Artemis Transat / Le proverbe de Jean Luc Nélias

A terre, l’abandon de Michel Desjoyeaux a été un coup dur et Jean-Luc Nélias porte un regard sans concession sur la trajectoire du skipper de Foncia. Une trajectoire à suivre qui n’a rien d’évidente au vu d’une situation météo peu courante sur l’Atlantique Nord. Les premiers vont devoir patienter un peu pour toucher un vent de Sud-Ouest qu’il faut aller chercher à l’Ouest…

Ce vendredi matin, ils ne sont plus raisonnablement que cinq en lice pour le podium. Petit à petit, la sélection habituelle fait des coupes dans la flotte. Sur une course aussi prestigieuse avec un tel niveau de navigateurs solitaires engagés, les problèmes de préparation, le manque d’expérience, les traumatismes physiques, un bateau d’une trop vieille génération et la casse matériel laissent peut d’espoir de monter sur le podium. Concernant la casse matériel, bien que ce soit un grand classique dans ce genre de course, la rencontre de Michel Desjoyeaux avec une baleine fait partie du domaine de la loterie…

Avec la classe du super champion en solitaire qu’il est, Michel confiait que ses choix de route n’étaient pas, depuis le départ, toujours très inspirés, bien que rien ne soit joué avant d’avoir franchi la ligne d’arrivée… Peut-être voulait-il dire qu’il a un peu sillonné le plan d‘eau ? En effet, rappelez vous le lendemain du départ, il se trouvait dans le Sud de la flotte avec BT puis dans la nuit qui a suivi, il a lofé dans le vent forcissant au Nord de la petite dépression pour se retrouver le mardi matin, le plus au Nord de la flotte (il y a eu a un moment des semblants de trajectoire par le Nord). Enfin, il a empanné dans la journée de mardi pour essayer de réduire l’écart latéral avec les autres mais avec peu de succès : c’était trop tard !

Dans cette météo de centre atlantique sans vent avec des modèles météo qui patinent un peu, il n’y avait pas d’option franche à tenter. Dans ce cas, on essaye plutôt de rester avec le groupe en réduisant le latéral et en attendant que quelque chose se dessine. J’espère que Monsieur Desjoyeaux ne m’en voudra pas de cette analyse de bout de bureau…

Ce vendredi matin, BT a repris du poil de la bête après une journée de jeudi, englué à surveiller ses petits camarades en train de récupérer les milles perdus dans la nuit de mercredi à jeudi (jeudi soir, j’étais en visio avec Michel et je peux vous dire que la mer ressemblait à un lac !). C’est le yoyo atlantique. Si les cinq premiers ne sont pas encore complètement sortis de la pétole, ils vont à partir de ce soir et au fur et à mesure de leur placement dans l’Ouest, récupérer le vent de Sud-Ouest puis Sud-Sud Ouest généré par la basse pression située à proximité de la portes des glaces. Le boulot de la journée consiste à se battre comme ils peuvent pour s’extirper de cette glue et essayer de limiter les écarts avec le bateau qui les précède.

Plus loin derrière la galère sans vent va continuer un peu plus longtemps. Un proverbe dit : « si la montagne ne vient pas à toi, va à la montagne ». C’est un peu le cas de figure en ce moment. La basse pression salutaire qui amène ce vent de Sud-Ouest se déplace peu et surtout vers le Nord, ce que veut dire que les vents de Sud-Ouest, il faut aller les chercher dans l’Ouest et qu’ils ne viendront que très lentement à la rencontre des bateaux… Par la suite, un système de circulation de basses pressions se met en place donnant une physionomie plus classique à The Artemis Transat.

La porte des glaces est prévue dans un peu plus trois jours et l’un des casse-tête de ce passage, va être l’installation, très temporaire, d’un petit bout de dorsale en plein sur la zone. Pendant le louvoyage vers cette porte des glaces dans des vents un peu plus virils, les skippers vont avoir le temps de préparer au mieux ce passage. Affaire à suivre…

Jean-Luc Nélias