Le skipper est passé à l’Est ce matin, en franchissant la longitude du degré zéro au lever du jour. Il a aussi dépassé Sébastien Josse, le leader de la flotte du Vendée Globe. Il se retrouve désormais seul à ouvrir la marche, dans le désert du grand sud. Thomas Coville négocie déjà une houle d’Ouest annonciatrice d’une dépression qu’il touchera demain. Le vent basculera alors au Nord-Ouest et forcira autour de 30/35 nœuds. Autant dire que ce sera le premier « coup de chien » des 40èmes pour Thomas qui doit franchir le Cap de Bonne Espérance vendredi.
Thomas, quelle est l’ambiance dans les 40èmes ? « C’est magique ! J’ai d’ailleurs deux albatros derrière moi. C’est le début des choses sérieuses. Ça va être virile ! Je navigue avec 3 - 4 mètres de houle de travers, le bateau part en surf dans les vagues. Ce sont des conditions un peu rock’n roll, avec des grains qui passent et pas mal de rafales à plus de 30 nœuds. C’est très grisant. Ce sont des conditions comme on en rencontre peu. Je joue avec les vagues même s’il faut rester vigilant car la vague n’a qu’une envie, c’est de me faire chavirer. »
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Qu’est ce qui t’attend maintenant, à l’approche de l’Afrique du Sud ? « Demain dans la journée et pendant quelques jours, je vais être poussé par une assez grosse dépression qui m’emmènera au-delà du Cap de Bonne Espérance et, je l’espère, jusqu’au plateau des Kerguelen. A la différence des marins du Vendée Globe, je n’ai pas de portes sur mon parcours. C’est ce que j’aime, cette la liberté des choix. »
Comment va le marin ? « Bien ! Le plus difficile est la gestion du sommeil. Pour dormir, il faut ralentir un peu, et pour l’instant je n’ai pas beaucoup ralenti. Mais je suis bien à bord, bien dans mon bateau. Je vais vite. Je m’éclate ! La vitesse en multicoque est un exercice difficile où la moindre erreur est fatale mais je fonctionne beaucoup au feeling. J’arrive à doser la vitesse de mon bateau. Depuis l’an dernier, j’ai gagné en sérénité. C’est la tension permanente de la vitesse qui est usante et ça ne s’arrête jamais, je suis obligé d’être toujours sur le fil du rasoir. »
Comment vis-tu le retard sur Francis Joyon (570 milles ce soir, soit une journée) ? « J’évite de regarder le sommet de la montagne, sinon ça donne bourdon. Je vis au jour le jour. J’avance mes pions en me disant que sur la globalité ça va payer. Michel Dejoyeaux me fait du bien... je me dis que s’il revient dans une course où les conditions météos sont les mêmes pour tous, il n’y a pas de raison qu’avec des conditions différentes, je ne puisse pas me refaire aussi. »
Quel œil portes-tu sur le Vendée Globe ? : « Je suis attentif puisqu’ils me sont utiles en observant leur vitesse suivant les conditions de vent et de mer qu’ils rencontraient devant moi. Ce début de course est aussi passionnant avec la psychologie des uns et des autres qui se dévoilent. J’ai eu quelques concurrents au téléphone comme Dominique Wavre ou Yann Eliès. Des conversations toujours très agréables puisque nous comprenons vraiment ce que vit l’autre. »
Source : Sodeb'O