Enfin, le vent a pris une orientation favorable pour aligner les milles en route directe vers le but ! Après dix jours de course, les vingt-six solitaires vont pouvoir ouvrir les voiles et aligner une belle nuit de glisse vers les Açores, un archipel que les leaders devraient apercevoir dès jeudi.
Encore un passage difficile la nuit dernière lorsque la brise de Sud-Ouest s’est mise à souffler à plus de vingt-cinq nœuds avec l’arrivée d’un front froid passé sur les Açores lundi après-midi. Et il a encore fallu à bord des Mini, matosser tout le matériel sur le côté bâbord, réduire une nouvelle fois la voilure, remettre le ciré et même la polaire car la pluie s’est aussi invitée, sans compter que la mer s’est une nouvelle fois bosselée… Bref, les solitaires commencent à en avoir assez de ces conditions de navigation toujours contraires, toujours dures, toujours humides, toujours aussi lentes sur la route directe vers l’arrivée !
Il faut dire que la situation estivale sur l’Atlantique Nord a rarement été aussi perturbée avec une succession ininterrompue de dépressions très basses en latitude, ce qui a généré un flux constant de secteur Sud-Ouest avec quelques passages à l’Ouest depuis maintenant plus de deux semaines entre les Açores et le golfe de Gascogne. Les concurrents de la Solitaire du Figaro comme ceux de la Transquadra sans parler des vacanciers des côtes bretonnes et vendéennes en savent quelque chose, eux qui voient arriver par le large, ces fronts pluvieux et ventés !
Sortir du tunnel...
En ce onzième jour de mer, les skippers ont enfin un espoir céleste que le shaker perpétuel laisse place à de bonnes glissades sous un zéphyr septentrional… Derrière les averses du front qui a balayé les Açores lundi et qui va atterrir sur l’Europe demain, perce un ciel dégagé, un soleil radieux, une brise portante, une mer plus veloutée, une pression en hausse et des températures tropicales ! De quoi régénérer les batteries internes des organismes fatigués par tant de secousses océanes, tant de douches marines et éoliennes, tant de souffles méphitiques venus des profondeurs de cyclones mexicains (Edouard en ce moment !). Cette pause va aussi permettre de mieux s’alimenter même si les réserves touchent à leur fin car la plupart des solitaires ont compté sur une douzaine de jours de provisions et il reste encore deux jours aux leaders avant d’atterrir, et peut-être quatre pour les retardataires… A peine le pied posé sur la marina de Horta, célèbre pour ses souvenirs picturaux laissés par les marins du monde, les skippers vont se précipiter vers le premier repas venu…
Mais avant, il faut sortir de ce marasme climatique et ce sont les plus au Nord qui ont touché en premier la bascule de 180° au passage du front : de Sud-Ouest 20-25 nœuds, le vent est passé au Nord à Nord-Ouest quinze nœuds en quelques heures… Le tourmentin a été remplacé par le grand spinnaker ou le gennaker… Le premier à allonger la foulée fut Oliver Bond (Base Camp) qui a vu sa vitesse monter jusqu’à plus de huit nœuds ce mardi matin : le Britannique était en effet resté sur le 42° après le cap Finisterre et après avoir le plus souffert dans les brises contraires, il a logiquement remonté très sensiblement au classement général ! Puis ce fut Jérôme Lecuna (I feel good), désormais en tête des voiliers de série, qui naviguait un peu plus au Sud que l’Anglais (41° Nord). Enfin le leader au scratch, Pierre Rolland (D2-Marée Haute) a pu franchir ce front ce mardi après-midi et prendre la poudre d’escampette vers Horta…
Un front, une bascule, un calme…
Derrière, le peloton a dû patienter quelques heures de plus pour que le front passe et que les hautes pressions reviennent baigner le terrain de jeu : les plus au Nord ont donc aussi démarré plus tôt et le resserrement de la flotte est sensible ce mardi après-midi, avec dix voiliers en moins de quarante milles. Le final dans les îles s’annonce donc extrêmement serrer entre une douzaine de Mini qui vont embouquer le canal entre Sao Jorge et Faïal probablement jeudi après-midi… Pierre Rolland semble toutefois en passe de maintenir son avance mais derrière, la hiérarchie va certainement être profondément redistribuée entre les skippers de série venus du Nord et ceux arrivant par l’Est tels Damien Guillou (Demi-Clé), Fabien Sellier (Yemaya), Benoît Sineau (Cachaca), Charlie Dalin (Antalis) ou Pierre-Yves Lautrou ( Altaïde Moovement) qui sont regroupés avec les prototypes de Sébastien Stéphant (Déphémèrides) et de Stéphane Le Diraison (Cultisol-Institut Curie).
A moins de 300 milles du but, il leur faudra toutefois négocier une bulle anticyclonique pendant une demie journée dans la nuit de mercredi à jeudi, un calme qui va de nouveau ralentir le rythme et qui annonce une nouvelle bascule… au Sud-Ouest ! C’est donc encore au près que les solitaires vont naviguer dans l’archipel pour terminer cette première étape de 1 270 milles, et il faudra alors s’attendre à ce que le final soit délicat entre les îles où le courant de marée n’est pas négligeable ces jours-ci… Quoi qu’en soit le classement à Horta, les vingt-six solitaires qui ont peiné durant deux semaines pour atteindre les Açores auront plus que mériter un peu de repos et une escale qui sera malheureusement bien brève pour profiter des charmes volcaniques et floraux de Faïal.
Classement des prototypes du mardi 5 août à 15h00
1-Pierre Rolland (D2-Marée Haute) à 270 milles de l’arrivée
2-Sébastien Stéphant (Déphémèrides) à 29 milles du leaader
3-Stéphane Le Diraison (Cultisol-Institut Curie) à 44 M
4-Arnaud Vasseur (Nat’Che) à 56 M
5-Marine Feuerstein (C20) à 80 M
Classement des séries du mardi 5 août à 15h00
1-Jérôme Lecuna (I feel good) à 271 milles de l’arrivée
2-Oliver Bond (Base Camp) à 14 milles du leader
3-Francisco Lobato (Looking for…) à 18,5 M
4-Damien Guillou (Demi-Clé) à 27 M5-Fabien Sellier (Yemaya) à 32 M
Source : La SAS