Heureux, mais fatigué, le skipper de Financo a franchi la ligne d'arrivée de la dernière étape de la Solitaire du Figaro en 18ème position, 2 heures et 03 minutes et 48 secondes derrière Fred Duthil grand vainqueur de l'étape entre Cherbourg et l'Aber Wrac'h, tandis que Gildas Morvan s'octroyait la deuxième place. Le podium de la Solitaire 2008 est ainsi constitué de Nicolas Troussel, vainqueur de la première étape, sur la première marche, Gildas Morvan, vainqueur de la deuxième étape et enfin Fred Duthil, sur la troisième marche. Financo n'aura pas réussi à maintenir une marée d'écart avec son poursuivant, mais quand même 4 heures, 22 minutes et 15 secondes.
L’interview de Nicolas Troussel, vainqueur de La Solitaire 2008
Nicolas Troussel : « comme un aboutissement »
Deuxième victoire dans la Solitaire pour Nicolas Troussel. Le skipper de Financo se hisse parmi les grands, à une couronne seulement des Jean Le Cam, Michel Desjoyeaux (qui était encore à deux avant l’an dernier) et Philippe Poupon… Cela pose son homme. Aux pontons victorieux de l’Aber Wrac’h, le skipper de Financo revient sur sa course, dit sa joie… et ses envies de Vendée Globe.
Le premier sentiment ?
Je suis heureux… et fatigué ! J’attendais cette victoire. Après les écarts creusés lors de la première étape, les deux autres m’ont paru un peu longues ! C’est l’aboutissement de tant d’années de travail, tant d’années de bateau…
As-tu douté, quand tu es parti au nord ?
Forcément, un peu. J’ai fait une bêtise en faisant le tour d’Aurigny à l’envers. C’était éprouvant de faire la course un peu à l’arrière des autres, il a fallu que je m’accroche pour tenter de rester au contact. Quand on est derrière on peut toujours gamberger un peu, d’autant que j’ai cassé du matériel, ma girouette, et du coup je n’avais plus de pilote en mode vent. Il a fallu barrer tout le temps. Cette dernière étape était extrêmement dure : 300 milles de près, 150 milles de portant… ça s’est fait dans la difficulté, mais après la bouée, la météo était avec moi : sous spi je savais que je ne pouvais pas perdre beaucoup, que mon matelas de 6 heures d’avance devait suffire, sauf casse évidemment.
Quel bilan sportif tires-tu de cette édition ?
J’étais moins bien sur cette étape-là, c’est vrai, mais faire premier et deuxième sur les deux premières étapes, c’est tout de même exceptionnel je pense. Je ne suis pas quelqu’un qui extériorise énormément, mais je ressens une grande joie à l’intérieur. D’ailleurs, je crois que je ne réalise pas bien encore. C’est ma troisième grande victoire avec Financo (deux solitaires et un Trophée BPE, NDR)… et je ne m’en lasse pas ! (rires)
Réalises-tu que tu n’es plus qu’à une victoire de marins légendaires comme Le Cam, Desjoyeaux, Poupon ?
Ce sont vous, les journalistes, qui êtes juges de cela. Moi je ne me pose pas de questions. J’espère juste prouver que j’ai ma place ici et continuer à bien naviguer, à me faire plaisir sur l’eau. Je ne vais pas m’enflammer et continuer à faire ce que j’aime. Là, j’ai juste envie d’ôter mon ciré, m’asseoir, et me dire qu’on a fait du bon boulot, qu’on a atteint l’objectif, puisque cette Solitaire était l’objectif principal de la saison.
Qu’est-ce qui a fait la différence, à ton avis ?
Je ne sais pas. C’est un tout. Une bonne préparation, minutieuse jusque dans des petits détails qu’on pourrait trouver ridicules… et qui ne le sont pas. Et la confiance en soi. Je sais que j’ose tirer des bords où les autres n’iront pas. Je me sens vraiment très serein. C’est peut-être là que ça s’est joué.
Le prochain rêve de Nicolas Troussel, c’est quoi ?
Le Vendée Globe. J’espère que j’ai prouvé à beaucoup de gens que je suis capable de faire ce tour du monde et j’ai hâte de monter un projet pour être au départ dans quatre ans. Les rêves évoluent : avant je rêvais de faire La Solitaire… et maintenant j’ai un peu de mal à réaliser que je l’ai gagnée deux fois. Mais je reviendrai dès l’année prochaine, évidemment, j’aime trop cette course !
Source : La Solitaire