Vendée Globe / Paul Meilhat rebrousse chemin : "Il va me falloir un peu de temps pour retomber"

Vérin de quille cassé sur SMA, hier après-midi. Impossible à réparer à bord. Paul Meilhat a sécurisé au mieux pour que la quille reste dans l'axe mais pas question de poursuivre la course dans ces conditions. Le bizuth, qui réalisait un magnifique Vendée Globe, doit se rendre à l'évidence. La mort dans l'âme, il se déroute. Nouvelle Zélande ou Polynésie, la météo décidera. Car le bateau, dans sa configuration actuelle, doit souffrir le moins possible. "J’essaie de me raccrocher à l’important : préserver le bateau. Et ce n’est pas encore gagné. Ça reste pour moi un sujet d’inquiétude."


Credit : E.Stichelbaut / DPPI / Vendee Globe

Vérin de quille fissuré
Hier après-midi HF, SMA progressait au reaching, sous J2 et à 18-20 nœuds. « J’ai entendu un bang énorme. Il y avait un peu de mer, mais ça allait. Je me suis rendu compte que la quille partait sous le vent, j’ai abattu et j’ai vu que toute l’huile du circuit hydraulique coulait sous le vérin. J’ai pensé à une durite ou un raccord percé. J’ai remis de l’huile, mais ça coulait encore ». 

Le vérin de quille, qui pèse 90 kg et fait partie du mécanisme de quille, est fissuré sur une quarantaine de centimètres. Impossible à réparer à bord.


"J’ai sécurisé la quille dans l’axe"
Les heures qui ont suivi ont été consacrées à la sécurisation du bateau : privée de son vérin, la quille n’est plus tenue, et rien ne l’empêche dès lors de basculer librement des deux côtés à 45 degrés du bateau, ce qui peut facilement menacer la structure.

« J’ai sécurisé la quille dans l’axe grâce à un système de cosses et de cales et j’ai rangé les voiles, parce que j’avais beaucoup de toile. Depuis, je fais route vers le nord-ouest pour quitter les vents violents. Je n’ai pas encore décidé de la trajectoire, qui va dépendre de la météo à deux jours. Avec une quille comme ça, je ne passais pas le cap Horn. Je ne me sentais pas en sécurité, je nous suis donc mis en sécurité, le bateau et moi ».


"Je me réfugie dans le travail"
De la météo dépendra donc la destination que choisira le skipper. « La terre la plus proche, c’est la Nouvelle-Zélande à 1 900 milles. Le problème est qu’il y aura pas mal de près dans les fortes dépressions, ça sera dangereux pour le bateau. Pour l’instant, je fais du nord-ouest et, en fonction de la météo dans deux ou trois jours, la solution sera soit de partir vers la Nouvelle-Zélande, soit de remonter vers la Polynésie ».

« Je me réfugie dans le travail, justifiait Paul Meilhat mardi soir. Je n’ai pas trop envie de prendre le temps de réfléchir à ça. J’ai une grosse semaine (de navigation) pour ressasser et il faudra bien que je le fasse. C’est super difficile de passer d’un état « à fond dans la bagarre » à un état de doute. J’essaie de me raccrocher à l’important : préserver le bateau. Et ce n’est pas encore gagné. Ça reste pour moi un sujet d’inquiétude ».


"J’ai besoin de temps pour me rendre compte" 
La voix sombre, le ton grave, le skipper SMA prolongeait sa pensée : « Quant au côté sportif, c’est difficile, mais j’ai besoin de temps pour me rendre compte. Ce n’est pas une course comme les autres. J’étais tellement entré dans un monde que je ne connaissais pas avant, dans un autre état d’esprit, qu’il va me falloir un peu de temps pour retomber ».

Au cours de ces 14 derniers jours de course, SMA n’avait lâché la troisième place qu’en de très rares et courts épisodes. A 15h00 hier, il comptait 860 milles de retard sur Alex Thomson (Hugo Boss) et 1374 sur Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) alors que, 2400 milles devant lui, se profilait le Cap Horn.


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Par la rédaction
Sources : Agence Blanco Negro - ScanVoile