Extraits de la vacation radio enregistrée à la mi-journée :
Ta réaction suite à l’annonce du démâtage de Mike Golding dans le Vendée Globe ?
« Nous vivons tous avec l’angoisse de la casse. Je sens que mon bateau souffre, je suis forcément tendu en me demandant ce qui va finir par lâcher. La voile est un sport mécanique avant tout. Savoir quand tu es juste à la limite et quand tu la dépasses est très délicat."
Ton analyse de la remontée saisissante de Michel Desjoyeaux ? :
« Un Michel Desjoyeaux agacé et vexé en vaut deux ! Pour avoir été déjà bord à bord avec lui, c’est difficile de le garder derrière. Il a été malin et a bénéficié de conditions météo très favorables. Il arrive à être au-dessus de la moyenne et sur la durée. Il sait être une machine et avancer sans se poser de question. Pour moi, c’est souvent une référence de ce point de vue. »
Pourquoi conserves-tu une trajectoire aussi Nord ?
« L’année dernière, une énorme plaque de banquise de plusieurs kilomètres de long s’est décrochée de l’Antarctique vers le Pacifique et elle s’est morcelée depuis. Nous ne sommes pas des gladiateurs, on ne fait pas les jeux du cirque et lorsque nous avons des informations sur une zone à risques nous cherchons à l’éviter, c’est l’une des raisons pour lesquelles je fais une route plus Nord que celle de Francis actuellement. »
Tu es bientôt à mi-parcours, comment abordes-tu cette seconde partie de tour du monde ?
« Comme elle vient, avec ce retard. On savait que la trajectoire de Francis jusqu’ici a été exceptionnelle et la seconde moitié est celle où il faut que je revienne. Le Pacifique sans doute assez peu mais c’est sur la remontée de l’Atlantique où j’ai une chance de reprendre mon retard. Nous estimons qu’il y a entre 3 et 4 jours à gagner sur cette partie. Il faudra que le bateau soit en parfait état et que je sois suffisamment en forme pour un tirer le maximum. »
Dans quel état psychologique es-tu ?
« On a eu tendance à dire parfois qu’il suffisait de tenter les records pour les réussir et la performance à battre aujourd’hui donne aussi toute la valeur sportive de ce record. Ellen et Francis avaient beaucoup d’avance à ce stade. Ils n’ont pas eu comme moi à se battre avec du retard ce qui me fait aujourd’hui beaucoup travailler sur moi-même pour continuer à avoir autant la niaque. Avoir la force de caractère de revenir est le signe des grands champions et je me dis que cela vaut le coup de s’accrocher, de serrer les dents. »
Comment va ton bateau avant d’entrer dans le Pacifique ?
« Sodeb’O est ma satisfaction première. Je me sens très bien à bord. Plus ça va et plus on fait corps. Nous sommes devenus deux potes qui ont envie de finir ce tour ensemble ! On est tous les deux en bon état malgré cette mer chaotique. J’éprouve un vrai plaisir à avoir fait naître ce bateau avec toute l’équipe.»
* 628,5 milles parcourus par le Maxi Trimaran Sodeb’O à la vitesse moyenne de 26,19 nœuds le 7 décembre dernier dans l’Océan Indien (en attente d’homologation par le WSSRC).
Source : Sodeb'O
Crédit photo : Sodeb'0