Record / Franck Cammas, à la recherche du temps perdu... (Vidéo)

C'est probablement la plus mauvaise journée que Franck Cammas et son équipage devraient vivre autour du monde... Le gain acquis dans l'Atlantique Nord s'est quasiment réduit de moitié, mais Groupama 3 devrait redémarrer en milieu d'après-midi ce samedi, puis accélérer nettement dès dimanche matin !

Du côté de chez Franck, cette journée de samedi restera dans les mémoires comme un long (trop long) moment de pause ! 220 milles en 24 heures, cela correspond à la moitié d'une journée paisible et à trois fois moins qu'un quotidien normal... Le bilan comptable est terrible : 300 milles perdus. Avancer à moins de cinq noeuds sur un trimaran de trente mètres a en effet quelque chose de surréaliste ! Et la situation a perduré plus d'une demi-journée avant que le vent de secteur Nord ne se renforce enfin en milieu d'après-midi samedi. Certes, le redémarrage s'est effectué en douceur, et les grandes vitesses ne sont prévues que dimanche matin.

« Groupama 3 est dans une phase de transition composée d'une dorsale anticyclonique, côté Est et d'une zone de convergence au large du Brésil. Ces deux systèmes font que le vent oscille du secteur Nord, ce qui se concrétise pour le trimaran par une allure vent arrière avec des vents faibles, autour de six à sept noeuds. Les caps ne sont pas faciles à tenir et je suis en contact permanent avec Stan Honey, le navigateur de Groupama 3. Il faut choisir entre tribord ou bâbord amure pour sortir de cette nasse. On ne s'attend pas à avoir des brises soutenues avant dimanche matin : ça va être long ! Les vents les plus faibles étaient samedi matin et c'était forcément difficile à vivre pour Franck Cammas et son équipage. Avant d'être porté par un système dépressionnaire rapide, il leur faut patienter jusqu'au milieu d'après-midi pour commencer à s'en sortir... Il faudra être au bon endroit quand la dépression va arriver ! » Analysait Sylvain Mondon de Météo France.

Première esquisse du caractère étrange de Sainte-Hélène...
Sainte-Hélène n'est pas une jeune fille en fleurs et son ombre plane sur le trimaran géant qui cherche depuis vendredi soir à se défaire de son étreinte pour accrocher la prochaine bouffée de chaleur brésilienne. Prisonnier des brises évanescentes qui régnaient en maître au large de Trindade, l'île solitaire, Groupama 3 a subi la « désolation au lever du soleil » : mer plate, vent de Nord, brise inférieure à cinq noeuds... Des conditions idéales pour faire une vérification générale du bateau et engranger un stock de sommeil et de douceur avant les bises glaciales des mers du Sud !


« C'est calme et on n'arrive pas à décoller : on a même empanné pour tenter de retrouver de la vitesse. Nous avons cherché des réglages un peu différents qui nous permettent de sortir le flotteur au vent. Et on en a profité pour vérifier tout le gréement avec Loïc (Le Mignon) qui est monté dans le mât et le flotteur tribord puisqu'il était sous l'eau depuis notre empannage de Madère... On est prêt à affronter le Sud car on a pu se reposer aussi. Et les températures restent agréables... pour la croisière ! » Déclarait Franck cammas à la vacation du jour.

Le temps retrouvé
Mais les errements de Groupama 3 en proie aux affres d'un zéphir taquin, n'ont plus lieu d'être en ce milieu d'après-midi : la brise de Nord s'installait durablement sur le 25 parallèle Sud et allait se renforcer à l'approche d'un front chaud que Franck Cammas et son équipage vont devancer jusqu'en Afrique du Sud, voire plus ! Cette pause forcée et cette trajectoire aux allures de sinusoïdale aléatoire n'aura été qu'un mauvais moment à passer, pas tant pour les corps qui ont pu se détendre, pas tant pour les esprits qui divaguent au gré des étoiles, que pour le temps tout simplement... Le temps perdu sur le record de Orange 2, mais au final, le trimaran géant conserve approximativement une journée d'avance sur le parcours de Bruno Peyron en 2005.

« Ces phases de calme sont beaucoup plus agréables en équipage qu'en solitaire ! Nous sommes dix à bord et cela multiplie par dix l'énergie... Bien sûr que la vitesse est une chose que l'on recherche parce qu'on est plus maître de nos choix, alors que là, nous sommes obligés d'attendre et nous ne sommes pas particulièrement patients ! Mais on se projette déjà dans l'océan Indien... C'est de toute façon un très grand plaisir de barrer Groupama 3. » ajoutait Thomas Coville.

Source : Groupama