Transat Jacques Vabre / Le prix de la prudence pour Foncia

Ce samedi matin, après 24 heures particulièrement mouvementées, FONCIA pointe en 9ème position, à 300 milles des leaders Guillemot/Caudrelier (Safran). Préservés dans la tempête grâce à leur option méridionale, Michel et Jérémie ont pris du retard sur la tête de flotte. C’est le prix de la prudence. Il reste encore 3 300 milles de course avant de savoir s’il était cher payé.


© Arnaud Pilpré / Team FONCIA

Depuis mardi, les fronts se sont succédés en Atlantique. Le dernier en date, dans la nuit de jeudi à vendredi, a été le plus violent et le plus dévastateur, causant quelques dégâts au sein de la flotte des monocoques Imoca. Veolia Environnement (Roland Jourdain/Jean Luc Nélias) doit faire escale aux Açores pour réparer son rail de mât endommagé. Plus grave, mais avec un heureux dénouement, Sébastien Josse et Jean-François Cuzon sur BT ont été hélitreuillés à 210 milles dans le nord des Açores après que le bateau, roof arraché, se soit littéralement rempli d’eau. Ceux qui continuaient à ferrailler vent de travers sous voilure (très) réduite ont brossé vendredi un tableau peu ragoûtant de la situation : rafales à 60 nœuds, grains, mer démontée…

A bord de FONCIA, Michel et Jérémie ont été épargnés par le gros mauvais temps. Les conditions de navigation ont certes été musclées et inconfortables pendant 24 heures, mais pas de quoi se retrouver en mode survie, comme l‘expliquait Michel, joint par téléphone vendredi après-midi : « pendant la nuit, lors du passage de front, nous avons eu au maximum des rafales à 45/48 nœuds. Là, nous avons entre 30 et 35 nœuds, nous sommes sous trois ris et foc, sous le ciel de traîne, la mer est toujours creusée, avec 5 mètres de houle et deux mètres de clapot désordonné. Mais nous avons trouvé la bonne allure pour être le plus confortable possible, tout en marchant à 15/16 nœuds ». Ce samedi matin, dans le sud-est des Açores, non loin de l’anticyclone du même nom, l’atmosphère était radicalement différente avec un vent inférieur à 5 nœuds !

Une option de compromis

Michel revient au passage sur la stratégie méridionale adoptée il y a quelques jours. En latéral, plus de 500 milles les séparent désormais des nordistes extrêmes que sont Hugo Boss et 1876. « Il est certain que sportivement, l’option ouest (centrale, ndr) était la meilleure. Peut-être avons-nous péché par excès de prudence, peut-être aurions-nous dû attaquer un peu plus, mais nous ne voulions pas non plus nous retrouver dans des vents trop forts. Le pire que j’ai jamais subi sur le bateau, c’était 53 nœuds, pendant le Vendée Globe, et encore, c’était au portant ! (…) A priori, lorsque nous croiserons la route des premiers, autour du 16 novembre, nous aurons toujours du retard. On est un peu vert côté performance. Mais finalement, en termes de navigation, on n’est pas si mécontent de notre sort. Jérémie dort (enfin, c’est un bien grand mot) sur ses deux oreilles, moi aussi, ce qui veut dire que nous n’avons pas mauvaise conscience. Le bateau est propre, il se porte bien, le stock de saucisson diminue tous les jours. » Samedi soir, FONCIA sera dans le sud des Açores. Mais d’ici là, il faudra composer avec une situation météo complexe.

Bientôt du portant sur la route

« Une petite dépression secondaire nous arrive dessus. Il va falloir viser précisément, trouver le trou de souris pour pouvoir en profiter. Ensuite, on pourra cavaler avec un peu plus de vent. Dans 48 heures, on sera au grand largue sur la route directe » explique Michel. Pas question donc pour les deux hommes de baisser les bras alors qu’il reste encore les trois quarts du parcours à accomplir. Tant que la ligne d’arrivée n’est pas coupée...

Message de la nuit envoyé du bord de FONCIA ce samedi : « Décidemment, les nuits se suivent et ne se ressemblent pas ! Après les nuits presque paisibles avec le bon vent bien établi d'il y a 48 heures et plus, la nuit précédente où le vent tournait entre 30 et 48 nœuds, nous voilà divisé par 10 ! Quand il y a 4,8 nœuds de vent, on retrouve presque le sourire, et je plaisante à peine. Bon, certes, ce n'est qu'une période transitoire, entre deux jobs d'hiver, ça permet de dormir profondément, de repousser la véranda, de se détendre un peu. Un peu de calme, des fois, ça fait du bien ! Et puis faut bien le dire, on en a aussi profité pour vérifier la mobylette, et faire quelques menues bricoles. En route pour de nouvelles aventures ! Bonne nuit. »

Source : Foncia