Tout commence hier matin. A 11h17, le téléphone de Jean Maurel, directeur de course sonne, c’est Jean-François Cuzon à bord de BT qui appelle : « Jean, je fais une demande d’assistance urgente. Le roof est arraché, le bateau est rempli d’eau, on a peur de couler… » Alors que BT naviguait sous grand-voile seule à trois ris, une déferlante a capelé le bateau par le travers arrachant le roof par son milieu. Immédiatement, les deux navigateurs déclenchent leurs balises de détresse.
Dès lors, les opérations sont déclenchées : le CROSS Gris-Nez met en relation la direction de course avec le MRCC de Ponta Degalda aux Açores. Les premiers contacts entre Jean Maurel et BT sont placés sous le signe de l’efficacité. Entre l’équipage et la direction de course, les procédures sont clairement mises en place : pour les deux navigateurs, il s’agit avant tout d’organiser leur sauvetage. Enfiler les combinaisons de survie, combattre l’hypothermie, se reposer, s’alimenter deviennent les priorités. Nul ne sait si BT, blessé, pourra résister encore à une nouvelle déferlante. Pendant ce temps, Jean Maurel alerte Veolia Environnement et Safran de manière à ce qu’ils se tiennent prêts si besoin. Bien évidemment, les deux équipages répondent présent, mais rapidement l’évidence apparaît : les moyens mis en œuvre depuis les Açores seront plus efficaces que l’intervention d’un autre voilier dans une mer démontée.
Des procédures maîtrisées
Tout l’intérêt des procédures de sécurité prend alors son sens. De l’aveu même de Sébastien Josse, les topos sécurité rabâchés à chaque départ de course, permettent d’avoir les bons réflexes. Les automatismes fonctionnent. Vers 18h, les navigateurs rentrent en contact avec l’Ocean Explorer, un navire océanographique. Mais les conditions de mer particulièrement difficiles, avec des creux d’environ huit mètres rendent l’opération délicate. Rapidement, les navigateurs sont informés qu’un hélicoptère Puma de la marine portugaise sera sur zone. Dès lors, il s’agit de se remémorer les signes à faire à l’hélicoptère, et surtout de ne pas oublier que les sauveteurs sont les maîtres de l’opération. Le Puma arrive sur zone, une heure avant la tombée de la nuit. Le pilote de l’hélicoptère intime alors l’ordre aux deux marins de se jeter à l’eau l’un après l’autre tandis qu’un plongeur les récupère pour les hélitreuiller. Quelques minutes plus tard, ils sont à bord en route pour Terceira.
Arrivés à Terceira, ils sont pris en charge par les autorités locales. Ils sont sains et saufs, bien évidemment choqués de leur aventure et tristes d’avoir dû abandonner leur bateau. La déception est immense, mais le soulagement de les savoir sauvés les encore plus.
Source : Transat Jacques Vabre