Marc Guillemot (Safran) à la vacation :
"J'ai douze nœuds de vent et il y a toujours cette houle résiduelle, la mer n'est pas agréable. Quand le vent mollit, comme ce matin, ça devient difficile avec les voiles qui claquent et la mer qui continue à avoir de la houle. C'était chaud, cette nuit, j'ai eu trois alertes, il faut que je garde l'écoute au poignet pour dormir. J'ai du choquer en catastrophe... La troisième place est loin d'être acquise et je m'en voudrais de ne pas m’être battu pour la conserver. Depuis le lever du jour, je surveillais le baromètre, et quand j'ai senti que ça mollissait, je me suis préparé pour l'empannage, ce qui m’a pris 35 minutes, pour être sécurisé avec les ballasts. Mais au moment où j'ai empanné, il n'y avait plus que 7 nœuds de vent. La prochaine fois il faudra que j'anticipe plus. J'arrive plutôt lundi. Enfin, au portant je vois comment je me situe, mais au près, c'est plus difficile d'anticiper. Ce n'est pas simple, et sur l'autre amure, en route directe vers les Sables, plus ça allait, plus ça adonnait et avec la houle, c'était difficile, le bateau roulait. Le pilote avait du mal, il m'a fait un empannage intempestif. C'était un peu chaud mais tout s’est réglé quand j’ai déconnecté le pilote."
Sam Davies (Roxy) dans un message envoyé cette nuit :
"J'écris au clair de lune, qui ruisselle dans la cabine, alors que Roxy caracole sous Sophie, le grand spinnaker. La lune brille derrière elle et souligne la silhouette de la fille imprimée dessus - c'est magnifique !
Deux changements de voile aujourd'hui - Geneviève d'abord ( qui était très heureuse d'étendre sa toile, ayant passé la journée précédente bien roulée et serrée dans trente nœuds de vent ), puis Sophie, le spi. A chaque fois c'est dur de hisser la voile (qui pèse à peu près le même poids que moi) en haut du mât. Après, je suis vidée pour quelques minutes ! Mes mains souffrent aussi et je pense qu'il faudra plus d'une manucure pour les retransformer en mains de fille !
Maintenant, c'est le moment que je préfère - pouvoir avancer avec de grandes voiles dans la nuit noire. C'est un peu excitant, de laisser Roxy naviguer seule avec tant de puissance et il faut de l'entrainement pour arriver à dormir ! Heureusement, j'en ai plein !
J'ai déjà fait un petit somme, mais j'ai été brutalement réveillée quand mon lit (normalement horizontal) s'est brusquement penché et je me suis retrouvée en tas, à l'endroit où normalement étaient mes pieds... un petit "dérapage" causé par une, très impolie, rafale à 22 nœuds ! J'étais sur le pont en quelques secondes pour relâcher la toile et Roxy se remit droite rapidement, le mât pointant dans la bonne direction !
Le seul souci fût que dans la précipitation, j'ai mis mes bottes aux mauvais pieds ! Je ne sais pas pourquoi mais ça m'arrive fréquemment tout au long de ce voyage. J'ai même écrit "bâbord" et "tribord" dessus mais ça n'a rien changé. Je m'en sers pour réaliser à quel point je suis fatiguée. Si je mets les deux bottes avant de réaliser qu'elles sont aux mauvais pieds, je suis vraiment trop fatiguée !
Il me reste un peu plus de 600 milles - une vraie "Fastnet Race" (régate Cowes-Plymouth) - et ma dernière ETA est pour samedi au petit matin ! Bien que cela pourrait changer, car le vent semble assez faible et compliqué pour mes 200 derniers milles..."
Source : Vendée Globe