Second aux Sables d’Olonne, mais premier parmi les prototypes, Sébastien Picault revient sur cette deuxième étape musclée où il a connu plusieurs galères qui l’ont sérieusement ralenti, tant à la sortie des Açores qu’à quelques milles de l’arrivée…
« A l’aller, une grande claque dans la figure, et au retour, un grand coup de pied aux fesses ! C’est allé très vite… Mais le départ des Açores s’est mal passé pour moi parce que j’ai eu une avarie sur une pièce en carbone de la quille qui m’a obligé à m’arrêter quatre heures en pleine mer pour réparer : j’ai pris du retard sur Stéphane Le Diraison et j’ai couru après lui pendant toute la course…
Hier soir, j’ai essayé de me positionner le mieux possible avec ce vent de Sud-Ouest pour arriver par l’île d’Yeu. Mais au moment où le vent a molli un peu, j’ai mis le pilote et je me suis fait à manger du chaud avant de dormir un peu car je commençais à cumuler la fatigue. Par inadvertance, j’ai appuyé sur un bouton du pilote et comme je n’allais pas très vite, je ne m’en suis pas aperçu car le bateau continuait normalement sa route… Catastrophe, car le spinnaker médium s’est enroulé autour de l’étai et des haubans : j’ai dû monter dans le mât pour tenter de l’enlever mais je n’ai pas réussi. Je suis remonté pour installer une poulie afin de pouvoir envoyer mon spi de brise : je savais que j’aurais du mal à rattraper Stéphane car je ne savais pas qu’il avait abandonné… Je suis content d’être arrivé et de ma trajectoire pour rallier les Sables d’Olonne mais pas content d’avoir eu cette galère finale. Sans ces huit heures d’arrêt cumulé, j’aurais un plus grand sourire encore !
A l’aller, on en a pris plein la face et le retour au portant était forcément plus plaisant. Surtout que j’aime bien le surf ! Mais il y a eu des moments délicats avec une mer très forte, pas très facile à négocier : il fallait parfois sous toiler le bateau pour ne pas casser ou partir en vrac… Cette course restera un superbe souvenir parce que nous avons tous appris plein de choses. J’avais fini en galère l’édition précédente parce que j’étais tombé en panne de pilote pendant dix jours sur les douze de l’étape retour ! Je peux vous dire que ceux qui ont des soucis d’énergie et de pilote et qui sont encore en mer, ça va être un truc énorme pour eux parce que la vie à bord devient très compliqué…
C’est la première fois que je termine une course Mini à la première place puisque je cours avec les prototypes et je suis super content que ce soit Francisco qui remporte l’épreuve ! "
Belle expérience pour Damien Guillou qui a connu des soucis de safran qu’il a pu réparer avant le sprint final : il prend la quatrième place au classement général des voiliers de série.
« Le final était dur parce qu’il fallait manœuvrer et avec la fatigue accumulée, ce n’était pas facile ! Heureusement, j’ai pu dormir un peu la nuit dernière… Surtout qu’à 150 milles de l’arrivée, j’ai eu mes problèmes de safran. J’ai dû m’arrêter pour démonter le safran, et je suis reparti dans un premier temps avec une seule pelle. Puis j’ai remis les ferrures et j’ai pu naviguer avec les deux safrans. C’est dommage parce que cela m’a fait perdre du temps mais j’étais content de finir comme ça !
Il y a trois jours, je me réveille et je constate que je n’avançais pas alors qu’il y avait du vent. Avec la fatigue, on n’a pas toute sa tête mais en me penchant à l’arrière, je vois une énorme boule orange un mètre sous l’eau. En fait, c’était un gros cordage qui s’était pris dans la quille avec un sac de nœuds que je traînais depuis une partie de la nuit… Je ne l’ai pas jeté : je l’ai ramené pour le mettre à la poubelle mais au début, ça puait sévère ! J’ai aussi cassé une drisse de spinnaker mais j’ai pu en utiliser une autre. Pas de problème d’électricité, ni d’électronique et ça change la vie...
Les conditions de navigation au retour étaient un peu les mêmes qu’à l’aller, sauf que cette fois, le vent venait de derrière ! Ca poussait et ce n’est plus le même tempo… On a fait des gros runs en permanence, mais il y a quand même des moments où on ne pouvait plus spier parce que c’était trop fort ! Presque deux jours sous grand voile à deux ris et foc solent mais le bateau marchait tout de même à douze nœuds… Et quand je renvoyais le spi, il ne fallait pas compter sur le pilote.
C’est une bonne expérience ! Nous avons vécu un peu les deux extrêmes entre l’aller et le retour…Mais je suis bien content de rentrer et les bateaux sont fatigués à force de petites avaries qui prennent de plus en plus d’importance au fil du temps… »
Source : la SAS