Le golfe de Gascogne est déjà dans le sillage et il en sera de même pour le Portugal dès aujourd'hui. Comme prévu, le départ d'IDEC n'a pas été des plus rapides, mais Francis Joyon touche en ce moment le renforcement du vent à l'ouest. La vitesse d'IDEC est désormais supérieure à 20 noeuds et Francis envisage une journée superbe, aux environs de 500 milles parcourus.
« Tout va bien, oui. Après la bascule cette nuit, je commence à toucher un vent d'ouest à nord-ouest plus soutenu. Et s'il est très instable en force et en direction, ce nouveau vent permet d'allonger la foulée. Je devrais donc faire une belle journée, probablement supérieure ou égale à 500 milles parcourus. Mais il faut être très vigilant pour ne pas se faire surprendre par une rafale. Tout à l'heure, j'ai dû laisser tomber ma tasse de café à l'intérieur pour sauter sur les écoutes et choquer les voiles vite fait ». Ainsi va la vie ce lundi à bord du maxi trimaran IDEC de Francis Joyon, lancé depuis deux jours dans une tentative de record inédit entre la France et l' île Maurice, du Port Louis qui jouxte Lorient au Port Louis de l'océan Indien.
La traversée du golfe de Gascogne n'a pas été de tout repos pour Francis : « il y avait des déferlantes et surtout beaucoup de trafic : j'ai dû croiser une cinquantaine de bateaux et trois fois j'ai été obligé de me dérouter pour parer des routes de collision. Bien sûr un voilier est théoriquement prioritaire, mais dans la réalité, contre un cargo ou un bateau de pêche, il vaut mieux prendre ce genre de précautions… »
Incertitude aux Canaries
Ce lundi midi, 48 heures après son départ, IDEC navigue cap au Sud au grand large de Lisbonne – par 38°40 Nord et 16°01 Ouest – et commence à bien accélérer… à 20 voire 22 noeuds de moyenne. « Grâce aux conseils avisés de Jean-Yves Bernot (son routeur, ndr), j'ai pris une route très écartée de l'Espagne, à environ 130 milles de la côte », explique Francis. Il poursuit : « le jeu consiste maintenant à tenter d'aller le plus vite possible pour essayer de glisser sous un petit anticyclone, sans quoi celui-ci pourrait me ralentir au niveau des Canaries ». Affaire à suivre dans les deux jours à venir, donc.
Pour l'heure, Joyon engrange les milles et ne ménage pas sa peine. Beaucoup de manœuvres et de changements de voile (gennaker puis solent puis trinquette et vice versa) ont rythmé les deux premiers jours de cette tentative de record, sans compter une première nuit blanche. « On n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer à bord », confirme le solitaire le plus rapide de la planète, « mais je vais tout de même me refaire un petit café pour remplacer celui que j'ai dû sacrifier tout à l'heure !» Derrière sa voix, on entend le bruit du bateau qui accélère, on imagine l'immensité atlantique et l'homme seul qui tente de maîtriser la puissance de son fier trimaran. Ces deux-là sont en route pour le tour du continent africain. L'équivalent d'un demi tour du monde. L'aventure ne fait que (re)commencer et comme dit simplement Francis, « c'est toujours aussi agréable et intéressant de faire naviguer ce beau bateau ». On ne se refait pas.
Source : Idec