Dur, dur ! Le tandem Thierry Bouchard et Oliver Krauss (Mistral Loisirs-Pole Santé Elior) a dû jeter l’éponge ce mardi, peu avant midi. Le rail de grand voile s’est arraché le long du mât et aucune réparation n’est envisageable en mer. Dans un premier temps, les deux navigateurs pensaient faire une escale technique à Horta avant de repartir, mais la situation semble plus grave qu’il n’y paraissait et ils ont annoncé officiellement leur abandon. Ils avaient pourtant remarquablement animé la course depuis huit jours avec une route Nord qui devait porter ses fruits dans les jours qui viennent. Et leur Class’40, un Akilaria tout juste mis à l’eau cet été, s’est avéré extrêmement véloce dans ces conditions de vents forts et contraires. Les deux marins devraient donner plus de détails sur leur avarie lorsqu’ils seront au port de Faïal (Açores).
Un peu de repos
Pour tous les partisans de la route plus ou moins directe vers Saint-Barthélemy, cette journée de mardi a été plutôt agréable après les rafales, les grains, la pluie et la mer forte de ces derniers jours. Moins de vagues vicieuses, moins de brise instable : de quoi reprendre des forces même s’il a fallu manœuvrer souvent pour adapter la voilure à ce changement radical des conditions. Mais ce n’est qu’une pause ! Un front froid va balayer la flotte du Nord dès la nuit prochaine avec un renforcement du vent, une bascule au Sud-Ouest puis des grains violents avec une rotation de la brise à l’Ouest-Nord Ouest. Deux ris, voire trois dans la grand voile, trinquette à poste : de nouveau, les skippers vont se faire rudement secouer… Et par voie de conséquence, tout ce groupe de onze bateaux va devoir composer pour gagner dans l’Ouest, ce qui devrait resserrer les écarts entre les leaders. Tanguy de Lamotte et Adrien Hardy (Initiatives-Novedia) qui peinaient dans une bulle sans vent mardi après-midi, et leurs poursuivants directs, Damien Seguin et Armel Tripon (Cargill-MTTM), les Italiens Giovanni Soldini et Pietro d’Ali (Telecom Italia) à l’extrême Nord, Bernard Stamm et Bruno JOurdren (Cheminées Poujoulat) et les Finlandais Jouni Romppanen et Sam Öhman (Tieto Passion), vont devoir faire le dos rond...
De fait, les leaders ont perdu un peu de leur superbe et beaucoup de milles en 24 heures : une bonne vingtaine sur ses poursuivants ! Car à trop vouloir descendre pour éviter le gros de la prochaine dépression, on peut se brûler les ailes sous le soleil, certes, mais sans vent. Car lorsque les perturbations naissent aussi Sud, elles repoussent l’anticyclone en l’écrasant et en pompant le vent de tout l’Atlantique… Le danger vient du Nord comme le laissait entendre Gio en annonçant encore une dépression pour la fin de la semaine, mais cette fois venant du Sud-Ouest des Açores : ceux qui arriveront (et il faudra donc être sur une route très Nord) à passer par-dessus vont débouler avec des vents portants de plus de trente nœuds ! Et ceux qui passeront au Sud vont manger des vents contraires et forts… Comme aux échecs, il faut anticiper les coups à plus de trois jours !
Le train des alizés est en retard
Si ce n’est pas la panne sèche, ça y ressemble ! Les trois Sudistes ont bien du mal à mettre les Canaries dans leur tableau arrière… À moins de cinq nœuds de moyenne, les journées sont longues même si elles sont plus agréables sous le soleil et avec des températures déjà bien estivales. Mais David Consorte et Arnaud Aubry (Adriatech), Erik Nigon et Marc Jouany (Axa Atout cœur pour Aides) et surtout Mike West et Paul Worswick (Keysource) encore en rade le long du Maroc, ne voient toujours pas venir le train des alizés ! Ils vont arriver certes, mais très progressivement, ce qui commence à plomber sérieusement l’option canarienne : 700 milles de retard sur une traversée de l’Atlantique jusqu’aux Antilles de 2 700 milles, deviennent un écart difficilement rattrapable. Mais il n’y a plus d’autres solutions que de plonger encore et encore, probablement jusqu’au Cap Vert avant de mettre vraiment le clignotant à droite et foncer avec plus de vingt nœuds de Nord-Est. Au moins encore une journée au ralenti pour ces trois Class’40…
Quant aux deux attardés qui ont fait escale technique, qui à La Corogne, qui à Cascaïs, ils ne sont plus trop à la fête non plus : Patrice Carpentier et Victor Maldonado (Crédit Maritime) ont choisi de prendre aussi la route directe du Nord, tandis que Yves Ecarlat et Lionel Regnier (Vale Inco-Nouvelle Calédonie) semblent encore hésiter à suivre des chemins de traverse… Les deux bateaux étaient malheureusement mardi après-midi, englués dans une zone sans trop de pression ! En tout cas, il devrait y avoir une belle bataille navale dans le Nord ces deux jours prochains car les leaders semblent en ballottage : un regroupement général de la flotte du Nord en plein milieu de l’océan ne serait pas surprenant…
Trio de tête du 27/10/09 à 16H (UTC)
1 : Initiatives – Novedia
2 : Cargill-MTTM à + 22.57 milles
3 : Telecom Italia à + 28.62 milles
Crédit et Source : La Solidaire du Chocolat