L’Océan Indien montre les crocs : tour à tour, de l’arrière de la flotte à la tête de course, les concurrents vivent des heures difficiles ou s’apprêtent à le faire. La flotte qui s’étale maintenant sur près de 3400 milles se répartit en une série de duos plus ou moins collés-serrés. Une occasion de se faire moins peur quand le vent monte en régime, que la mer gonfle et que le bateau part en survitesses sur des toboggans aléatoires… Météo France annonce sur la zone des vents de 40 nœuds avec des rafales à plus de 50.
Classement à 16h (TU + 1) :
1 – Michel Desjoyeaux (Foncia) à 13 287,7 milles de l’arrivée
2 – Roland Jourdain (Veolia Environnement) à 36,5 milles du premier
3 - Jean Le Cam (VM Matériaux) à 99,3 milles du premier
4 – Sébastien Josse (BT) à 104,4 milles du premier
5 – Armel Le Cléac’h (Brit Air) à 314,5 milles du premier
Classement des premiers étrangers :
10- Sam Davies (Roxy) à 928,6 milles du premier
11- Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) à 1049,7 milles du premier
12- Dee Caffari (Aviva) à 1448 milles du premier
Ambiance tendue sur la flotte du Vendée Globe… Alors que le gros du peloton est aux prises avec des vents puissants et une mer croisée, Eole a trouvé des exécutants dignes de leur mission puisqu’une nouvelle dépression particulièrement creuse s’apprête à balayer l’arrière de la flotte dans les quarante huit heures à venir. Les premiers peuvent espérer en réchapper, mais il semble bien que les heures à venir vont ressembler à un pensum pour les autres. Les leaders doivent, quant à eux, négocier une zone de transition délicate avant de repartir danser à pas feutrés sur le dos du Grand Méchant Sud. Pour la tête de pont l’ambiance était aujourd’hui plutôt à la concentration et la recherche du vent perdu.
L’heure des choix
Plus à l’arrière, les navigateurs solitaires doivent composer avec la dépression qui les malmène. Arnaud Boissières (Akena Vérandas) confessait naviguer sous grand-voile seule à trois ris quand Sam Davies (Roxy) reconnaissait n’avoir jamais vu une mer aussi forte de toute sa carrière de navigatrice. Même cas de figure pour Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) qui avait enregistré des rafales supérieures à 55 nœuds. Surtout, l’ensemble des navigateurs devait affronter une mer croisée terriblement difficile à négocier. Temps gris entre chien et loup, hurlements du vent mêlés aux sifflements de la quille dans des surfs difficilement contrôlés, voix blafardes à la vacation, l’heure n’était pas aux blagues de potache à la vacation de 11h.
Si à l’avant de la flotte, la guerre des nerfs bat son plein, d’autres semblent avoir adopté un mode de fonctionnement moins ambitieux, tout au moins en apparence. Finir le Vendée Globe avant tout, devient le leitmotiv de certains qui, soit par nécessité suite à des avaries, soit par adéquation du projet avec leurs ambitions, ont pour l’heure remisé les armes au placard. Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) contraint de jouer les carrossiers stratifieurs pour réparer son safran ou Marc Guillemot (Safran) qui doit remettre en état un rail de grand-voile endommagé n’ont pour l’heure guère le choix. D’autres réalisent à quel point le fait d’être encore en course est déjà précieux. Au regard du nombre d’abandons survenus lors de cette semaine sanglante, on peut les comprendre aisément…
Voix du large…
Marc Guillemot (Safran) : « Je suis un peu fatigué car j’ai dû faire deux escapades à mi-hauteur de mât. Depuis le passage de la porte ouest Australie, j’ai des soucis de chariot de grand-voile et je ne peux plus porter toute la toile. Mais je me suis reposé, je me suis restauré et je suis de nouveau en route, même si je ne suis pas à 100%. Les quatre leaders s’envolent, ils sont un bon petit groupe à se tirer la bourre, mais tant pis, je dois gérer le bateau et ma priorité, c’est de finir la course. »
Sébastien Josse (BT) : « On a eu une matinée mouvementée avec des grains de grêle et de grosses rafales. En ce moment, on est dans une transition, mais la mer est très formée, plus grosse que le vent. Je suis vraiment content d’être dans le bon paquet et ce qui m’importe, c’est d’y rester. Je dois dire que je suis satisfait de ma navigation jusqu’à présent. »
Source : Vendée globe