Vendée Globe / Jérémie Beyou à bord de Delta Dore

Entre deux zones météo à négocier, les îles du Cap Vert et le Pot au Noir : en vidéo



" En nettoyant mon disque dur encombré de fichiers météo, de cartes, traces ou autres messages reçus, je suis tombé sur cette photo. Je devais la renvoyer par mail à terre et j'ai dû oublier...ou plutôt je la trouvais un peu laide, sans couleurs et elle représentait pour moi le passage des Iles du Cap vert qui ne fût pas ma meilleure option tactique !

D'accord, mais avant de la supprimer et de l'envoyer au fond de la corbeille virtuelle de mon PC, je me suis dit qu'elle avait quand même une valeur symbolique : c'est peut-être le dernier bout de terre que j'aurais vu d'ici la fin de mon tour de monde. Pas rien quand même !

Alors je vous l'envoie, et avec elle cette étrange sensation de vous envoyer la dernière trace de terrien qu'il restait en moi.Car je suis devenu depuis le départ plus un "sanglier" qu'un homme civilisé ! Le "sanglier", c'est le marin barbu, soucieux de sa machine et de sa météo, obnubilé par la notion de performance.
L'unique préoccupation du sanglier est d'être devant la meute et d'être sûr d'avoir à manger le soir.

Voilà, profitez de ces dernières phrases encore intelligibles, avant que je ne me renferme encore un peu plus sur moi-même, sur mon globe.
Cette course est dure, prenante, et c'est vrai que la faire partager au plus grand nombre est un plaisir, mais j'ai l'impression aussi que, plus je m'éloigne, moins nous parlons le même langage.

20 noeuds grand spi, c'est un peu chaud... Je vous laisse ! Jérémie."

source : Delta Dore