Transat Jacques Vabre / Desjoyeaux : "Consolider notre position"

Nous voici au beau milieu de l’Atlantique, à la mi-parcours de cette Transat Jacques Vabre. Au portant, dans les alizés retrouvés, FONCIA navigue en quatrième position, à la poursuite d’un trio de tête échappé loin devant. Finalement, dans cette course à élimination où quatre concurrents ont été sortis du jeu, le bilan de ces neuf premiers jours de mer est plutôt positif pour Michel Desjoyeaux et Jérémie Beyou. Leur objectif du moment : naviguer proprement pour consolider leur place. Les deux hommes dressent par ailleurs un bilan réaliste de leur situation : dans les conditions météorologiques stables de ces quatre prochains jours, rattraper les 300 et quelques milles qui les séparent des leaders Safran, Groupe Bel et Mike Golding Yacht Racing relève de la gageure. Il reste cependant 2400 milles à parcourir jusqu’à Puerto Limon et d’ici là, tout peut arriver.

© Arnaud Pilpré

L’option sud choisie d’emblée par l’équipage de FONCIA pour échapper au gros mauvais temps de la semaine dernière, cette « option de marins », a eu deux effets paradoxaux parfaitement résumés par Jérémie Beyou, joint lundi soir au téléphone : « Le point positif, c’est que nous avons tenu notre option, nous l’avons bien menée, nous avons bien navigué. Sur la route que nous avons choisie, nous sommes ceux qui s’en sortent le mieux. On a bien préservé notre matériel et les bonhommes sont en forme ». « Nous sommes les premiers de l’option sud et on a mis nos camarades de l’option nord derrière » renchérit Michel.

"Le point négatif, enchaîne son co-skipper, c’est qu’on a laissé s’échapper trois bateaux loin devant et que ca va être très compliqué de les récupérer. Sportivement, c’est frustrant mais nous sommes droits dans nos bottes. Et ce n’est pas fini. Même si la situation, il faut être honnête, paraît complexe, on a fait assez de remontées ou on s‘est déjà fait assez remonter pour savoir que ca peut arriver. Je pense aussi que les trois bateaux de tête ont beaucoup donné pour passer dans la baston, que ce soit au niveau physique ou au niveau matériel. Dans la gestion du bateau, il peut toujours se passer plein de choses d’ici l’arrivée ". Jérémie Beyou est bien placé pour le savoir. Il nous révèle qu’il y a quatre jours, la course, pour lui, aurait pu tourner au vinaigre.

Un gros coup sur la tête
« Après la baston, pendant la transition, on faisait une manœuvre pour renvoyer de la toile. Il y avait encore de la mer. J’étais à la colonne, derrière, quand la bôme est revenue à fond la caisse. Je l’ai prise dans la figure, le crâne bien explosé, ça pissait le sang, c’était impressionnant. Mich’ Desj’, que j’avais presque vu tourner de l’œil à la vue d’images de plaies lors d’un stage médical à Port La Forêt, a assuré comme un chef. Il m’a coupé les cheveux (je suis à moitié chauve maintenant), il a mis le bon produit pour que ça cicatrise. Ensuite, je me suis écroulé de sommeil pendant 5 heures. C’est pour ça que je dis qu’il peut se passer n’importe quoi sur ces bateaux, il faut vraiment faire gaffe… »

Pas de séquelle pour Jérémie qui passe de nombreuses heures à la barre dès que FONCIA envoie son grand spi. C’était le cas lundi. Mais les alizés irréguliers vont imposer cette semaine plusieurs changements de voile d’avant. Toute la flotte plonge maintenant cap au sud-ouest, vers la chaleur et l’arc antillais. Dans cette course de vitesse au portant à plus de 15 nœuds de moyenne, l’objectif du tandem est d’abord de contenir les retours de Veolia Environnement (5e) et un peu plus loin, de 1876 (6e). « Dans les prochains jours, il y a du placement sur l’échiquier mais ça ne va pas être les grandes manœuvres. Pour nous, l’idée est de naviguer le plus proprement possible, de mettre un maximum de distance derrière nous et puis s’il y a une ouverture, on la saisira ».

Bateau et moral intacts
En attendant, l’ambiance et le moral sont excellents à bord du monocoque blanc. «Aujourd’hui, j’ai la satisfaction d’avoir un FONCIA très bien construit, commente Michel. Je suis allé inspecter l’étrave et je n’ai rien trouvé. Le bateau est en parfait état et je ne sais même pas où est la boîte à outil ! L’autre grande satisfaction, c’est d’avoir un coéquipier avec qui j’ai un grand plaisir à naviguer même si nous ne sommes pas en tête de la course. »

Autre motif de contentement : la perspective imminente d’une toilette intégrale et de quitter enfin les bottes et les bas de cirés dans lesquels les deux hommes macèrent depuis le départ…

Source : Foncia