"On a attaqué dur dès le début, avec un départ magnifique, et on n’a jamais rien lâché." Ce 16 novembre à 8h49 (heure française), Lalou Roucayrol et Alex Pella ont franchi à Salvador de Bahia (Brésil) la ligne d’arrivée de la Transat Jacques Vabre, vainqueurs en Multi50. Une formidable performance pour ces marins qui sont parvenus à surmonter les difficultés pour finalement l’emporter. Le duo a aussi pu compter sur le précieux soutien de Karine Fauconnier, initialement co-skipper mais qu'une blessure a contrainte de rester à terre. Elle était en charge du routage.
Credit : JM Liot/TJV
Première victoire en neuf participations
Lalou Roucayrol et Alex Pella sont d’emblée entrés dans le match et ont constamment occupé l’une des deux premières places parmi la flotte des six Multi50 en lice. Les deux skippers ont su pousser leur machine dans des conditions de vent soutenu qu’elle affectionne.
Dans la longue descente de l’Atlantique vers Salvador de Bahia, le duo franco-espagnol a mené un joli duel avec FenêtreA-Mix Buffet mené par les redoutables Erwan Le Roux et Vincent Riou. Bien que formé sur le tard, le binôme aux commandes d’Arkema décroche une superbe victoire, la première pour Lalou en neuf participations à la Transat Jacques Vabre.
Deux côtes cassées
Une performance d’autant plus remarquable que Lalou Roucayrol et Alex Pella ont surmonté plusieurs écueils, à commencer par des pannes électroniques très pénalisantes, notamment pour la réception des fichiers météo. Durant la cinquième nuit de course, le marin espagnol s’est blessé au cours d’une manœuvre ; violemment coincé entre la bôme et la colonne de winch, il souffre de deux côtes cassées.
Parti du Havre le 5 novembre, le duo d’Arkema a bouclé les 4 350 milles théoriques du parcours en 10 jours 19 heures 14 minutes et 19 secondes, à la vitesse moyenne de 16.81 nœuds.
Les marins débriefent
Lalou Roucayrol : « C’était le bon bateau et le bon équipier pour la bonne course ! Tous les ingrédients étaient réunis pour aller vite et gagner. Nous nous sommes régalés du début à la fin. Il s’agissait de ma neuvième participation à la Transat Jacques Vabre, et la troisième avec le Multi50 Arkema (chavirage en 2013, 3e place en 2015, [NDR]).
C’est énorme, indescriptible. Nous n’avons pas volé cette première place, nous sommes allés la chercher très loin ! »
Le Multi50 Arkema, un bateau au top
Lalou : « Le Multi50 Arkema est magnifique, nous avons rencontré quelques soucis techniques mais ils étaient mineurs. Le bateau arrive au Brésil en super état et pourtant nous avons tiré dessus durant cette course musclée ! L’équipe à terre a fait du bon boulot pour préparer la machine.
Je note que les foils apportent un vrai gain, à la fois en termes de performance et de sécurité. Grâce à ces appendices, on gagne énormément en vitesse sans l’angoisse d’avoir le flotteur constamment sous l’eau. Et on peut abattre avec moins de risque que le bateau décroche. On gagne en équilibre longitudinal et donc en stabilité et en confort de pilotage. »
Alex : « J’ai pris beaucoup de plaisir sur ce bateau au potentiel énorme. J’ai compris le mode d’emploi au fur et à mesure. Le Multi50 Arkema est très nerveux, une vraie ‘mobylette’! Il faut être sur les écoutes tout le temps et trouver où placer le curseur entre attaque et préservation du matériel.
Quand notre concurrent Drekan Groupe (mené par Eric Defert et Christopher Pratt, NDR) a chaviré, nous nous sommes forcément posés des questions, d’autant que nous avons aussi fait quelques jolis plantés en début de course. Inconsciemment, nous avons peut-être un peu levé le pied quand on a appris la nouvelle. Car ne pas arriver au Brésil aurait été un gâchis. »
Faire avec la douleur
Alex : « Je me suis blessé aux côtes durant cette transat. Le bateau est parti dans un surf et je me suis retrouvé coincé entre la bôme et la colonne de winch. J’ai pris des antidouleurs pour souffrir le moins possible et au début j’ai laissé à Lalou les tâches les plus physiques. Mais la douleur s’est calmée petit à petit et j’ai pu retrouver mes capacités. Maintenant je peux marcher presque normalement mais je vais quand même aller voir un médecin. »
Arkema vs FenêtréA-Mix Buffet : Duel sur l’Atlantique
Lalou : « On a attaqué dur dès le début, avec un départ magnifique, et on n’a jamais rien lâché. Nous avons mis beaucoup d’engagement dans cette course. En vitesse pure, nous étions meilleurs que FenêtréA-Mix Buffet. Quelques petites erreurs ont coûté cher et nous accusions presque 100 milles de retard sur Erwan (Le Roux) et Vincent (Riou) avant d’attaquer le Pot au noir.
Bien aidés à terre par Karine Fauconnier et Éric Mas (Meteo Consult), nous avons fait une très belle trajectoire, en manœuvrant beaucoup. Nous avons eu un brin de réussite car Erwan et Vincent ont été privés de leur gennaker et cela a été très handicapant pour eux. Nous sommes sortis du Pot au noir en tête. Pour autant, ce n’était pas encore gagné alors nous avons continué à mettre du charbon, de toute façon il est impossible de freiner ce bateau quand il est lancé ! »
Quelques record au passage
Lalou Roucayrol et Alex Pella ont fait tomber plusieurs records (Sous réserve de validation du WSSRC) durant cette traversée victorieuse.
- Record de la distance parcourue sur 24 heures en Multi50 : 568 milles / 24 heures
Le précédent record, 524 milles, était détenu depuis le 16 juillet 2016 par Ciela Village (Thierry Bouchard) à l’occasion de la Québec/Saint-Malo.
- Record en Multi50 de la Transat Jacques Vabre sur le parcours Le Havre/Salvador de Bahia : 10 jours, 19 heures, 14 minutes et 19 secondes
Le précédent temps de référence était détenu par Crêpes Whaou ! en 2005 avec Franck-Yves et Kevin Escoffier : 12 jours, 06 heures, 13 minutes.
- Record de vitesse moyenne sur la Transat Jacques Vabre en Multi50 :
16.81 nœuds sur l’orthodromie (route directe).
Ils améliorent ainsi la performance de FenêtréA-Cardinal (Erwan Le Roux/Yann Eliès) qui avait fait la course à la vitesse moyenne de 15,3 nœuds en 2013 (sur un parcours plus long entre Le Havre et Itajaí).
Par la rédaction
Source : MA Prestation