Après 48 heures de mer, neuf des trente solitaires engagés dans le Vendée Globe 2008-2009 ont dû faire demi-tour, dont deux ont signifié leur abandon à la direction de course suite à des démâtages. Si la forte tempête qu’a essuyée la flotte des monocoques Imoca hier est en partie à l’origine de bon nombre d’avaries, elle n’est pas la seule en cause. Aux avant-postes depuis les Sables d’Olonne, le monocoque armé par le Baron Benjamin de Rothschild occupe cet après-midi le haut du tableau, suivi à une poignée de milles par son sister-ship, Paprec –Virbac.
Gitana Eighty a franchi en début de matinée la latitude du cap Finisterre, à la pointe Nord-Ouest de l’Espagne ; un promontoire, à la mauvaise réputation pour ses abords mal pavés, qui marque la fin du golfe de Gascogne. Pour Loïck Peyron et ses concurrents les plus proches, l’heure est enfin à l’accalmie. Le fort coup de vent et la mer particulièrement violente du début de course sont désormais dans leurs sillages. Ils profitent d’un flux de Nord-Ouest plus modéré pour glisser au portant le long des côtes ibériques : « J’ai toute la toile sur le pont et les éléments se sont enfin largement adoucis … Le vent souffle entre 15 et 20 nœuds et Gitana Eighty est accompagné par une belle et longue houle. Le contraste est saisissant entre les conditions actuelles et celles qui ont régné lors des trente premières heures de mer. J’ai connu des conditions de vent pires dans le golfe, et notamment lors de la Route du Rhum 2002, mais cette fois-ci c’est la mer qui était la plus redoutable. Le bateau a encaissé des coups durs. Je n’ai pas encore pu faire un check complet, mais ça semble aller. C’est une première bataille de gagnée que d’être dans le bon wagon après la tempête. D’autres ont eu bien moins de chance que moi et mes pensées vont vers eux ! » glissait le skipper de Gitana Eighty en début d’après-midi.
Eprouvante pour les machines, cette entame l’a été tout autant pour les hommes, comme nous le confirmait Loïck Peyron : « dans un premier temps, c’est l’état de la mer qui n’était vraiment pas propice au sommeil, puis la nuit dernière, ce sont les manœuvres sur le pont qui n’ont autorisé que de courtes plages de repos. Il fallait renvoyer toute la toile au fur et à mesure que le vent mollissait après le passage du front. Mais désormais les conditions vont me permettre de récupérer.»
Effectuant un virement avant ses concurrents la nuit dernière, le marin baulois était au petit matin le plus proche de la côte. Un décalage qui lui permet de récupérer le leadership provisoire de la flotte cet après-midi. Constitué de six bateaux, le groupe de tête se tient en seulement 12 milles et a légèrement distancé ses poursuivants les plus proches à une quarantaine de milles.
Quelques heures après le départ, dans la nuit de dimanche à lundi, Gitana Eighty a évité un cargo tandis que le brouillard opaque avait réduit la visibilité : « J’étais dans la boucaille quand un cargo est apparu subitement non loin de Gitana Eighty. J’ai alors abattu pour m’éloigner de sa route mais comme un seul safran était dans l’eau, je suis parti à l’abattée … au final une belle figure de style et plus de peur que de mal.» Rappelons que Bernard Stamm a eu moins de chance puisqu’une collision avec un cargo maltais l’a contraint à revenir au port des Sables d’Olonne pour réparer son bout dehors brisé dans le choc. Le suisse n’a toujours pas pu reprendre la mer.
Classement du 11 novembre – 16 heures (heure française)
1. Gitana Eighty (Loïck Peyron)
2. Paprec Virbac (Jean-Pierre Dick) à 1,5 milles du 1er
3. Véolia Environnement (Roland Jourdain) à 3,1 milles
4. PRB (Vincent Riou) à 7,7 milles
5. BT (Sébastien Josse) à 12 milles
6. Brit Air (Armel Le Cléac’h) à 12,3 milles
Source : Gitana Team