Pas d’artifice douteux dans la prestation de Safran qui caracole en tête de cette Transat Jacques Vabre suivi comme son ombre par Groupe Bel. Inexorablement, les deux leaders creusent l’écart sur le reste de la flotte et devraient aborder le sprint final avec une certaine marge de sécurité. Derrière, on s’interroge sur les coups à jouer : persévérer dans une stratégie de gagne-petit ou tenter l’option radicale… Même si la tentation subsiste, nombre de navigateurs savent aussi que l’enfer est pavé de bonnes intentions.
A la régulière… La progression de Marc Guillemot et Charles Caudrelier n’a rien d’un hold-up, tant elle procède d’une logique implacable depuis le début de cette Transat Jacques Vabre. Une stratégie incisive et audacieuse, une gestion du mauvais temps, un bateau parfaitement préparé et une vitesse impressionnante ont conduit logiquement le duo de tête aux avant-postes de la course. Même constat pour Kito de Pavant et François Gabart qui restent plus que jamais candidats à la victoire. Mike Golding et Javier Sanso (Mike Golding Yacht Racing), campés solidement en troisième position auraient peut-être pu continuer de briguer une première place qui semble s’éloigner un peu plus chaque jour. Derrière, la flotte est reléguée maintenant à plus d’une journée de mer et chacun sait que, sauf retournements de dernière minute, il va être très difficile d’empêcher l’un des deux plans VPLP/ Verdier de décrocher la timbale.
Traquer l’improbable rêve
Mais tous, des premiers poursuivants aux attardés, sont des compétiteurs dans l’âme. On imagine difficilement l’un quelconque de ces équipages adopter une attitude désabusée et choisir de jeter le bébé avec l’eau du bain… Alors, forcément, s’insinue quelque part la tentation du bord que l’on dit du facteur, sans égard aucun avec la rude tâche des employés des postes dont la tournée emprunte parfois d’étranges circonvolutions. Oser l’option radicale, celle qui a une chance sur mille de rapporter quelques dividendes, mais se dire que l’on aura tout tenté. On se surprend parfois à détecter un fichier de vent improbable, à dénicher une bulle anticyclonique à contourner au prix d’un détour impensable en conditions normales. Et il faut toutes les vertus de l’expérience pour ne pas se laisser envahir par ces petits démons qui murmureraient à l’oreille de tenter le coup du siècle… Mais la sagesse est là pour rappeler qu’entre un tour de force et un tour de cochon, la différence ne tient parfois qu’à la réussite. Et ce, d’autant plus que la situation météorologique est relativement stable : a priori, l’alizé semble vouloir s’établir avec une légère composante nord, ce qui favoriserait une trajectoire proche de la route directe…
Main gagnante
Autant dire, qu’au vu des informations du jour, les leaders ont un certain nombre d’atouts dans leur manche. Pour autant, la bagarre ne perd pas en intensité… Il existe des objectifs intermédiaires pour lesquels chacun estime que ça vaut le coup de se battre. En quatrième position, Foncia sait qu’il suffit d’un incident de course au sein du trio de tête pour grimper sur le podium… Dans son tableau arrière, le gain de la cinquième place est au prix d’une bataille âpre où quelques milles qui peuvent sembler peccadille à l’échelle d’un océan seront peut-être déterminants devant les jetées de Puerto Limon. Pour l’heure, tous se préparent à traverser l’arc antillais. Hormis Crêpes Whaou ! qui se voit imposer de laisser l’île de la Barbade à tribord, tous les autres concurrents vont avoir le choix. Info ou intox ? Chacun dit ou feint de ne pas savoir où cette barrière sera franchie. Encore que… comme le rappelait Jean-Luc Nélias, le passage des Antilles ressemble à une passoire tant les possibilités de franchissement sont nombreuses. Et c’est bien évidemment, le positionnement stratégique à venir qui va déterminer le point de passage de chacun… Mais les trous de la passoire auront-ils tous le même diamètre ?
Classement à 17 heures :
Multi 50 :
1 Crêpes Whaou ! (FY Escoffier – E Le Roux) à 1704,6 milles de l'arrivée
2 Guyader pour Urgence Climatique (V Erussard – L Féquet) à 1125,7 milles du premier
3 Région Aquitaine Port-Médoc (L Roucayrol – A Alfaro) à 1290,5 milles du premier
IMOCA 60
1 Safran (M Guillemot – C Caudrelier) à 1510,3 milles de l'arrivée
2 Groupe Bel (K de Pavant – F Gabart) à 75,4 milles du premier
3 Mike Golding Yacht Racing (M Golding – J Sanso) à 183,6 milles du premier
4 Foncia (M Desjoyeaux – J Beyou) à 462,4 milles du premier
5 1876 (Y Parlier– P Rivero ) à 570,5 milles du premier
Source : Transat Jacques Vabre
Transat Jacques Vabre / La main de Dieu, la tentation du diable
Publié par
ScanVoile
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11/19/2009 07:46:00 PM
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