Transat Jacques Vabre / Retour sur les moments forts d’une transat victorieuse (Vidéo)

Retour sur les moments forts d’une transat victorieuse Un jour après leur arrivée victorieuse au Costa Rica, Marc Guillemot et Charles Caudrelier Benac reviennent sur les moments forts de cette 9e édition de la Transat Jacques Vabre. Interview croisée.

Marc, cette transat est un moment fort de ta carrière nautique ?
C’est ma première grande victoire sur une course océanique : il faut être tenace ! C’est avant tout une victoire partagée avec Charles, mais aussi avec les designers, l’équipe technique et le groupe Safran. Et c’est une grande satisfaction que Groupe Bel termine second : nous ne serions pas allés aussi vite après les Açores sans sa pression constante. Nous nous sommes tous les deux imposés un rythme très élevé.

Il y a trois ans, le choix des architectes était original !
Il y a une petite fierté à avoir monté un collectif architectural comme celui de Safran, avec Guillaume Verdier, Marc Van Peteghem et Vincent Lauriot-Prévost. C’est aussi une satisfaction qu’un grand groupe technologique ait accepté ce concept hors des sentiers battus avec ces architectes, ce constructeur (Thierry Eluère), cette équipe technique. Être précurseur sur tous ces secteurs était aussi novateur et risqué.

Embarquer plutôt des jeunes équipiers, est-ce un choix délibéré pour toi ?
Je pense que deux coureurs du même âge ont une expérience nautique similaire : il y manque la complémentarité dans l’approche et la perception. Quand j’en ai la possibilité, je préfère choisir un navigateur issu de la Solitaire du Figaro (Armel Le Cléac’h, Charles Caudrelier Benac…) ou de l’olympisme (Sidney Gavignet, Yann Guichard…), pour apporter un vrai plus au projet.

Qu’est-ce que l’association avec Charles t’a apporté ?
Charles m’a imposé la recherche permanente de la performance : je suis plus focalisé sur la gestion du bateau et du long terme. Ces dernières années, je n’ai pas eu l’occasion de courir au contact, sur des épreuves très exigeantes à court terme. En course océanique aujourd’hui il faut aussi être très concentré sur la constance de la vitesse, l’optimisation des trajectoires, le contrôle de ses concurrents. Sortant de la Solitaire du Figaro, Charles y est extrêmement bien préparé.

Charles, comment navigue-t-on avec un marin plus expérimenté que soi ?
Marc m’a apporté une plus grande rigueur, surtout dans l’attention constante qu’il faut porter au bateau. Par exemple, j’avais oublié de bloquer la drisse de gennaker au winch après l’avoir envoyée et mis au taquet de mât : si Marc n’avait pas été à l’affût, on aurait arraché le taquet et le gennaker était à l’eau ! La vigilance est fondamentale sur ces bateaux.

Comment s’est déroulée cette transat en termes de rythme ?
« Il y a eu quatre phases dans cette Transat Jacques Vabre : la sortie de Manche, la décision de rester sur l’orthodromie au cœur de la dépression, l’atterrissage sur les Antilles et la mer des Caraïbes, avec une zone complexe à 200 milles de l’arrivée. Cette dernière phase nous a imposé de bien négocier une dépression tropicale sur la Colombie avec les derniers milles dans du vent faible et instable ».

Marc, il y a eu un choix essentiel deux jours après le départ…
« Nous n’avions rien défini au départ du Havre en termes de fonctionnement à bord : Charles s’est attelé naturellement à la tactique, au défrichage des fichiers météo. Quand au bout de deux jours de mer, il a fallu choisir entre la route de l’Ouest ou celle du Sud, la décision a été rapide : nous ne voyions pas de porte de sortie par le Sud et nous étions certains de la fiabilité de Safran. L’Ouest était donc la voie logique.

Charles, quelle différence par rapport à il y a deux ans, quand vous aviez terminé à la deuxième place de la Transat ?
Le parcours de cette édition est nettement plus intéressant : une transat Nord-Sud n’offre pas beaucoup d’opportunités stratégiques contrairement à une traversée Est-Ouest. Il y a deux ans, lorsque j’ai participé à la Transat Jacques Vabre avec Marc, Safran sortait tout juste du chantier ! On ne connaissait pas encore ses spécificités alors qu’aujourd’hui, après deux saisons et un Vendée Globe, Safran est totalement fiabilisé, à 100% de son potentiel.

Source : Safran