Pendant la nuit de vendredi à samedi, Marc Thiercelin et Christopher Pratt ont constaté que DCNS 1000 se comportait de manière anormale. Après avoir procédé à une vérification générale minutieuse du bateau, ils ont découvert en début de journée que la quille bougeait. Le problème n'est pas lié à la quille elle-même, mais se situe au niveau de la rotule qui attache la quille à la coque. Le risque est donc important pour le monocoque et pour l'équipage, et la décision a été prise en accord avec le sponsor et l'équipe technique à terre d'abandonner et de dérouter le bateau. Ce problème technique, qui nécessite un déquillage du bateau et des moyens techniques et logistiques importants, ne peut être réparé en escale aux Açores. Au vu des conditions météo actuelles, le bateau fait donc route au portant sur la France afin d'éviter des vents de face qui pourraient être très dangereux pour lui et l'équipage.
Petit bricolage pour Safran
"On a été informés par rapport à ce qui s'est passé à BT et on se sent très concerné. Lorsque ce type d'évènement se passe on est toujours inquiet : c'est vrai dans le Sud comme dans l'Atlantique. On est content qu'ils sont sains et saufs et on espère de les revoir au plus vite dans les prochaines courses. On est content de notre position : nous naviguons avec Mike Golding, Kito de Pavant… Dommage que Bilou n'est plus avec nous ! Il faut être au taquet maintenant. On eu des problèmes de tenue avec le safran et ça a été un bazar pour le réparer, mais on a réussi à bricoler pour qu'il tienne bien. Pour ce qui concerne la grande voile on attend d'avoir des conditions plus propices." Marc Guillemot, Safran, à la vacation de midi.
Artemis répare et repart « La nuit de jeudi à vendredi a été une GROSSE nuit ! Avant tout, Sidney et moi avons ressenti un grand soulagement en apprenant que Jojo et JF sont en sécurité et à terre mais nous sommes vraiment tristes des avaries subies par BT. C’est très injuste pour ces deux marins dont j’avais fait mes favoris pour la victoire et qui avaient réalisé un très bon début de course. Je suis si triste pour eux.
Nos problèmes, en comparaison de BT, sont nettement moins graves mais nous ont contraints à réduire drastiquement notre allure. On attend que le vent se calme avant de s’attaquer aux réparations nécessaires pour qu’Artemis marche à nouveau à 100% de ses possibilités.
La nuit dernière, le vent ressemblait à celui des cinquantièmes hurlants avec des rafales successives à 50-55 nœuds et une moyenne de plus de 45 nœuds. Artemis avait la situation bien en main et j’adorais ça (ni Sidney ni moi ne comprenions vraiment ce qui se passait).
Malheureusement pour nous, nous avons heurté une très grosse vague (encore pire que les autres) qui nous a pris l’étrave et le choc nous a fait virer de bord.
Soudain, notre monde s’est réduit à 90° puisque le mât n’était pas si éloigné de l’eau. C’était étrange… il y avait un silence inquiétant puisque les voiles étaient affalées et nous avons été totalement déséquilibrés et chahutés comme un fétu de paille. Nous étions comme emprisonnés puisque le cockpit s’est brutalement retrouvé sous le reste du bateau.
Quand l’horizon se rétrécit brusquement à 90° et qu’on marche sur les murs au lieu du sol, c’est difficile de ne pas paniquer mais comme c’est une situation assez récurrente dans notre métier Sidney et moi avons calmement échangé sur la manière dont on devait remettre Artemis à l’endroit sans incident. Pas évident de manœuvrer un bateau sur la tranche !!!
Finalement, tout s’est bien passé et assez vite (environ 1,2 milles plus tard), nous étions à nouveau à l’endroit mais en marche arrière (et oui, nous n’avions pas d’autre choix).
Nous avons saisi l’opportunité d’enrouler la trinquette pour la ménager et réussi à repartir sur le bon bord en laissant passer le front.
Malheureusement nos voiles ont souffert et le point d’accroche du 3ème ris dans la bôme a explosé nous contraignant à affaler la grand voile.
Etat des avaries (enfin une partie du moins) *
- une fissure sur le roof (en raison du presque chavirage et d’une pression inhabituelle de l’eau sur le toit pensons-nous)
- une latte de grand-voile envolée et des dommages sur la voile
- le point d’encrage du 3ème ris dans la bôme a explosé
- Dommages sur les bouts de rotation de mât »
Samantha Davies (Artemis Ocean Racing)
*Rappelons qu'après avoir un temps envisagé de s'arrêter dans un port pour réparer, Samantha Davies et Sidney Gavignet ont finalement effectué les travaux en mer et ont repris leur route vers le Costa Rica.
Source : Transat Jacques Vabre