Le Golfe à pas de deux en direction de Wolf Rock à pas de loup… Derrière les premières lignes des classements qui se suivent et semblent se ressembler se dessinent les chemins qui mènent dans le petit temps vers la porte de la pointe de Bretagne, passage obligé avant le petit crochet au nord vers Wolf Rock, au large de Land's End en Angleterre. Pour reprendre les mots de Kito de Pavant à bord de Groupe Bel : « Les routes des concurrents divergent par paire : les deux premiers à l'est, les deux suivants au nord et plus au large, et les deux derniers au ralenti ». Avec des concurrents qui se suivent pour mieux régater au contact et des options qui divergent, entre grande stratégie et tactique fine, tous les ingrédients sont réunis pour entretenir le suspense en ce dimanche dans les eaux tortueuses de l'Atlantique. Petit tour d'horizon de la flotte de l'Istanbul Europa Race très éclatée en latitude comme en longitude…
A l'aube du 6è jour de course, à la latitude de la Bretagne sud, Foncia (Michel Desjoyeaux) ouvre toujours la voie. Mais il est suivi comme son ombre par Veolia Environnement (Roland Jourdain), qui mille après mille grignote du terrain. Ce matin, seuls 7 milles séparent ces deux tête de liste aux avant-postes. Comme prévu, les conditions météo complexes et aléatoires dans les eaux tortueuses du golfe de Gascogne, en tout cas propices au remue-méninges et aux chamboulements dans les classements, ont donné du fil à retordre aux équipages. Les protagonistes en lice pour ce grand parcours côtier de dimension européenne entre Barcelone et Brest n'ont encore pas dû ménager leur peine pour tirer le meilleur de leur coursier des mers au louvoyage dans des petits airs océaniques presque aussi capricieux que leurs cousins de Méditerranée.
A 330 milles de l'arrivée
Y aura-t-il un changement de leader en ce dimanche, veille de l'arrivée annoncée à Brest ? Tout est possible et c'est bien-là ce qui fait le sel de cette troisième et dernière étape de l'Istanbul Europa Race, disputée avec une opiniâtreté de tous les instants. En tout cas, Roland Jourdain et les siens, remontés comme des pendules depuis le départ de la capitale catalane, portés par leur intention de briller dans leurs eaux qui baignent la cité du Ponant, ont encore réduit l'écart face aux hommes de Michel Desjoyeaux. A 330 milles de l'arrivée, ils affichent une vitesse d'un nœuds supérieure à celle de leurs prédécesseurs qui en dit long sur leurs intentions.
A l'ouest, du nouveau
Derrière, la lutte n'a pas non plus baissé d'intensité entre Groupe Bel (Kito d Pavant) et Paprec-Virbac 2 (Jean-Pierre Dick). Les duettistes lancés aux trousses des deux premiers, dans des conditions qui favorisent ceux de devant, sont néanmoins passés à l'offensive. Ils ont mis beaucoup d'ouest dans leur route. Très détachés au large, ils régatent toujours avec la même conviction pour tenter de combler les écarts qui se sont creusés avec le duo de tête. Entre eux, la bataille fait toujours rage. Ce dimanche matin, l'avantage revient au bateau à la robe rouge, toujours très à l'aise dans le petit temps. Le voilà crédité de 16 milles d'avance sur son plus proche concurrent, son complice de la remontée du golfe de Gascogne.
Au large du Portugal
Pour les autres, la guerre du Golfe n'a pas encore lieu. Dans un tout autre système météo, ils accusent toujours un retard qui ne cesse d'augmenter au fil des milles dans des conditions qui, comme le veut souvent la course au large, enrichissent les plus riches. Dans un léger flux de nord qui souffle pile dans les étraves, ils progressent toujours le long des côtes portugaises. A bord de 1876, Guillermo Altadill et les siens, handicapés par de sérieux soucis de gréement, progressent vers le cap Finisterre qu'ils devraient parer dans les prochaines heures. Quant à DCNS (Marc Thiercelin), il se démène toujours comme un beau diable dans des vents trop absents qui refusent dans tous les sens du terme. Au ralenti, il a désormais laissé Lisbonne dans son tableau arrière...
Source : Istanbul Europa Race