinghi 5, le catamaran du Defender suisse Alinghi, et USA, le trimaran du Challenger BMW ORACLE Racing, devraient entrer dans l’arène demain et offrir au monde un spectacle déjà considéré comme l’un des plus mémorables de l’histoire de l’America’s Cup.

Le signal d’attention est programmé à 10 heures pour une phase de pré-départ de six minutes avant que les bateaux ne s’élancent sur le premier parcours mentionné dans le Deed of Gift (texte fondateur de l’America’s Cup), soit un aller-retour vers une marque située à 20 milles dans le lit du vent (40 milles au total).

Deux ans et demi après la victoire d’Alinghi dans la 32e America’s Cup, disputée ici-même à Valencia, cette nouvelle édition offre un visage totalement différent. Comme le précisait samedi en conférence de presse Ernesto Bertarelli, le président d’Alinghi qui partagera la barre du catamaran avec le français Loïck Peyron : « Cette 33e America’s Cup sera mémorable et j’espère pour de bonnes raisons ; grâce à ces bateaux uniques au monde, au défi technologique qu’ils représentent et parce qu’elle se joue en DoG Match (duel entre le Defender et un Challenger unique). »

USA prioritaire
Des milliers de Valenciens massés sur le Port America’s Cup lors de la fête inaugurale de cette 33e édition ont assisté au tirage au sort qui détermine entre le Defender et le Challenger celui qui entrera demain en tribord dans la zone de départ. Avant que ne retentisse la Mascletá (feu d’artifice traditionnel), le directeur de course Harold Bennett a lancé la pièce de monnaie en présence du commodore de la Société Nautique de Genève (SUI-Defender) et de celui du Golden Gate Yacht Club (USA-Challenger). BMW ORACLE Racing a remporté ce tirage au sort. Le trimaran américain, barré par James Spithill (AUS) et portant une aile rigide de 68 mètres, sera donc prioritaire pour cette première confrontation. Un avantage de poids puisque le Challenger sera à nouveau prioritaire dans le cas où une troisième course devrait départager les deux équipes.

Attention au départ !
En Match Racing, l’objectif de la phase de pré-départ est de prendre l’ascendant sur son concurrent, voir même de le pousser à la faute. Il suffit donc de se remémorer les précédentes éditions disputées en monocoques, où les bateaux se frôlaient parfois au centimètre, pour comprendre la curiosité qui entoure le départ de cette première course entre ces multicoques de dimensions pharaoniques. « J’espère voir les bateaux entrer dans la zone et en repartir le plus proprement possible afin de disputer la course comme il se doit, » commente aujourd’hui Harold Bennett.

Les mesures de sécurité ont été prises. A l’exception des bateaux des arbitres, de ceux des équipes et des supports nécessaires à la couverture photos et tv de l’événement, aucun autre bateau ne pourra approcher les concurrents. La ligne de départ d’une longueur de 800 mètres doit aussi laisser une marge de manœuvre suffisante aux deux géants.

Malgré tout, demain il y a un point à prendre et personne ne veut le laisser filer. « Le bateau prioritaire cherchera à mettre une pénalité à l’autre, » déclarait hier soir le français Alain Gautier, membre de l’équipe sportive d’Alinghi. « Et sur ces bateaux, réparer une pénalité (effectuer un tour sur soi-même) peut coûter très cher, surtout si l’autre file à 20 nœuds. Il est moins important de couper la ligne au coup de canon que de partir bien lancé et sans pénalité. »

« Je pense que nous ne verrons pas de « dial-up » (lorsque les bateaux se retrouvent bord à bord face au vent en tentant de prendre l’avantage sur l’autre), » commente à son tour James Spithill, le barreur de USA. « Nous devrions voir nos bateaux remonter rapidement pour se disputer le côté de la ligne. Le premier croisement est crucial en match race mais là je pense que nous chercherons avant tout à partir du bon côté puisque manœuvrer en multicoque est très coûteux. Je suis vraiment excité à l’idée de ce qui va se passer demain. »

De bonnes conditions pour courir
« Nous devrions bénéficier d’une légère brise de mer tôt le matin, » poursuit enfin Bennett. « Celle-ci devrait ensuite basculer au Sud en se renforçant. » La météo s’annonce donc favorable sur le plan d’eau de Valencia même s’il est difficile en hiver d’avoir une idée précise de l’évolution des conditions durant la journée.

« Je pense que la compétition sera très dépendante des conditions de vent » expliquait Russell Coutts, l’homme à la tête de l’équipe américaine. « Alinghi devrait être avantagé dans des conditions très légères alors que notre bateau sera plus à l’aise dans des conditions plus soutenues. Cela dépendra aussi de l’allure à laquelle nous régaterons. Les cinq premières minutes de la première manche nous donneront une petite idée de comment cela va se dérouler. »

Source : America's Cup