Record / Groupama 3 : Plein Pot !

Franck Cammas et ses neuf équipiers sont entrés de plein fouet dans le Pot au Noir : depuis 5h00 ce mardi matin, les alizés ont fait place aux grains aux orages. Mais la première phase de cette traversée du tunnel se déroule plutôt bien : toujours le même gain de 660 milles sur le temps de référence et une sortie prévue dans la soirée...

Déjà en vue la nuit dernière lorsque le ciel s'est zébré d'éclairs à l'horizon et que les coups de tonnerre grondaient au loin, le Pot au Noir a été abordé par Groupama 3 vers 5h00 (heure française) ce mardi. Et il restait encore un petit croissant de lune pour éclairer un paysage en plein chambardement : énormes cumulonimbus annonciateurs de pluies et de rafales, court clapot de face prémices des alizés de Sud-Est soufflant sur l'équateur, poissons volants en quête d'un souffle avant de se prendre dans les filets du trimaran, atmosphère lourde et oppressante sous une chaleur torride et humide... On le voit venir, on le sent tout proche et déjà il vous enserre ! La Zone de Convergence Inter Tropicale est une pieuvre qui joue avec sa proie, tentant de l'enserrer dans ses tentacules, alternant calmes et bourrasques, changements brusques de température, pluies diluviennes et soleil de plomb...

Crédit : Y.Zedda

Par ici la sortie...
Mais le « côté obscur » de ce Pot au Noir a des failles : pour trouver la porte qui s'ouvre sur l'hémisphère Sud, il faut composer avec les grains, s'écarter momentanément de la route, adapter la voilure à ces brises erratiques, esquiver les zones d'ombre et les plaques sans vent. Le navigateur Stan Honey, enfin remis de sa migraine, s'est creusé la tête... et un tunnel sur le 29° Ouest. La trajectoire de Groupama 3 est remarquablement pure depuis Madère pour s'engager dans cette masse nuageuse, là où elle est la plus étroite et la moins active. Et jusqu'à ce mardi après-midi, le résultat est concluant : si le ralentissement est un fait, le trimaran géant n'est jamais descendu en dessous de quatorze noeuds !

« Cette nuit, il y avait beaucoup d'éclairs dans le ciel et nous avons vu les masses nuageuses au radar. Nous n'avons pas eu trop de rafales sous les grains : le vent a plutôt molli en refusant. Les manoeuvres sont simples, mais nous sommes aux aguets et le quart de veille est sur le pont... La fenêtre météo s'avère meilleure que lors de notre première tentative il y a un an et demi. On devrait avoir encore trois ou quatre heures de ralentissement à 15-16 noeuds, mais il reste 3° de latitude (180 milles) à passer avant de toucher les alizés de Sud-Est, donc un vent plus régulier mais au près... La sortie de zone est pour ce soir ! » Confirmait Franck Cammas à la vacation radio de midi.

Chaleur étouffante
Le Pot au Noir s'avère donc coopératif et à ce rythme, l'équateur pourrait être abordé avant mercredi 16h50 (heure française), ce qui porterait à moins de six jours le franchissement de la ligne de changement d'hémisphère... Au moins six heures de mieux que lors de la précédente tentative de Groupama 3 en janvier 2008 (6j 6h 24'), mais surtout plus d'une journée de bonus par rapport au temps de référence établi par Bruno Peyron sur le Trophée Jules Verne !

« Le ciel n'est pas trop chargé : nous n'avons pas pu prendre de douche, mais l'équipage est en caleçon sur le pont ! C'est la grosse chaleur tropicale, ici... On a changé de saison. On navigue ce midi sous grand voile haute et foc Solent. Stan regarde ses cartes et ses images satellites pour sortir au plus vite du Pot au Noir : les prévisions à moyen terme pour négocier l'anticyclone de Sainte-Hélène fluctuent pas mal ces dernières heures. Si nous arrivons à maintenir notre avance sur Orange 2, qui avait fait un parcours exceptionnel entre l'équateur et Bonne-Espérance, ce sera déjà super ! » concluait le skipper Franck Cammas.

Source : Groupama