Après les runs de vitesse hier, pour le plaisir, le Bosphore a fait place à la compétition de haut vol en ce samedi. A 11h22, Recep Tayyip Erdogan, le Premier Ministre turc, a libéré les six équipages de l'Istanbul Europa Race 2009 devant l'église Sainte-Sophie. Après un parcours inaugural offert à la ferveur des stambouliotes venus en nombre pour saluer une dernière fois les marins, la flotte s'est engagée en Mer de Marmara. Devant leurs étraves, 1 450 milles à parcourir pour rallier Nice via le détroit des Dardanelles, la mer Egée et la Sicile dans des vents annoncés légers. Autant dire que pour cette première étape, tous les scénarios sont possibles…
C'est sous un grand soleil et dans des vents erratiques que les six monocoques ont quitté la marina d'Atakoÿ ce matin, laissant dans leur tableau arrière une semaine riche en émotions et en rencontres. Un à un les équipages ont rallié une dernière fois le Bosphore, décor du départ de cette première étape. Dans un vent de secteur Ouest soufflant 6 à 8 nœuds, c'est au Premier Ministre turc qu'est revenu l'honneur de libérer les trente marins partant à la conquête de l'Europe. Les compétiteurs sont alors entrés en piste, laissant libre cours à leur caractères guerriers. Si c'est à Michel Desjoyeaux et son Team que revenait la palme du meilleur départ, derrière la concurrence n'était pas en reste. Un bras de fer s'engageait alors entre les espagnols de 1876 qui abattaient en grand pour couper la ligne, venant griller la politesse à Jean-Pierre Dick, qui dans l'enchaînement des évènements entravait malgré lui la trajectoire de DCNS. Si les hommes de Paprec Virbac 2 réparaient sur le champ, ils déferlaient dans la foulée leur pavillon de protestation ; faisant savoir au jury de l'Istanbul Europa Race qu'il lui faudra statuer à l'arrivée à Nice.
Michel Desjoyeaux, meneur de troupe
Passé ce léger embouteillage sous Sainte-Sophie, la flotte, placée sous le commandement du dernier vainqueur du Vendée Globe, mettait le cap vers la dernière marque à respecter avant le détroit des Dardanelles ; une bouée mouillée suffisamment proche de la terre pour permettre aux stambouliotes de saluer une ultime fois ceux qui sont devenus leurs pourvoyeurs de rêve. Michel Desjoyeaux, décidemment très à l'aise dans les petits airs, était le premier au rendez-vous et relançait immédiatement pour sortir du Bosphore et gagner la mer de Marmara. Derrière, suivaient 1876, Veolia Environnement, DCNS, Paprec Virbac 2 quand Groupe Bel, piégé par les petits airs au moment du départ puis enchaînant quelques difficultés de manœuvres en slalomant au milieu des cargos, fermait la marche. Une superbe bagarre de virements de bord s'engageait alors, laissant aux stratèges et aux amoureux de la belle manœuvre tout le loisir de déployer la palette de leurs talents et prouvant si besoin était que les forces en présence sont suffisamment nombreuses pour se livrer à des joutes enflammées.
Les Dardanelles dans la nuit
Après quelques heures de course, et alors que Foncia et Michel Desjoyeaux sont toujours aux avant-postes, la flotte a mis le cap au portant sur le détroit des Dardanelles. Cet enjeu majeur de la guerre de Troie, reliant la mer de Marmara à la mer Egée, s'annonce comme la première difficulté de cette étape entre Istanbul et Nice. A l'heure actuelle, la négociation soulève bien des incertitudes, tant les vents semblent vouloir jouer les filles de l'air. Selon toute vraisemblance, c'est aux environs de minuit que les premiers devraient y faire leur entrée, profitant quoi qu'il arrive d'un courant favorable. En attendant, les eaux turques vont rester le terrain de jeu de la flotte d'ici à la tombée du jour et la température ambiante ne devrait pas manquer d'échauffer les esprits. Avis aux spectateurs, la bataille des Dardanelles va débuter !
Les premières impressions après le départ :
Michel Desjoyeaux – Foncia
« C'était un beau départ et finalement le vent du large avait raison. Nous nous sommes bien positionnés et, ce n'est pas si fréquent, nous avons pris un excellent départ. J'ai vu que ç'a été chaud puisque Paprec-Virbac 2 a pris une pénalité et posé réclamation contre 1876. Comme quoi, on n'a pas besoin d'être 50.000 pour se foutre sur la gueule ! On est six et je pense que ça va continuer comme ça. Là on zigzague entre les cargos et je confirme que la mer de Marmara est compliquée. Je vois Groupe Bel sous spi le long de la côte et nous, on tire des bords. Il fait beau, il fait chaud. Tout va bien. D'Istanbul je retiens la régate sur le Bosphore à refaire absolument et l'enthousiasme du public. Le plus terrible est que je vais devoir y revenir en vacances ».
Roland Jourdain – Veolia Environnement
« Cela fait une semaine qu'on se prépare à partir sous la brise et finalement je crois qu'Istanbul ne veut pas que l'on parte. Au départ on a opté pour la sagesse et on a laissé les chiffonniers se battre entre eux. Nous sommes restés derrière avant de faire notre place ».
Source : Istanbul Europa Race