ITW / "On passait pour des rigolos," les mots de Francis Joyon, nouveau détenteur du Trophée Jules Verne

Ligne d'arrivée franchie ce matin, l'équipe d'IDEC SPORT prend possession du Trophée Jules Verne. 40 jours et 23 heures pour tourner autour de la planète en équipage, plus de 4 jours de mieux sur l'ancien chrono de Banque Populaire V, une sacrée performance ! Francis Joyon revient sur cet incroyable chrono.


Crédit : JM Liot / DPPI


"Des rigolos et des hurluberlus"
« Les 40 jours ne constituaient pas un objectif au départ, ce n'était pas imaginable. Battre le record d'une minute représentait déjà un exploit formidable. On passait un peu pour des rigolos et des hurluberlus de nous attaquer à ce challenge tellement difficile pour un si petit équipage à bord de ce bateau, face à la douzaine d'équipiers qui détenait jusque là le record à bord d'un bateau de 40 mètres.

Il nous a fallu presque deux tours et demi pour parvenir à battre le record. Et dans l'histoire du Trophée Jules Verne, on voit que pratiquement tous les bateaux ont dû s'essayer sur deux tentatives avant de l'emporter. 


"Toujours à fond"
Sur notre deuxième tentative cette année, nous avons de nouveau rencontré un Pot au Noir très difficile. C'était moralement très dur. Mais Gwénolé (Gahinet) qui est un éternel optimiste, croyait que la situation météo ne pouvait que s'améliorer. Au cap Bonne Espérance, nous étions mieux placés que les prévisions et toutes les portes se sont ensuite ouvertes devant nous. 

On a su qu'on pouvait battre le record dès lors que nous pouvions maintenir les 35 nœuds de vitesse à laquelle se déplaçait le front à l'avant duquel nous nous étions positionnés pour traverser l'océan Indien et une partie du Pacifique. On savait que le record se jouait là. 

Notre motivation était très forte pour connaître plusieurs journées à près de 900 milles. Nous étions toujours à fond. Et si parfois, nous avons fait en sorte de ne pas dépasser les 40 nœuds, à l'avant du front, nous n'avions pas de limites.


"Le facteur humain"
À bord, je voulais qu'une mayonnaise prenne. C'est primordial qu'il y ait une vraie cohésion d'équipage et du bonheur à naviguer ensemble. 

Nous avons fonctionné avec une bonne cohésion à bord d'un bateau sans hiérarchie. Chacun était responsable de lui-même. Chacun a disputé ce Trophée Jules Verne pour lui-même et nous avons tous donné le meilleur de nous-mêmes.

Bernard (Stamm), c'est un peu la famille pour moi. Clément (Surtel), c'est l'homme incontournable, dans la mesure où il est l'un des trois membres de notre toute petite équipe technique, avec Corentin, mon fils et moi-même. Sa présence, c'était la garantie d'avoir du savoir-faire technique embarqué. 

Avec Gwénolé (Gahinet), le courant est tout de suite très bien passé et cela nous permettait de rajeunir aussi la moyenne d'âge du bord ! Avec Alex (Pella) , j'ai tout de suite eu une belle accroche. La présence de Sébastien (Audigane) s'est plus improvisée pour venir remplacer Boris (Herrmann). Sébastien connaît très bien les maxi-multicoques, c'était pour nous une valeur sûre.


"Une planète pas si grande"
Au-delà du côté sportif, sur un record autour du monde, on ne peut pas s'empêcher de regarder la planète en essayant de comprendre comment passer d'un système à l'autre. Elle n'est pas si grande que ça et surtout, on se rend compte à quel point nous sommes liés à notre environnement. Cela nous encourage à ne pas nous comporter comme des consommateurs d'espaces naturels. »


Marcel van Triest, routeur : "Un soulagement"
« Là, c'est fini. Depuis le milieu du Pacifique, je voyais déjà que le record était plus qu'envisageable. Mais depuis deux semaines, j'étais plus en mode « on peut tout perdre sur l'Atlantique ». Il restait tellement d'inconnues, et beaucoup d'angoisse. Plus qu'une explosion de joie, cette arrivée, c'est quelque part, pour moi, surtout un soulagement. »

Pour revivre l'arrivée en images et retrouver le record d'IDEC SPORT, c'est ICI


par la rédaction
Source : Mer & Media