© Arnaud Pilpré / Studio Zedda
Pour l’instant, on poursuit notre route le long de l’Amérique du Sud et l’impatience commence à se faire sentir de savoir quand on va pouvoir mettre le clignotant à gauche, refermer la capote, monter les pneus « neige », et enfiler le casque lourd.
Groupama 3 est comme neuf. Loïc est monté dans le mât pour faire une vérification. Steve et Bruno ont checké les foils et les bordés de flotteurs. Chacun met à profit le temps calme et clément qui est le nôtre en ce moment pour s’assurer que tout est en parfait état.
Stan a profité d’une de nos petites réunions « Bar des Sports » d’hier soir heure locale, pour nous exposer la stratégie à venir : il se peut que nous soyons amenés à descendre assez Sud dès la Longitude de Cap de Bonne Espérance (Afrique du Sud), ce qui veut dire en clair que la probabilité de rencontrer des icebergs dès le début de notre tour de l’Antarctique n’est pas nul, voir fort probable. Il y a deux ans, j’en avais rencontré très vite dans cette même configuration à bord de Sodeb’O.
Tous ceux qui ont rencontré dans leurs navigations antérieures des « glaçons » en gardent un souvenir précis, mélange de fascination et d’angoisse. Pour nous la collision aux vitesses atteintes avec Groupama 3 équivaut à une avarie qui contraint presque inévitablement à l’abandon voir à mettre tout l’équipage dans une situation difficile dans des zones où l’assistance reste très difficile à organiser voir impossible.
Cela fait parfaitement partie du jeu connu au départ mais nous ne sommes ni des gladiateurs, ni des inconscients, bien au contraire. Notre objectif en tant que professionnels est de minimiser les sources de risques aléatoires même si le risque 0 n’existe jamais en mer. Des moyens ont été mis en oeuvre pour tenter de prévoir devant notre route la présence de ces glaces éventuelles et de leur densité « au mille »par radar satellite.
Nous allons monter dans « l’express » demain soir à priori et à partir de là, les choses sérieuses vont pouvoir commencer !
Voilà l’ambiance sur les quais de la gare de Ste Ellen. J’aurais peut être dû parler d’aéroport tellement Groupama 3 ressemble plus à un avion.
Pour l’instant, tout le monde profite de ces conditions faciles. L’ambiance studieuse n’empêche pas les bonnes rigolades de 10 mecs pas plus malins les uns que les autres mais qui jouissent de l’instant qui passe.
A+
Tom.( Position 21S 34W vitesse : 22 noeuds, Cap 183. )
Source : le blog de Tom