Marc Guillemot est reparti d’Auckland Island samedi soir après avoir réussi à réparer son rail de grand voile au mouillage dans la baie de Port Ross, au milieu des algues et des lions de mer… Le skipper de Safran peut désormais envoyer sa grand voile haute !
« Quelques détails rapides pour résumer mon passage au mouillage d’Auckland Island sous l’île Nord Enderby à Port Ross. Arrivée sans soucis jusqu'au mouillage dans des fonds sableux de 7 mètres. Je mouille l'ancre alu + 15 m de chaîne + 15m câblot polypropylène de 20 mm. Aussitôt mouillé, j'attaque l'escalade et 20 minutes plus tard, grosse déception : le travail que j'ai préparé est obsolète, les dégâts sont plus importants sur la portion du dessus et sur celle de dessous. Je pense que la grand voile s'est dehookée, est descendu un peu avec l'élasticité de la drisse et a arraché le rail alu non renforcé entraînant l'insert titane. Je redescends, il fait nuit, il pleut, les éléphants de mer sont bruyants et des phoques s amusent pas très loin du bateau. Un oiseau se réfugie dans le cockpit, je l'attrape et le lance, il s'envole, aucune idée de la "marque".
Dépité, je décide de repartir avec uniquement la possibilité d'avoir trois ris. Après discussion avec Thierry (Brault, project manager) pour l'informer de ma décision, Gérard m'incite et m'encourage à repartir. Il fait nuit noire, je suis HS, il pleut : je change pourtant d'avis, merci Gérard. Une et demi à préparer le morceau de rail d’environ 0,50 m, une petite bouffe toute simple et quelques heures de bannette en attendant le levé du jour. Milieu de nuit, les éléphants de mer sont de plus en plus bruyant, j'entends des trucs bizarres, je dérive et suis dans des algues géantes. Je déroule le foc de route, et fait cap au Sud. Le câblot du mouillage est sectionné. Je retrouve ma trace, la première, la suit et revients après 2 bords sur ma position initiale à petite vitesse. Je sens qu'il y a des algues accrochées dans la quille.
Deuxième mouillage avec la grosse ancre, + 15 m de chaîne et 10 m d'une écoute de spi bien costaud. Bannette avec radar et tactique en alarme. Au petit matin, sous la pluie, en route pour l'ascension. Mieux préparé, techniquement et psychologiquement, j'y vais avec des énergies positives. Rail du haut coupé, ensuite celui du bas, perçage et taraudage pour les hélicoïdes de la partie haute, rail fixé puis perçage et taraudage du bas dans des trous décalés, le tout bloqué à la colle Loctic. Serrage, préparation de la descente, quelques photos et un peu de vidée et terminé. Environ 2h30 et vraiment satisfait. Je laisserai le deuxième mouillage, trop lourd pour mes petits bras épuisés.
Un explorateur sillonne la plage et prend des notes près des grosses bestioles. Deux mondes se sont rapprochés pendant quelques heures mais nos chemins ne se sont pas croisés. Je coupe après avoir hissé au ris trois, et avec la trinquette, je m'écarte vers la sortie de la baie avec des tonnes d’algues enroulées autour de la quille et du bulbe. La majorité finit avec le temps par partir. Je savoure avec plaisir ce départ avec un bateau capable d'affronter les vents les plus légers que j'aurai en remontant l'Atlantique. A bientôt.
Marco
PS: les explications et les renseignements fournit par les relations Néozed sur le site était parfaits et indispensable, merci à eux. Merci Gérard et grand merci pour tous les bons conseils technique de mon équipe SOG ! »