Victorieux à Brest au terme d'une troisième étape complexe, Michel Desjoyeaux et le Team FONCIA ont remporté ce mardi au petit matin la première édition du tour de l'Europe, l'Istanbul Europa Race. Retour sur images et cap sur l'avenir...
© Jacques Vapillon
Presqu'un mois de mer et une régularité métronomique pour FONCIA et son équipage. Deuxièmes à Nice (étape 1), deuxièmes à Barcelone (étape 2) et enfin premiers au terme de la plus longue étape entre l'Espagne et Brest (via le phare de Wolf Rock en Cornouaille), Michel Desjoyeaux et ses hommes n'ont pas volé leur couronne dans cette toute première édition de l'Istanbul Europa Race. Dans les petits airs, à la limite de la renverse de courant et sous la menace permanente de leurs proches adversaires, ils sont arrivés à Brest à 3h50 ce matin... fourbus mais ravis de cette expérience collective inédite et rafraîchissante.
Les joies et les enseignements de la course...
Michel Desjoyeaux : « De la joie et du bonheur, oui, pour plusieurs raisons. D'abord parce que notre équipage, ou plutôt nos équipages, ont été super sur les trois étapes. Ensuite, parce que nous sommes allés dans des endroits que nous ne connaissions pas et que nous avons navigué proprement. C'est une victoire méritée. Enfin parce que j'ai un Jérémie Beyou (ndr : son futur coéquipier pour la Transat Jacques Vabre) qui est à fond, ravi d'être là et que tout fonctionne entre nous de manière simple et efficace. Et puis il y a eu de la bagarre tout le temps, ça a été très intéressant en météo, stratégie, on a appris plein de choses. J'ai aussi la confirmation que FONCIA est un bon bateau, qu'il est très agréable &a grave; mener et même s'il y a quelques allures que nous devons travailler (le vent arrière dans le petit temps par exemple), cela ne remet pas en cause sa polyvalence. »
Une régate tambour battant
Michel Desjoyeaux : « Avec Jérémie, nous étions encore dans le rythme du Figaro. Sur la troisième étape, avec Gildas Mahé, cela faisait trois figaristes à bord, alors on n'a pas arrêté d'appuyer sur l'accélérateur. Le bateau n'a absolument rien cassé, nous n'avons rencontré aucun problème technique qui nous aurait obligé à lever le pied, du coup nous avons toujours été très disponibles pour la stratégie et nous n'avons jamais hésité à manœuvrer. »
Un goût de reviens-y
Michel Desjoyeaux : « Le fait que ce soit en équipage et sur des parcours totalement inédits apporte beaucoup de fraîcheur et ça, c'est très positif. Dans deux ans, je crois que Cumali Varer (ndr : l'organisateur de la course) nous concocte un parcours encore plus sympa. De mon côté, je pense qu'il faut ajouter encore plus de spectacle et embarquer des invités à bord. Les régates telles que celle que nous avons faite dans le Bosphore pourraient compter au classement, c'est bon pour le show et la médiatisation. Enfin, il faut arriver à dynamiser l'épreuve pour avoir plus de six bateaux au départ. Cela dit, je pense que ceux qui ne sont pas venus vont peut-être le regretter... »
Le programme des semaines à venir à 46 jours du départ de la Transat Jacques Vabre...
Michel Desjoyeaux : « Comme le bateau est en parfait état, il va rester à l'eau. Il y a des petites bricoles à faire, mais pas grand-chose. De mon côté, je vais profiter de quelques jours de repos bien mérités avant d'attaquer la suite. Samedi et dimanche nous avons la régate de clôture à Brest suivie de la remise des prix. Ensuite, nous ramènerons le bateau à Port La Forêt pour participer à deux stages d'entraînement en double début et mi-octobre. Le bateau doit être au Havre le 30 octobre (départ le 8 novembre). Le temps va vite passer et il faudra aussi veiller à se reposer. Là, je suis encore dans l'euphorie, mais quand la pression va retomber... »
© Jacques Vapillon
Les mots du Team FONCIA...
Jérémie Beyou : « Avec Michel et tous les autres, on a bien rigolé. On a tous essayé de partager nos compétences et notre feeling sur les réglages, la marche du bateau, la stratégie. Or, cette dernière étape n'était pas simple au niveau météo. Il ne fallait pas prendre feu et essayer de garder une logique en restant le plus froid possible. De ce côté là, Michel est vraiment calme et du coup, c'est plus facile. Même si on n'a pas pensé deux secondes à la Transat Jacques Vabre, c'était très bien d'être là pour découvrir les subtilités du bateau dans un contexte de course avec des adversaires qui vont parfois deux fois plus vite que toi. »
Marc Liardet : « Déjà, en étant Brestois, c'est assez jouissif d'arriver chez soi à la première place. Ce n'est pas rien. Ensuite, il s'agissait de ma première course au large, je n'avais jamais navigué plus de quatre jours d'affilée auparavant. Au départ, tu trouves ça long et puis, petit à petit, tu y prends goût ! En fait tout évolue très vite, c'est très intéressant. Voir Michel (ndr : Desjoyeaux) placer le bateau dans les bons systèmes météo, dans le bon tempo... c'est assez fabuleux ! Tu réalises vraiment tout son talent ! Physiquement, c'est plutôt riche aussi. Il ne faut pas se poser de questions : s'il faut y aller, tu y vas, c'est tout ! A un instant « t », tu es dans la bannette à te reposer et quelques secondes après tu entends : « On vire » ! Là, tu t'éjectes de l'intérieur, tu te jettes sur la colonne de winch et tu reviens rincé ! »
Gildas Mahé : « J'ai pris un bon coup de manivelle dans la mâchoire, mes dents sont rentrées dans ma langue. J'ai été gêné pendant 24 heures pour boire et manger mais après, ça allait. J'ai surtout fait attention de bien désinfecter. Sinon, mon expérience sur cette étape a été vraiment sympa. Bonne ambiance et belle machine. Je n'avais jamais navigué sur ces bateaux si ce n'est à la journée. Il n'y a pas de quoi s'ennuyer en tout cas ! A chaque fois que le vent bouge de 5 degrés, tu changes une voile ! »
Source : Team Foncia