A 65 ans, Pieter Heerema se connaît parfaitement. Plus habitué à naviguer en équipage qu’en solitaire, l’homme d’affaires et marin aguerri s’est astreint à une formation accélérée pour ce premier Vendée Globe. Depuis l’automne 2015, le skipper de No Way Back enchaîne les allers-retours entre la Hollande, où il vit, et la France, court les formations en tout genre (météo, sécurité, médicale…), investit dans un bateau moderne, s’entraine et participe aux épreuves qualificatives. Bien équipé, bien entouré et bien préparé, Pieter Heerema est désormais prêt à relever son défi.
Crédits : O Blanchet - V Curutchet / DPPI / VG
Débuter en course au large en solitaire avec un bateau doté de foils est un sacré pari. Pourquoi partir avec un bateau si technique ?
Pieter Heerema : « Investir dans un IMOCA de dernière génération n’était pas le scénario prévu à l’origine. Lorsque j’ai décidé de me lancer dans cette aventure, il y a avait peu d’offre sur le marché de l’occasion et les bateaux que l’on me proposait bien éprouvés. Puis No Way Back est soudainement apparu (NDLR : ex-Vento di Sardegna de Andrea Mura). Son propriétaire précédent avait des problèmes financiers, le bateau était superbe, très sexy… sans doute un peu trop.
J’ai eu le coup de foudre et je l’ai acheté. Avec un peu de recul, c’était surement trop rapide et instinctif mais que voulez-vous … c’est le risque quand c’est sexy ! Maintenant comme son nom l’indique, je suis pieds et mains liés avec lui.»
Après 15 mois à découvrir le support, avez-vous apprivoisé « No Way Back » ?
Pieter Heerema : « Ca va de mieux en mieux. Depuis mes premiers milles seul à bord en mars dernier, j’ai parcouru plus de 11 500 milles nautiques et j’ai pris mes marques. Je suis à l’aise et confiant dans le bateau. Il faut avouer que l’équipe technique a fait un beau travail de fiabilité durant tout l’hiver, suite aux problèmes rencontrés par mes concurrents sur la dernière Jacques Vabre.
Le plus gros du travail a été de renforcer structurellement No Way Back. Pour le reste, nous avons privilégié la navigation et l’entrainement aux modifications techniques. Sur cet IMOCA, c’est donc au skipper, en l’occurrence moi, de m’adapter ! »
Pourquoi le Vendée Globe ?
« C’est une course incroyable ! En Hollande, nous avons beaucoup de respect pour cette épreuve et les hommes et femmes qui s’y engagent. Pourtant beaucoup de personnes – y compris des navigateurs – ne voient que l’aspect compétition de cette aventure. Beaucoup ne comprennent pas ou n’ont pas connaissances des efforts fournis pour être au départ et boucler ce tour du monde. »
Un défi qui s’annonce d’ores et déjà compliqué et long. Car si la solitude n’effraie pas Pieter Heerema qui a déjà vécu 21 jours d’affilés seul en mer, passer le cap des 100 jours est un autre exercice qui peut sérieusement se corser avec l’apparition de problèmes techniques. « J’ai conscience de la difficulté de cette course. Il y aura forcément des moments difficiles à vivre mais d’autres seront là pour compenser. Je pense bien évidemment au départ, au passage des trois caps dont leurs noms furent donnés au XVIIe siècle par des navigateurs hollandais ainsi qu’à l’arrivée. Et puis je ne vise pas une victoire, mais espère simplement terminer ce tour du monde. » précise–t-il avant de compléter du bout des lèvres « dans un temps de course acceptable. »
CARTE D’IDENTITÉ du SKIPPER :
Gabarit : 180 cm, 79 kg
Date de naissance : 6 juin 1951
Lieu de naissance : Maracaibo, Venezuela
Pays de résidence : Pays-Bas
Situation familiale: marié, père de 4 enfants
Première navigation : à 11 ans sur un « Flits », petit dériveur double hollandais
Supports successifs : Pluis / Flying Junior / 470 / Yngling / ¾ ton / J24 / J22 / Dragon / RC44 / divers
bateau de course-croisière
Profession : Président directeur de la compagnie Heerema
Autres sports pratiqués : Ski et fitness
par la rédaction
Source : MA Prestation