Vu la fragilité du mât, Jérémie Beyou a décidé de se dérouter sur Récife, plus proche que Salvador de Bahia. Il devrait atteindre le port brésilien à l'aube mercredi prochain. Il tentera alors de mouiller, si les autorités portuaires l'y autorisent. Deux membres de son équipe à terre, Fanch Guiffant et Bruno Béhuret, se sont envolés pour Récife afin de faciliter les démarches sur place et d'assister Jérémie en cas d'extrême nécessité.
Jérémie ne cache pas qu'une réparation du gréement en solitaire s'avère très difficile mais tant qu'il n'a pas essayé, tout reste possible. Il maintient sa position en course.
Message écrit hier lundi 24 novembre adressé par Jérémie Beyou
" Une nuit pas facile vient de s'écouler. La barre de flèche du haut que je soupçonnais atteinte a fini par lâcher elle aussi. Il a fallu ressaisir le mât avec des drisses, entre les grains et surtout entre les cargos. (...) Un peu chaud donc les slaloms, d'autant que je ne peux pas empanner. L'objectif est d'arriver à l'abri avec un mât en un morceau. J'évite de me projeter plus loin que cela pour le moment, peut-être par pragmatisme, mais surtout par peur d'imaginer le pire.
Parce que c'est déjà bien assez dur de devoir supporter le fait d'avoir dû sortir de la jolie échappée que nous étions en train de mener moi et mes 9 compères. Naviguer comme ça au contact, avec peu d'écart de vitesse, en tête de la flotte, c'est vraiment ça que j'attendais de ce Vendée Globe. C'est une énorme frustration.
(...) Et pourtant cette fois-ci j'étais prêt. Confiant dans mon matériel. Motivé comme jamais. Oui mais voilà, il n'y a pas de justice en mer. Les éléments ne savent pas être équitables et les mauvaises passes peuvent durer longtemps, trop longtemps.
Quel sentiment m'habite aujourd'hui ? Une sorte de haine. L'envie de tout recommencer, de me retrouver quelques semaines plus tôt aux Sables avec d'autres pièces de mât que celles-là, prêt à repartir. Mais la machine à remonter le temps n'existe pas.
Je ne suis pas le seul impliqué dans ce projet. Le coup est dur pour Delta Dore, mon équipe, mes amis, ma famille. En plus d'être triste pour moi, je suis malheureux pour eux."
Source : Delta Dore