Transat Jacques Vabre / Pirates des Caraïbes

Le bras de fer continue en tête de la Transat Jacques Vabre. En approche des Antilles, Safran a creusé son avance sur Groupe Bel. Le couteau entre les dents, Kito de Pavant et François Gabart sont prêts à jouer les pirates dans les Caraïbes où le scénario est loin d'être écrit.

Il faut commencer par choisir où passer entre les îles, puis redoubler de finesse avec les oscillations du vent jusqu'à Puerto Limon (Costa Rica). Au classement de 14 heures, Marc Guillemot et Charles Caudrelier bénéficient d’une avance de 70 milles sur Kito et François, soit 25 milles de gagnés pour Safran en 24 heures. Autant dire, pas grand chose au regard des 3200 milles déjà parcourus depuis le Havre et des 1500 milles qu’ils restent encore à courir avant l’arrivée.

Pour autant, ce coup d’accélérateur des leaders suffit à attiser encore un peu plus la combativité de nos marins : « On est un peu agacé d’avoir perdu ces milles sur Safran, » confiait ce matin François. « Nous n’avons pas de problème technique à bord de Groupe Bel ; seulement moins de vent qu’eux pendant trop longtemps à notre goût mais avec Kito, on est tenace. Nous jouons au chat et à la souris avec Safran et nous sommes dans la position du chat, celle du chasseur, la plus excitante à mes yeux. »

Partie d’échecs à la créole
Attention aux coups de griffes alors messieurs car d’ici quelques heures et jusqu’à Puerto Limon, la course de vitesse peut se transformer en une jolie bataille de pirates. En effet, le passage à travers les îles des Antilles demain pourrait déjà modifier le paysage. « Si je ne pense pas que le choix du passage dans l’arc antillais soit à proprement dit prépondérant, il peut déjà créer un décalage Nord-Sud entre les bateaux qui peut devenir intéressant, » ajoute François. « Après, il reste au moins 1000 milles pour traverser la Mer des Caraïbes et on risque d’être au portant – sous spi – donc obligés d’empanner et là aussi, il y a des options à prendre d'un bord sur l'autre. Il faudra faire des choix, aller vite et au bon endroit

Simple à dire, mais sûrement moins simple à faire d’autant que « dans l’alizé, il y a toujours une part d’aléatoire, avec des grains et beaucoup d’instabilité. Surtout sous spi où le bateau porte beaucoup de surface de voiles et ce n’est pas le moment de casser. Il va falloir attaquer au maximum et tout donner pour finir en beauté cette transat ! »

Kito connaît les Antilles comme sa poche, lui qui a bourlingué dans la région tous les hivers pendant près de vingt ans. « Le vent n’est pas très établi sur la zone actuellement mais la route est longue. Depuis deux jours, nous avons du mal à récupérer des infos météo car la connexion satellite se fait mal mais cela ne semble pas trop compliqué. Il faut juste arriver à être là où il y a du vent, ce qui n’a pas été le cas pour nous ces dernières heures mais ça va changer. Il va y avoir pas mal de jeu en Mer des Caraïbes et jusqu’au bout. »

Source : Groupe Bel