Vendée Globe / Desjoyeaux : "Pourquoi je reviens sur le Vendée Globe "

A moins de trois semaines du départ, Michel Desjoyeaux livre ses impressions sur le Vendée Globe, surnommé « l’Everest des mers », dont le coup de canon libérateur de l’édition 2008-2009 sera donné le 9 novembre prochain à 13h02. Une interview franche et précise sur l’événement phare de cette fin de saison pour le Team FONCIA.




Pourquoi revenir sur le Vendée Globe ?
« Lorsqu’enfant, tu apprends à mettre un pas devant l’autre sans te tenir ni à ta mère ni à ton père, tu affiches un large sourire et tu n’as qu’une envie : recommencer… J’ai la chance de vivre de ma passion et j’ai envie de refaire le Vendée Globe. Je n’y vais pas contraint et forcé. Je savais déjà en 2001 que j’y retournerais… ».

L’instinct a sa place sur le Vendée Globe ?
« Plus tu as de l’expérience, plus tu marches à l’instinct et moins tu travailles. Comme disait quelqu’un : l’expérience c’est un truc que l’on accroche derrière soi pour ne pas le voir. Quand tu ne sais pas, tu es obligé de te poser beaucoup de questions et donc d’utiliser beaucoup d’énergie pour trouver la moins mauvaise réponse. Celui qui gagne, c’est celui qui a fait le moins d’erreurs. Plus tu as d’expérience, plus tu emmagasines de choses dans ta mémoire et plus tu vas te servir de cette expérience pour répondre à une certaine situation et ce, à tous les niveaux : météo, tactique, technique, problème mental… »

Comment va se passer le passage de la terre à la mer ?
« Quand je suis à terre, je suis un terrien qui cherche à se coucher tôt et à se lever tard. Quand je suis sur l’eau, je suis un marin dont la mer, le bateau et la météo rythment le quotidien. Il n’y a pas de jour, ni de nuit. Là, avant le départ, ce passage de la terre à la mer va se faire du jour au lendemain. La veille de partir, je passerai une nuit de terrien comme tout le monde. Ce n’est pas réaliste de dire : « Maintenant foutez-moi la paix, je vais devenir marin, il faut me laisser tranquille ». Autant il y a quelques décennies, je peux le comprendre, certains marins refusaient le retour à la civilisation. On se souvient tous de Moitessier, je trouve cela génial ce qu’il a fait… Mais ils allaient tellement moins vite et avaient tellement de choses à régler y compris avec eux-mêmes, qu’ils avaient le temps de gamberger. Robin Knox-Johnston, lorsqu’il gagne le Golden Globe, met 313 jours à 4 nœuds de moyenne. Nous, nous allons faire le tour du monde à 12,5 nœuds de vitesse moyenne. Forcément, nous aurons moins d’occasions de gamberger ! »

Justement, la solitude…
« Non, il n’y a plus de solitude. Le téléphone satellite a tout changé. La vraie solitude, c’est quand personne ne s’occupe de toi, quand personne ne s’intéresse à toi. On a beau être au milieu de nulle part, des milliers de personnes vont s’intéresser à nous. C’est une course où tu sais que tu passeras par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. On est tout seul à bord et donc soumis à beaucoup d’aléas mais tu n’as jamais le regard de l’autre. Nous, on fait ce qu’on veut. Si tu veux hurler, tu hurles. Si tu veux péter un plomb, tu pètes un plomb… À terre, tu es toujours obligé de te contrôler, autrement on te prend pour un fou. Nous, en mer, on peut être fou et personne ne le sait ».

As-tu un souvenir en particulier du Vendée Globe 2000-2001(*) ?
« Plein, mais l’entrée dans le chenal aux Sables d’Olonne était impressionnante… J’ai encore le palpitant qui monte dans les tours quant je revois ces images. Le monde ! Certes, tu es l’acteur de ce truc-là, mais tu vois des gens, là, qui t’ont suivi et qui ne vivront jamais ces couchers de soleil uniques ou 70 nœuds de vent dans des vagues de 15 mètres. C’est justement quand toi tu connais cela, que tu es encore plus impressionné par 200 ou 300 000 personnes présentes sur les quais pour t’accueillir… »

(*) Pour sa première participation, Michel avait remporté cette 4ème édition du Vendée Globe.

Source : Team Foncia