Il est 8 heures ce dimanche matin, le vent souffle à 18-20 nœuds, le soleil vient de percer l'épaisse couche nuageuse. Par 35°25 Nord et 19°54 Est, au beau milieu de la mer Ionienne, surgissent deux Figaro Bénéteau. Ils sont bord à bord, et progressent à quelques longueurs l'un de l'autre. Gîtés, ils naviguent comme s'ils régataient en baie et livraient bataille sur le bord de près d'un parcours banane. Les deux protagonistes à la lutte sont François Gabart (Espoir Région Bretagne) et Gildas Morvan (Cercle Vert), ils sont respectivement 4è et 5è au dernier classement : ils occupent les avant-postes de cette troisième étape entre la Sicile et la Crète.
Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il mouille, qu'importe. Le premier, choisi et sélectionné pour forger son talent de compétiteur en solitaire, ne boude évidemment pas son plaisir de se retrouver à pareille fête au contact d'une des plus grandes figures du circuit. « Nous avons eu une nuit assez éprouvante, mais je suis très content d'être au contact de Gildas. Il va très vite dans ces conditions et d'être avec lui cela signifie que je suis bientôt bien dans le match ! » confie François Gabart.
De son côté, Gildas Morvan - qui s'est peut-être levé du pied bâbord ! - demande presque au bateau médias de repasser plus tard : « je prends mon café, c'est l'heure du petit déj ! ». Blagueur, il finit par enfiler son ciré et reprendre son poste à la barre. À la VHF, il raconte cette dernière nuit au gré des caprices de la météo en mer Ionienne : « On a eu de la pluie, de la boucaille. Moi, je suis venu pour le soleil et les paysages. On m'a trompé sur le voyage, je ne pensais pas retrouver la Bretagne ! Plus sérieusement, la dernière nuit a été dure dans des conditions de navigation assez difficiles, c'était même un peu l'enfer. On s'attendait plus à avoir de l'ouest-sud ouest et nous sommes au près. Il n'est toujours pas évident de savoir ce qui va se passer. Le vent a été encore très instable et je n'ai pas pu aller dormir. Mais, tout va bien à bord, l'option sud a pas mal payé. Il faut toujours rester sur le qui-vive et prendre illico ce qui peut être pris. Je suis satisfait de ma position, je suis en bonne compagnie pour faire avancer le bateau… »
source : Cap Istanbul