Dimanche sous adrénaline
S’il est presque volubile sur la vidéo qu’il nous a envoyée ce matin, le mail reçu dimanche à 19h était lui plus laconique mais très explicite :
« Latte Ok
Bateau en route
Gennaker trinquette, grand voile
Bateau de nouveau à 100%
Fatigué mais content de l'avoir fait !
A+ Tom »
Thomas Coville à l'entrée des Quantièmes :
Thomas a effectivement surmonté hier avec succès une épreuve délicate. Celle du changement d’une latte de grand voile, impliquant de se hisser seul au bout de la bôme, d’extirper, malgré l’humidité et le sel, la tige de 9 mètres en carbone endommagée, puis de réinsérer la nouvelle latte à l’intérieur de la voile. Le tout en équilibre instable à plusieurs mètres au-dessus du pont. Franchement, on a vu plus reposant comme dimanche !
1,2,3...4 empannages
Mais c’est fait et bien fait, et le maxi trimaran fille désormais vers Bonne Espérance. Le vent d’Ouest-Nord-Ouest souffle pile poil dans l’axe de la route et Thomas doit maintenant tirer des bords. Après deux empannages cette nuit, le skipper en a effectué un troisième à 10 heures ce matin et il empannera à nouveau dans quelques heures.
Autant dire que le skipper ne se ménage pas. Chaque manœuvre demande de longues minutes de travail sur le pont pour préparer les écoutes, le mât, basculer la bôme, régler les voiles sur la nouvelle amure, tout ranger dans le cockpit…Bref, un travail de titan pour un solitaire qui ne sais plus si nous sommes le jour ou la nuit, la semaine ou le week-end et pour qui la vie s’organise autour de quelques degrés de latitudes et de longitudes…et ce n’est pas fini !
Avec les « Vendée globistes »
La stratégie consiste à rester pendant quelques jours dans une veine de vent assez étroite autour du 40ème degré Sud dans l’attente d’une dépression que Thomas touchera mercredi et qui doit l’emmener au-delà du Cap de Bonne Espérance.
Thomas navigue actuellement au milieu de la flotte des concurrents du Vendée Globe. Il a croisé hier la route de Brian Thomson avec lequel il a échangé quelques mots et progressait ce matin à une vingtaine de mille seulement de Michel Desjoyeaux.
Incroyable scénario. Dans un désert liquide comme cette région de l’Atlantique Sud, il y a foule. Déjà trois semaines de mer pour ceux qui ont quitté les Sables d’Olonne le 9 novembre et qui se livrent encore une régate au contact d’une intensité exceptionnelle, et déjà 13 jours de sprint pour Thomas qui lui a quitté Brest le 15, et partage ici encore un peu de convivialité avant la solitude du grand sud.
Source : Sodeb'O