Huit mois après son colossal exploit en solitaire autour de la planète - ce fameux tour du monde en 57 jours – Francis Joyon va relancer le maxi trimaran IDEC à l'assaut d'un autre record : celui de la Route de la Découverte, entre Cadix et San Salvador (Bahamas). Un chrono détenu par un certain Thomas Coville en 10 jours, 11 heures et 50 minutes... .
Le stand-by commencera dès la fin du mois à Cadix, au sud de l'Espagne, pour le navigateur de la Trinité-sur-mer. Un Francis Joyon pas fâché de s'attaquer à ces 3884 milles dans les traces du parcours de Christophe Colomb. La flèche rouge – comme on a surnommé IDEC pendant le tour du monde - va de nouveau devoir fendre les flots et tenir une moyenne supérieure à 15,5 nœuds pour améliorer le chrono de Thomas Coville.
Quelques jours avant de prendre la mer pour convoyer IDEC en Espagne, Francis Joyon explique son nouveau défi.
Je prépare le bateau, avec Romuald Favraud et Christophe Houdet. Les 4000 milles parcourus avec IDEC en Méditerranée cet été nécessitent ce check-up complet. On passe en revue tous les postes, des voiles à l'électronique en passant par le matelotage et l'accastillage. Ce sont des petits travaux qui s'avèrent toujours très importants avant de reprendre la mer.
Et donc vous avez choisi de repartir sur la Route de la Découverte...
Oui, je vais m'attaquer de nouveau à ce parcours entre Cadix et San Salvador qui n'est autre que celui de Christophe Colomb quand il est parti découvrir l'Amérique. Voilà aussi pourquoi il y a une porte de passage obligatoire aux Canaries, où Colomb avait fait escale. Lui, en arrivant de l'autre côté, avait massacré quelques populations locales… moi j'aurai un objectif beaucoup plus pacifique, à savoir simplement améliorer le chrono de Thomas Coville. C'est un record que j'ai déjà détenu en 2004 à bord du premier IDEC et Thomas l'avait amélioré de quelques heures (15h et 27 minutes exactement, ndr) avec son 60 pieds, en 2005.
Pour battre le record, il faut faire mieux que 10 jours, 11 heures et 50 minutes. Un chrono difficile ?
Oui, le temps de Thomas est très bon à plus de 15 nœuds de moyenne, il faudra faire mieux et je me souviens qu'en 2004, je considérais déjà avoir réalisé un bon chrono à 14,53 nœuds, à bord du premier IDEC. Il faut comprendre que comme on est toujours vent arrière ou presque, le bateau doit prendre de l'angle pour conserver de la vitesse et ainsi parcourir environ 30% de route supplémentaire. Il faudra donc être toujours au-dessus de 20 nœuds de vitesse pour espérer tenir une moyenne de 16 nœuds calculés sur la route directe. C'est loin d'être évident. Aussi, je ne me fixe pas d'objectif quantifié. Je veux juste tenter de faire mieux que le temps de Thomas.
La météo idéale sur ce parcours ?
Il faut espérer l'anticyclone aux Açores pour pouvoir partir dans un bon flux de nord-nord-est à Cadix et accrocher ensuite l'anticyclone des Bermudes. En octobre, on a souvent une situation perturbée, on peut aussi être amené à naviguer sur le dos d'une dépression tropicale… Cette fois encore, je vais travailler avec le routeur Jean-Yves Bernot qui est motivé pour repartir sur cette nouvelle aventure en solitaire.
Le Stand-by est prévu à partir de quelle date ?
Je serai à Cadix au plus tard le 27 septembre, IDEC devant être opérationnel là-bas pour un départ à compter du 29. Ensuite , il faudra savoir être patient pour prendre la bonne fenêtre météo, la date limite que je me fixe pour partir étant fin novembre. Mais je ne crois pas que j'attendrai aussi longtemps car, statistiquement, à cette époque de l'année une fenêtre météo favorable se présente là-bas toutes les trois semaines.
Content de reprendre la mer ?
Impatient, oui ! J'adore naviguer sur ce beau parcours qui est aussi celui où j'ai fait mes toutes premières armes, avec mon premier multicoque que j'avais bricolé moi-même, à l'époque où le parcours se poursuivait jusqu'en République Dominicaine. C'est un parcours où l'on peut s'attendre à des vents assez forts, soutenus et portants, c'est à dire les conditions où IDEC s'exprime le mieux. Ce sera sportif… j'aime ça
Source : trimaran Idec