Solo Ports de France / yann Eliès de retour aux avants postes

Le skipper Briochin Yann Eliès s'est imposé hier matin dans la Solo-portsdefrance.com, course de 400 milles en solitaire au départ et à l'arrivée de Concarneau réservée à la Classe Figaro. Pour sa première navigation en course depuis le terrible accident survenu au coeur de l'Océan Indien lors du Vendée Globe, Yann Eliès démontre qu'il n'a non seulement rien perdu des qualités qui ont fait de lui sur ce même support un multiple champion de France de Course au large, mais que sa rage de vaincre, exacerbée par de longs mois de rééducation intensive, se trouve désormais décuplée dans la perspective de la Solitaire du Figaro en août prochain.



Ce qui devait être une aimable entrée en matière, reprise en main du bateau et recherche paisible du plaisir et des sensations marines, s'est soldé hier matin à 01 heures 57 par un passage de ligne d'arrivée gagnant pour le skipper de Generali. Yann Eliès, qui n'avait plus couru en Figaro depuis 2006 et avec un peu moins d'une centaine de milles d'entraînement à bord de son Figaro, signe un retour tonitruant au sein de la Classe des Solitaires de course au large ; première nav', première course, et première victoire! Yann qui, voici encore quelques jours, se déplaçait toujours avec l'aide d'une canne pour soulager son fémur brisé net le 18 décembre dernier loin dans les 40ème Sud, a d'emblée retrouvé les sensations et le plaisir de la navigation en solitaire tout au long des 400 milles de régate proposés depuis la pointe de Bretagne jusqu'à l'embouchure de la Loire et retour. Un parcours parfaitement typé et estampillé "Figaro", avec deux nuits en mer, et une multiplication de difficultés météos associées aux nombreuses allures rencontrées. Face à un plateau relevé comprenant nombre de coureurs expérimentés et la fine fleur de la génération montante de Figariste, Eliès s'est rapidement installé aux commandes de l'épreuve pour s'imposer au terme de 60 heures de course débridée devant Antoine Koch, Charles Caudrelier, Gildas Mahé et Armel Le Cléac'h, excusez du peu.

Ravi de ce retour gagnant, totalement rassuré sur l'intégrité de ses réflexes et de ses automatismes, Yann Eliès est simplement heureux d'avoir renoué avec le plaisir de la navigation en course et au contact sur un support qu'il maîtrise toujours aussi parfaitement malgré trois années d'interruption en 60 pieds.

"J'ai effectué voici deux semaines un stage de trois jours d'entrainement à Port la forêt, dans du petit temps. Je me suis d'emblée rassuré et aucune peur, crainte ni appréhension n'est venue gâcher mon plaisir de naviguer." explique Yann Eliès au sortir d'une sieste réparatrice. " J'ai navigué 10 ans en Figaro, et la voile est bien comme le vélo ; on n'oublie rien. Cette Solo-portsdefrance.com nous a offert un large éventail de conditions de vent et de mer, entre zéro et 20 noeuds de vent, avec un passage à Sein musclé. J'ai tout encaissé, en mettant l'accent sur l'anticipation non seulement des manoeuvres, mais aussi de la gestion de mes forces et du sommeil." Régate intense, régate au contact, "avec une dizaine de bateaux à vue en permanence", toutes les conditions étaient réunies pour offrir au convalescent du Vendée Globe la chance de renouer avec la compétition. "Je venais ici avec pour seule objectif, le plaisir. "avoue le skipper de Generali. "Et le bonheur de naviguer était au rendez vous, bonheur de régater au contact, bonheur de multiplier les manoeuvres, envois de spis notamment sur un parcours très technique."


Première sortie et première victoire ; Yann Eliès ne se berce pas d'illusions. Il sait que des lendemains plus ardus l'attendent. "Ma motivation, déjà immense au sortir de 5 mois terribles de reconstruction et de rééducation, est ce soir décuplée par ce premier succès. J'ambitionne plus que jamais un bon résultat dans la prochaine édition de la Solitaire du Figaro, et je place d'ores et déjà le curseur de mes projets sur le départ du prochain Vendée Globe en 2012."


Blessé, meurtri, au plus bas physiquement et mentalement voici moins de 5 mois, Yann Eliès, animé d'une formidable foi en sa capacité à vaincre l'adversité, a ce week-end posé le premier jalon de sa reconstruction de marin et de coureur océanique. Beaucoup de travail et d'efforts l'attendent encore, mais ainsi qu'il l'annonçait déjà sur son lit de douleur à l'hôpital de Perth en Australie au lendemain de son opération du fémur, "nul marin n'aura plus que moi envie de naviguer, et de gagner..."

Crédits Photos : Vendée Globe 2008
Source : Générali